C’est la version officielle donnée par Bayrou, lors de sa conférence de presse. Le nouveau gouvernement « Philippe II » se passera donc des services de R. Ferrand, de S. Goulard, de M. De Sarnez et de F. Bayrou.
Ces trois derniers venant du MODEM mis en cause pour des emplois fictifs supposés de. collaborateurs dont un proche des deux ministre régaliens (Armée et Justice). Ce qui fait désordre, particulièrement s’agissant du Garde des Sceaux, patron historique du « 2è pilier de la majorité » et plein d’enthousiasme et d’affection pour Macron… »une chance pour la France, l’Europe, le monde… »
Très solennel, François Bayrou a expliqué qu’il n’avait rien à se reprocher pas plus que ses amis du MODEM dans la gestion des ressources humaines de sa formation sournoisement mise en cause par des sycophantes, mot qu’il a employé et qui désigne des dénonciateurs professionnels dans la Grèce antique.
‘Nous n’avons jamais eu d’emplois fictifs…tous nos collaborateurs ont un contrat de travail.. » il ne peut donc s’agir que d’une campagne insidieuse dont la cible est…le Garde des Sceaux
lui-même, qui ne peut se défendre tant qu’il est dans sa fonction.
Donc, F. Bayrou n’a pas hésité une seconde, huit jours après avoir fait adopter le premier projet de loi qui lui tenait particulièrement à coeur et dont il est fier, il a préféré se sacrifier pour ne pas exposer le Président Macron qu’il tient en très haute estime. On n’en doutait pas.
Il a tenu ferme sur cet argumentaire du complot et de la délation qui l’aurait obligé à démissionner sur une simple ouverture d’enquête préliminaire qui ne préjuge de rien si ce n’est qu’un Ministre de la justice est l’objet d’une recherche d’informations judiciaires.
Sa démission, a-t-il dit, est une décision personnelle, pas une exigence du président de la République qui était au courant, bien entendu, mais qui n’ a jamais communiqué sur cette affaire tout de même encombrante quand on prétend donner l’exemple et moraliser la vie publique.
Il a choisi de reprendre sa liberté de jugement, de parole et de maire de Pau. Il lui était difficile de faire autrement après les révélations de France-info selon lesquelles Sylvie Goulard, la ministres des armées démissionnaire, avait confié à un ancien ministre que lorsqu’elle était députée européenne, le parti lui avait imposé, entre 2009 et 2015, un collaborateur proche de François Bayrou.
Ce qui l’avait mise mal à l’aise. Des faits confirmés par l’ancienne ministre Corinne Lepage
entendue mardi comme témoin. L’affaire, contrairement à ce que dit Bayrou, ne tombe pas du ciel. Dans un livre paru en 2015, « les mains propres ». On peut y lire ceci : « Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le Modem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes et d’autre part illégal. Le Modem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen. »
Le livre avait reçu le prix du livre politique décerné en 2015 par le barreau de Paris. Corinne Lepage avait quitté le Modem et crée Cap 21. Aujourd’hui elle est engagée…dans la REM, comme Bayrou. Sacrée ambiance !
A l’époque M. De Sarnez avait qualifié de faux les dires de son ex-collègue écologiste. Si les faits étaient confirmés, l’affaire relèverait, comme pour le FN, de l’office européen de la lutte contre la fraude dépendant du parlement européen.
En attendant la suite car les éléments à charge viennent surtout de l’intérieur qui, bien sûr, ne reconnaît pas les accusations, le moins qu’on puisse dire c’est que Macron devait être au courant de ce dossier qui ressort en même temps que le Modem et son fondateur se retrouvent aux responsabilités. Et pas Corinne Lepage.
Du coup on se demande si Bayrou s’est vraiment sacrifié ou s’il a été « sacrifié ». On n’est jamais trahi que par les siens. Pensez à Judas, c’était pourtant un apôtre…Il y a tellement de versions de sa trahison. L’une s’interroge encore si Dieu était au courant ?
On espère que la justice ira plus vite pour démêler l’écheveau dans lequel se sont empêtrés trois ministres.
René Fredon
