36è jour de grève aux urgences…pour la sécurité des patients !

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Elles et ils tiennent bon, les personnels soignants et non soignants des urgences qui, avec le syndicat CGT, ne cessent d’alerter sur la situation des hôpitaux publics sur tout le territoire et sur les risques particuliers dans les services d’urgence, dont celui de Sainte-Musse.

Qu’on se rassure, elles et ils ne font pas la grève des soins, ils veulent avoir les moyens humains d’accueillir dans des conditions dignes d’un hôpital public, les patients(es) qui se présentent. Ne pas les faire attendre des heures parfois dans des lits de fortune dans les couloirs, pouvoir répondre dans des délais raisonnables à leurs demandes de soins ou de besoins.

Manon Magagnosc l’a redit jeudi matin, avec les soignants et la centaine de soutiens présents au rendez-vous, à l’entrée des urgences et sous bonne surveillance : « Nos décideurs nous méprisent (direction et ARS) ils nous parlent d’une expertise, comme si les personnels n’étaient pas capables de savoir ce qu’il faut pour travailler dans de bonnes conditions au service des malades, pour leur confort et leur sécurité ! Nous devons absolument amplifier la mobilisation des soignants et des soignés…les difficultés ne concernent pas que les services d’urgence, elles sont à tous les étages…L’hôpital ne peut pas être géré comme une entreprise, la santé n’est pas une marchandise… »

Un budget à la hauteur des besoins, sinon c’est de la non assistance à patients en danger , peut-on lire sur la banderole.

Un thème en résonance avec le livre de deux professeurs Christian Marescaux et Philippe Halimi : « Les hôpitaux en détresse…les patients en danger » dont il fut question la veille sur une chaîne publique.(1)

Était également présent le Pr André Grimaldi qui confirmait la dégradation du service public hospitalier et la politique du chiffre devenue la feuille de route depuis la loi Bachelot en 2009, instaurant la tarification à l’acte qui pousse à la rentabilité des actes et à la gestion entrepreneuriale des hôpitaux, véritable appel à la privatisation de la santé publique.

« les personnels sont devenus des pions à qui on demande de faire toujours plus avec toujours moins. On a donné les clefs à des gestionnaires qui ont un pouvoir absolu et privilégient l’économique au médical, aux besoins des patients, aux conditions de travail des soignants…un système extrêmement violent qui conduit à la démobilisation des équipes car on n’a plus les moyens de faire face aux besoins…Or la force de l’hôpital public, c’est le travail d’équipe ! »

Le Pr Halimi donnait l’exemple de la pression qui s’exerce même sur les chirurgiens dont l’un était suspendu sur le champ, par mel, pour avoir dépassé le temps dévolu à son intervention ! Pression permanente sur les personnels de toutes qualifications qui sont débordés, n’y arrivent pas, culpabilisent de voir les temps d’attente des malades prendre des proportions inacceptables et la qualité des soins en souffrir, à leur corps défendant.

Ce qui donne une image très dégradée des soins dans le public. Ce sont les personnels et les patients qui trinquent, parfois lourdement.

Ce livre est un signal d’alarme sur ce qui se joue en ce moment, s’agissant de la privatisation accélérée de notre modèle social. Les auteurs le disent et l’écrivent sans ambages : « l’hôpital ne doit plus fonctionner comme une entreprise ». Madame la ministre qui connaît bien le milieu hospitalier et se dit sensible à la souffrance des personnels, va avoir fort à faire pour convaincre que ce gouvernement est en train de prendre la bonne direction.

Surtout si les personnels et les patients, c’est -à-dire chacun(e) de nous, comme les usagers des transports publics, de tous les services publics, prennent la mesure de l’enjeu de cette avalanche de contre-réformes, car elles ne vont pas dans le sens du progrès social puisqu’elles visent à renforcer l’emprise des marchés -donc des intérêts privés- sur toutes les activités humaines.

Leur cheval de bataille c’est de se glorifier : « voyez, la France attire les capitaux américains, on est sorti de la crise, ça va mieux, la confiance revient, la bourse est stable… » Ils pourraient compléter : « on vend le patrimoine public, on réduit les dépenses publiques, on fait rentrer de l’argent, on va pouvoir réduire encore l’impôt sur la fortune, les charges des entreprises, vive les riches : ils sont un exemple pour les pauvres ».

Mais ils n’entendent pas les colères populaires, le sentiment d’abandon de catégories sociales très diverses, des plus démunies aux plus inquiètes pour leur avenir ou celui de leurs enfants aujourd’hui plus ou moins assuré mais demain ?

Une République sociale, ce n’est pas l’avenir des riches qu’elle a en charge de garantir mais l’égalité en droit et en fait qu’elle doit assurer à tous, en même temps que les deux autres piliers (liberté, fraternité) qui lui sont liés. On s’en éloigne dangereusement.

Il n’est jamais trop tard pour s’émanciper des aliénations que l’argent, confisqué par une infime minorité, fait peser sur toute la société.

René Fredon

(1) https://editions.flammarion.com/Catalogue/hors-collection/documents-temoignages-et-essais-d-actualite/hopitaux-en-detresse-patients-en-danger

Pétition en ligne sur Chang.org « Pour de bons soins, donnez-nous les moyens »

Crédit photo Paul Hutti

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