2017 : rien n’est joué, tout est possible

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Après la défection de Hollande, le lancement de Valls après Macron, les médias ont les yeux rivés sur ce qu’ils appellent « la primaire de la gauche », comme si toute la gauche s’incarnait dans le PS en plein désarroi ! Ah ! la belle alliance populaire.

Comme s’il allait en ressortir LE candidat derrière lequel l’ensemble de la gauche serait appelé à se ranger pour éviter l’élimination de tous ?

Mais qui donc a crée les conditions de l’échec de ce gouvernement converti au social-libéralisme et qui a tant déçu celles et ceux qui, à gauche, l’avaient élu ? Le président lui-même, toujours et encore soutenu par la direction du PS et une majorité de parlementaires.

Rapidement Valls est venu occuper l’espace après que le ministre de l’économie et des finances (2014-2016), Macron, l’ait précédé, hors primaire, pour faire sa « révolution »…libérale. On prend les mêmes et on recommence, Fillon ancien premier ministre compris et décomplexé pour ce qui est de la droite.

Un autre ancien ministre, de l’Education nationale (2012-2014), Vincent Peillon se lance dans la course pour y défendre le bilan de Hollande ! Il n’a donc pas confiance en Valls ? Bonjour l’ambiance.

D’autres anciens ministres, devenus critiques, Hamon, Montebourg, veulent prendre leurs distances avec les choix libéraux qui ont marqué le quinquennat, (Marie-Noëlle Lienemann a préféré renoncer à être candidate). Tous ont cependant déclaré qu’ils soutiendraient le vainqueur de la primaire !

Ainsi si Valls -ou Peillon- étaient choisis, ils deviendraient les candidats officiels du PS ? Quelle plaisanterie. Un tel scénario ne peut pas déplaire à la droite et à l’extrême-droite. Il ne peut en sortir qu’un peu plus de division.

Face à l’impopularité des sortants et à la multiplication des autres candidats déclarés qui se réclament de la gauche anti-austérité et de l’écologie politique : Mélenchon, Jadot, Poutou, Artaud, Pinel…cela ferait 5 candidats, au moins. Non compris Macron que l’on ne saurait classer à gauche mais qui est soutenu par des élus et des personnalités socialistes, Ségolène Royal n’écartant pas d’en faire partie.

De qui cela fait-il le jeu ?
C’est ce que disent depuis de longs mois les communistes, appelant à l’émergence d’une candidature commune à toute la gauche de transformation sociale, après l’adoption d’un pacte d’engagement commun qui aurait toutes les chances de susciter un rassemblement majoritaire.

Devant la fin de non-recevoir de leurs appels répétés, ils se sont prononcés pour le soutien à Jean-Luc Mélenchon (à une courte majorité), en raison de convergences réelles mais en toute autonomie de campagne, pour porter leurs propositions et poursuivre leur objectif de rassemblement plus large à vocation majoritaire.

Le panorama va, à l’évidence, encore évoluer. Y compris à droite où le « plan radical » de Fillon ne passe pas dans l’opinion, même dans une partie de la droite. Bayrou se tâte pour y aller et défendre un programme moins provocateur, plus réaliste à ses yeux. Alliot-Marie n’apprécie pas non plus cette « radicalité » et sera candidate au nom du gaullisme social.

Mais le critique le plus sévère à droite c’est Henri Guaino, l’ancien collaborateur de Sarkozy, qui sera candidat…s’il a les 500 signatures. Il trouve que « Fillon est le candidat d’une droite qui n’a aucune générosité, aucune humanité »…Guaino descend en flammes les propositions économiques et sociales de Fillon, à croire qu’il a tiré les leçons des politiques qu’il a contribué à promouvoir et qui ont surtout permis au FN de tirer les marrons du feu et de syphonner l’électorat de droite mais pas que.

Le Var en est l’illustration avec les trois villes passées à l’extrême-droite, Fréjus, Le Luc, Cogolin, à la gestion mouvementée et où l’exercice du pouvoir révèle la nature ultralibérale, donc anti-sociale, sectaire et autoritaire de ce parti inconditionnel de Trump, c’est dire les illusions qu’il peut susciter…révélatrices aussi de l’ampleur du malaise social.

Au plan national, il est en proie à des règlements de comptes publics sur l’IVG, le mariage pour tous qui en disent long sur leur conservatisme et les dangers de leur idéologie sécuritaire et identitaire qui menace tous les pays en Europe où le libéralisme nous enfonce dans une crise sociale et politique profonde.

Ce qui intéresse les Français(es) ce n’est pas la cuisine politicienne pour savoir qui, dans chaque camp, va poursuivre et amplifier les politiques d’austérité, mais de savoir comment on en sort, qui s’y oppose résolument, qui propose un autre projet pour la société française, qui nous ouvre des horizons…un projet qui soit crédible même s’il prendra du temps.

Un projet qui rompe avec les logiques d’austérité pour répondre aux urgences sociales et dit comment on les finance ? Dans la poche de qui on prélève les moyens de développer et de sécuriser l’emploi, les salaires, les protections sociales, les services publics, de garantir le travail, l’égalité des chances, de protéger l’environnement, de cultiver la paix, le dialogue entre les Etats, d’associer la sécurité et le maintien des libertés et de la cohésion sociale…etc ?

Ces questions ne sont-elles pas au coeur de la présidentielle et des législatives ? Les réponses appellent une rupture avec les politiques menées ces trente dernières années, toujours au profit des plus riches, à la tête des multinationales, des banques, des institutions et des gouvernements de droite ou d’une « gauche » qui a renoncé à changer la société dans le sens du progrès social et démocratique.

C’est ce débat-là qui est en train de nous être confisqué au profit du spectacle des faux débats pour l’alternance entre ceux qui ne veulent rien changer, comme le dit le comte de Lampedusa dans son roman d’où est tiré « Le Guêpard », du grand Visconti, récemment rediffusé : donner l’illusion que tout va changer…pour que rien ne change.

Les citoyens ont la clé pour écrire un autre scénario.

René Fredon

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