Viktor Orban : l’UE renonce à toute sanction

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Magnifique illustration de la connivence de la droite européenne avec le premier ministre hongrois qui fait partie du PPE, Orban étant l’un des plus violents partisans du refus de toute concession sur la politique migratoire que défend l’extrême-droite en Europe. Il fait même figure de modèle nationaliste dans son pays où règne une « démocratie » tellement poussée qu’on pourrait la confondre avec une dictature.

Le 12 septembre le parlement européen votait à la majorité pour ouvrir une procédure de sanction contre cet adepte de la manière forte qui traque les ONG, passe outre l’indépendance de la justice, ferme des universités, élève des murs à ses frontières…bref, foule aux pieds un certain nombre de principes auxquels se rattache l’institution qui se réclame de la…démocratie telle que la conçoivent les libéraux pour qui les actionnaires sont des « intouchables »?

De sanctions, il n’y en aura point et d’exclusion non plus ! Orban qui, malgré les pratiques politiques dans son pays qui lui sont reprochées par ses pairs, restera au PPE. Circulez y a rien à voir : le sommet du parti populaire européen -auquel participaient, entre autre, A. Merkel et L.Wauquiez, écrit Le Monde- n’a pas suivi la requête de Junker qui trouvait qu’Orban faisait tâche et qu’il fallait l’exclure. Un adhérent comme lui, pas question de le pousser vers les extrémistes. Pas la peine en effet, il y est déjà. Après tout, il n’est qu’un ultraconservateur de plus ! Il y en a d’autres. Nous voilà, rassurés.

Orban n’aurait même pas eu à se défendre, il s’est dit prêt à en discuter devant la commission européenne, c’est dire s’il est assuré de ne pas être inquiété. Il continuera à faire ce qu’il veut chez lui. L’essentiel, c’est qu’il partage les grandes orientations économiques et sociales qui accablent les peuples, le sien n’étant pas épargné.

Les migrants servent de boucs émissaires pas seulement en tant que concurrence économique potentielle, ce qui reste à démontrer mais en tant que menace pour la civilisation chrétienne. Ce qui n’est pas très …chrétien du tout !

Pour le PPE, la libre circulation des marchandises et des capitaux, d’accord…mais les populations poussées à l’exil, « qu’elles retournent sous les bombardements et les décombres de leurs villes et villages ! Ou qu’elles aillent ailleurs ». Comme si elles étaient responsables des politiques libérales qui s’alignent sur les exigences des nationalistes, doublés de racistes et de xénophobes.

Quelle illustration de l’état pitoyable de cette Europe de la finance et des marchés, de son absence de crédibilité, d’humanité, de perspective, de capacité à mesurer l’angoisse, le désarroi des populations de plus en plus précarisées. L’aveuglement idéologique de ses dirigeants et des technocrates l’empêche d’admettre que ses politiques d’austérité génèrent des rémunérations record pour les actionnaires des multinationales et, à l’inverse, des reculs sociaux, des inégalités et une précarité insupportables qui dressent les peuples contre ces choix. Dans un contexte de guerre commerciale initiée par un autre ultraconservateur très populaire à l’extrême-droite…à la tête des États-Unis.

En Hongrie, le « démocrate » Orban a été réélu en 2014 à la tête du Fidesz (droite chrétienne-démocrate) avec 45,5% des suffrages ce qui lui assure la majorité des sièges : 133 sur 199. Il y a eu 40% d’abstentions. Arrive en seconde position nettement distancée, l’Alliance de centre gauche autour du parti socialiste acquis au libéralisme et à cette Europe-là, avec 25,7% et 38 sièges (29 pour le seul PS), en net recul. Le Jobbik, parti d’extrême-droite très radical, y a obtenu 20,3% et 23 sièges, le plus haut score de son histoire !

Orban, bien que menant une politique libérale très orthodoxe s’est présenté comme le champion de la lutte contre…l’Union européenne, les banques et les sociétés étrangères ! Le comble de la démagogie et ça marche, compte tenu de l’appauvrissement des couches populaires, d’autant plus que le parti socialiste qui était au pouvoir avant Orban était en harmonie avec les politiques libérales européennes imposées à tous les peuples, alimentant leur déception, leur sentiment d’abandon, leur abstention massive laissant prise aux démagogues nationalistes et xénophobes.

Il y a des leçons à en tirer dans l’hexagone. Macron nous dit qu’il veut rassembler les « progressistes » pour nous protéger des « nationalistes » ? Et il accepte que soit banalisé le chef de file hongrois de la surenchère organisée des extrêmes-droites, par une une dizaine d’États ultra-nationalistes ?

Macron et ses pairs se plient à leur chantage identitaire et sécuritaire qui se nourrit des rejets populaires d’une Europe qui opprime les peuples, les fait régresser, les met en concurrence au lieu d’organiser leurs coopérations, de promouvoir le progrès social et la transition écologique. Ce ne sont pas les richesses qui manquent.

Encore faut-il s’en prendre à la « forteresse »de la finance sanctuarisée qu’ils sont, les uns et les autres, à droite, au centre et ailleurs, comme à l’extrême-droite, chargés de protéger tout en nous assurant du contraire.

René Fredon

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