Crédit photo Bruno Isolda
Suite à deux rapports définitifs de la Chambre Régionale des Comptes concernant le SITTOMAT et le SMIDDEV qui sont des syndicats ayant pour fonction statutaire le traitement des ordures dans le Var, après avoir synthétisé celui qui met en évidence des dysfonctionnements au SITTOMAT, après avoir écouté le point de vue du maire de Bagnols en forêt membre du SMIDDEV, il nous fallait évoquer la décharge du Balançan, que certains appellent, non sans ironie, le Mont Bordille. Cette décharge à ciel ouvert, géré par un industriel, récupère depuis 1974 les ordures provenant aujourd’hui de plus de 140 communes varoises. Elle est composée actuellement de 4 sites et s’étale sur plus de 20 ha avec une capacité dépassant 5 millions de tonnes. Une extraordinaire colline d’immondices, visible de toute la plaine…
Les principaux arguments qui ont permis au centre de stockage de s’accroître, sont parait-il la géologie et la topologie favorables, la position géographique centrale dans le département, la bonne desserte, le savoir-faire de la société mais aussi la soit disant « absence d’alternative » … Les extensions successives de la décharge ont eu lieu au détriment du milieu naturel alentour et sans tenir compte des enjeux biologiques du site. (crédit photo : CC Coeur du Var)
Rappelons que la Plaine des Maures est inscrite à l’inventaire des ZNIEFF, ZICO/ZPS, qu’elle est concernée par une procédure Natura 2000, qu’elle fait l’objet d’un Projet d’intérêt général (PIG) à vocation environnementale et d’un projet de réserve naturelle.(crédit photo : CC Coeur du Var)
A l’époque du Préfet Laurent Cayrel, la préfecture du Var a publié, en date du 6 août 2014, un arrêté préfectoral prolongeant de six années l’autorisation d’exploitation de l’installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) du Balançan. Pourtant, deux précédentes décisions préfectorales favorables à cette exploitation ont été annulées par les instances judiciaires ces dernières années. En conséquence, les vrais responsables de cette situation calamiteuse ne sont-ils pas à chercher du côté des pouvoirs publics ? N’est –il pas un peu facile de mettre en cause l’industriel, quand les pouvoirs publics ne contrôlent plus correctement les délégations de service public ? On peut toujours se poser la question, sans chercher à savoir à qui cela profite? Plus qu’un problème de personnes, les ordures dans le Var et les deux rapports définitifs de la Chambre Régionale des Comptes, mettent en évidence un système Varois que l’on croyait disparu depuis Août 1994.
Faute d’anticipation, au fil des ans, l’exploitation du Balançan est devenue indispensable au traitement des déchets dans le Var. « On peut comparer cette situation à la dette publique », estime le maire du Cannet Jean-Luc Longour. « A force de non-décision, tout dégénère, et les décideurs d’aujourd’hui condamnent les générations futures ».
Laurent di Gennaro
