2017 : où en sommes-nous ?

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A en juger par les pages de quotidiens et les heures de télé où s’exposent les prétendants aux primaires, les candidat(e)s déclaré(e)s ou décidé(e)s à le faire, la vie politique se donne en spectacle pour tenter de nous tenir en haleine. Qui sera sur la ligne de départ et qui restera au second tour, sondages à l’appui pour nous aider à faire le « bon » choix !

Ou, dit autrement, qui remportera le prix du meilleur communicant et aura su vendre sa candidature, à travers quelques éléments d’un programme censé répondre aux problèmes du pays et des préoccupations des Français (es) ?

Les primaires de droite avaient commencé par un psycho-drame. NKM allait-elle avoir ses signatures, seule femme en piste ? Ouf, on a eu peur. Ils sont tellement nombreux à se sentir « appelés » à l’Elysée, à se tenir en haute estime les uns les autres, à nous promettre tout ce qu’ils n’ont pas fait quand ils y étaient, à nous faire don, rien que ça, de leur personne. On les remercierait presque.

Ils nous le disent : ils veulent aller encore plus loin dans la suppression des fonctionnaires et des services publics, dans la liquidation des emplois industriels et agricoles, synonyme de chômage de masse, dans la précarisation du travail, le blocage des salaires, la remise en cause des protections sociales, la durée du travail, finies les 35 heures, la retraite de plus en plus lointaine : elle est pas belle la vie ?

Les cadeaux aux grandes entreprises (CICE, 40 milliards de nos impôts distribués), l’évasion, la fraude fiscale, les hauts salaires…est-ce que ça a fait baisser le chômage , les inégalités sociales et de territoires ? C’est ça « la mondialisation heureuse et l’Europe qui nous protège » ?? Le capital d’abord. Et le secret des affaires, toujours.

Nos industries (Florange, Arcelor-Mittal, Alstom et tant d’autres) glissent vers les pays à bas coûts inexorablement. Et il faudrait compter sur ceux qui ont organisé ce désastre au nom du « libre »-échange et qui le défendent encore, pour renoncer  à leur propre système ?

Quant à la sécurité, ce sont les « monsieur plus » pour diviser le pays, pas pour le rassembler, ils ont un concurrent sérieux…plus à droite encore, si c’est possible.

Côté gouvernement qu’on ne nommera même plus « socialiste », c’est la débandade. Macron, le petit génie de l’ubérisation des transports, a quitté le bateau en pleine tempête, avant le naufrage du capitaine qui, lui, nous offre ses services pour tenir encore le gouvernail. Sans jamais se remettre en cause.

Non merci, le peuple de gauche a donné. La droite promet de faire mieux…vers le même cap : « plus il y a de riches…plus il y a de pauvres, mais c’est secondaire tant que c’est pas eux qui conduisent « !

Dans les deux cas, on va dans le mur. Les deux ont bien travaillé depuis qu’ils alternent au pouvoir, cela fait trente ans. Jamais l’extrême-droite n’avait atteint un tel niveau. C’est vrai dans toute l’Europe parce que droite et sociaux-libéraux se sont succédé au pouvoir partout, avec la même politique et les mêmes conséquences : promesses non tenues, souveraineté bafouée, démocratie tronquée, situation sociale dégradée, perspectives terribles pour les laissés-pour-compte et l’immense majorité, pas pour tout le monde.

Serait-ce du neuf qui nous est proposé par l’extrême droite populiste qui surfe sur les peurs, les haines, les stigmatisations ? Certainement pas si l’on veut bien y regarder de plus près, ne serait-ce que sur la question de la finance, de sa maîtrise, de la liberté de circulation et d’évasion des capitaux, du secret des affaires, de la non remise en cause du libéralisme sinon pour prétendre le pérenniser ?

Sa candidate a un faible pour Trump, le milliardaire corrompu, au langage fleuri et aux idées courtes autant que belliqueuses, comme le mur qu’il veut faire payer au Mexique (ça peut lui rapporter gros). Tout un symbole. Voilà à quel spectacle on s’expose quand on ne remet pas en cause le pouvoir de l’argent et les privilèges que donne sa captation par quelques-uns. « Le dieu « argent » c’est le premier terroriste » nous dit le pape François. A méditer.

Y a-t-il une perspective à la gauche du « PS » ou de ce qu’il en reste ?
A cet instant, la situation paraît compromise d’une possibilité de candidature commune de la gauche alternative, autour d’un pacte d’engagement commun préalable. Stratégie que proposent les communistes pour, d’abord, créer les conditions d’une présence au second tour qui réponde aux attentes des Français, à tous ceux qui veulent changer la trajectoire et affronter les logiques capitalistes, leur système productiviste de domination, impitoyable pour les peuples et la survie de la planète.

Pierre Laurent avait reçu Jean-Luc Mélenchon, Cécile Duflot, Benoit Hamon, Arnaud Montebourg à la Fête de l’Humanité. Le premier, JLM, parti en franc-tireur, a dit persister dans sa démarche individuelle, la seconde, CD, veut porter l’écologie, reconnaît les convergences mais veut y aller, le troisième, BH, préconise une primaire de toute la gauche (avec Hollande) assez illusoire, le quatrième, AM, est prêt à se passer de la primaire socialiste, croit en ses propositions.

Ce faisant tous créeraient les conditions d’une défaite annoncée et de leur élimination assurée au 1er tour. D’autant qu’il risque d’y avoir d’autres candidatures de témoignage. Ce n’est guère stimulant. De leur côté, les communistes insistent toujours pour éviter cet émiettement meurtrier et, compte tenu des convergences, construire un socle commun de propositions et de candidatures communes à la présidentielle et aux législatives.

Le 5 novembre, ils décideront d’une candidature si la main qu’ils tendent à tous les progressistes restait vide et que se concrétise le scénario-catastrophe déjà vécu en 2002 avec Chirac-Le Pen au second tour !

Il n’est pas trop tard pour éviter le pire et recréer l’espoir à gauche. Mais le temps presse.

René Fredon

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