Toutes les raisons de lutter et de s’unir

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La machine à amuser la galerie est en route. Sondages quasi-quotidiens vont occuper l’espace médiatique pour supputer les chances des candidats et préparer l’opinion à une hypothèse : un second tour où, se disent-ils, il faudra bien faire barrage à un FN  donné qualifié d’avance. Comme en 2002, 2007, 2012, on repartirait pour un tour sans rien changer si ce n’est en pire !
Pour les adeptes du grand désordre libéral, il ne faut surtout pas que celles et ceux qui ne croient plus aux promesses et qui retrouvent le chemin des luttes contre une politique dictée par la haute finance, puissent remettre en question le système lui-même et ses institutions.
Le déferlement de critiques violentes à l’occasion du congrès de la CGT en dit long. MEDEF, droite et gouvernement socialiste -le FN, n’en parlons pas- se disputent le prix du meilleur combattant contre le premier syndicat de France et qui veut le rester.  Dans l’intérêt des salariés mais aussi dans l’intérêt national face aux reculs sociaux infligés au peuple, à sa jeunesse. Et malgré un syndicalisme d’accompagnement de la crise incarné par la direction de la CFDT proche du pouvoir qui joue les adoucisseurs de potions amères dures à avaler.
Le mouvement populaire contre les effets des politiques d’austérité prend de l’ampleur en même temps que conscience de sa force. Et ça, c’est leur hantise. Vite quelques rustines par ci-par là, on lâche du lest pour désamorcer les luttes. On se montre optimistes : « la France va mieux…la croissance revient…le chômage recule légèrement…il y a des signes…Eho, la gauche réveille-toi »… A un an de la présidentielle ! Mais ça trompe qui ?
Même le ministre de la Justice reconnaît que son ministère est au bord de la faillite. Celui de  l’économie, de l’industrie et du numérique, Macron, fait un pied-de-nez au président de la République qui peut s’en sortir, dit-il, « en optant pour une politique courageuse » ! créant dans la foulée une formation politique.
Arrêtons la comédie : il cherche à se faire remercier…avec l’accord du président. Ce qui permettra à ce dernier de tenter de rassurer ce qui lui reste d’électorat à gauche. Et à Macron de ne pas s’encombrer d’une « gauche qui ne me satisfait pas »…vient-il de déclarer ! C’est beau la cohésion gouvernementale. Les 35 h, l’ISF…pour lui, c’est ringard ! Les actionnaires d’abord. Il n’y va pas à droite, il y est, notre banquier d’affaires, chou-chou des plateaux.

Pendant ce temps-là, les mêmes espèrent que nous nous contenterons de regarder le  spectacle du bateau ivre à la dérive, toute la gauche entraînée dans la tourmente si elle ne trouve pas le chemin de son unité pour stopper, par nos luttes, les ravages de l’austérité que les tenants des paradis fiscaux -après le plus grand hold-up de l’histoire- nous promettent encore plus sévère.
C’est ça leur courage : nous faire payer deux fois ce qu’ils amassent et qu’ils dissimulent. D’abord en exploitant les salariés, ensuite en leur faisant payer ce qu’ils détournent et ne va pas dans les caisses des Etats ! Le cynisme leur va si bien.
C’est ce qui légitime  et rend indispensables les luttes contre les reculs sociaux, l’aggravation de nos conditions d’existence dans un environnement qui se dégrade. Et ce n’est pas parce qu’il y a des Présidentielles à l’horizon qu’il faudrait lever le pied. Bien au contraire.
Par exemple, lutter pour une bonne formation pour chacun et du travail pour tous, c’est, à l’évidence, la préoccupation majeure des Français, très loin d’être satisfaite.
Un barbu célèbre, au milieu du 19è siècle, a montré qu’une armée de réserve de chômeurs permettait au patronat de faire baisser les salaires et d’allonger la durée du travail. Bref, de tenir les salariés à sa merci et les chômeurs avec, contraints d’accepter n’importe quel travail même moins cher payé. Pendant que ces mêmes grands patrons affichent des revenus et des profits indécents ! Ce sont eux les prédateurs des richesses provenant du travail humain.
Et on devrait leur dire « merci patron « ?
On en est toujours là..au 21è siècle ! Au nom du crédo libéral de la compétitivité, de la baisse du coût du travail et des charges justifiant l’austérité. Au bénéfice de qui ? La loi Khomri en est l’expression directe.
Dans un pays comme la France au tout premier rang dans le monde pour la productivité horaire de ses salariés, alors que des masses colossales d’argent (25 à 30 000 milliards de dollars !) échappent à l’impôt, dans le monde, il faudrait s’accomoder de la ritournelle du « nous n’y pouvons rien changer…c’est comme ça depuis si longtemps… »
Mais c’est justement pour ça que ça va si mal, tant qu’on croit qu’on ne peut rien y faire. S’indigner, c’est beaucoup mieux que se résigner, certes mais ça ne suffit pas. Si l’on ne pousse pas l’exigence jusqu’à ouvrir une perspective politique alternative qui s’attaque à la toute puissance malfaisante du capital.
Pas une alternance, un simple changement d’équipage avec les mêmes conceptions libérales, néo ou ultra…non, un projet  pour le pays qui renoue avec les valeurs de partage et de solidarité, par la maîtrise de la finance pour la consacrer, non aux profits de quelques-uns mais au bien-être de tous, à l’investissement productif d’emplois, à la formation, à la justice sociale, à la protection de l’environnement…
Un vaste chantier qui ne peut être que le résultat d’un grand mouvement populaire qui se donne l’objectif de chasser les gardiens du temple libéral pour redonner le pouvoir au peuple décidant lui-même de ce qui est bon pour lui et pour le pays, dans la coopération à égalité avec les autres peuples. Sans renier l’Europe mais en la transformant de fond en comble.
C’est le  sens du questionnaire décidé par le PCF pour consulter les Français et qui propose par ailleurs à toutes les forces politiques, syndicales, sociales, citoyennes, à la jeunesse…cherchant une issue progressiste à la crise profonde et durable de ce système, d’amplifier les luttes sociales -pour le retrait immédiat de la loi « travail »- et pour construire ensemble un projet ambitieux pour la France porté par des candidatures communes aux législatives comme à la présidentielle.
La division serait funeste, nous ne pouvons nous y résigner. Relevons le défi, recréons l’espoir à gauche et au-delà. C’est l’unique moyen de nous donner des chances réelles de victoires populaires sur les forces de l’argent-roi et de l’aventure nationaliste qui se complètent.

Il est grand temps d’y réfléchir…

René Fredon

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