Toulon : réunion publique des Républicains

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Ce soir à 19h au Palais Neptune une grande réunion publique autour de François Baroin, Xavier Bertrand et bien sur Hubert Falco

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  1. BAROIN à TOULON le 24 mai 2017

    Comme en campagne présidentielle.

    Ce soir, nous avons pu voir Hubert Falco, septuagénaire toujours maire de Toulon, accueillir à Toulon Renaud Muselier qui devrait succéder à Christian Estrosi à la présidence de la région PACA (dont ce dernier a démissionné en raison de la loi anti-cumul), Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, et François Baroin, encore sénateur, maire de Troyes, président de l’association des maires de France, et auto-désigné comme chef de file de l’alliance LR-UDI pour les législatives.

    480 personnes

    Dans un grand amphi, les sexagénaires occupent 85% des fauteuils. Tous les candidats LR-UDI du département (du moins le pense-t-on) sont assis en arc de cercle derrière le pupitre comme un décor. La liste de leurs noms sera lue une fois par François Baroin, mais ils ne participeront pas. Au milieu, la septuagénaire Geneviève Levy, qui se représente dans la première circonscription (Toulon centre).

    Falco

    Truculent et sympathique comme à son habitude, Hubert Falco nous répète façon Pagnol avec les clichés du rugby en plus (à cause du RCT, prononcez le RECT), qu’il est « désolé d’être si souvent élu » avec ses pairs, d’être toujours ré-élu tellement les électeurs apprécient la qualité du travail effectué.
    On ne comprend pas tout de suite, mais à force, on imagine que c’est une attaque contre les projets de moralisation de la vie politique visant à limiter le nombre des mandats, ce qui sifflerait la fin du métier de politique à vie.

    Il peste contre les candidats d’En Marche, tous de gauche et en plus choisis sur « Internet », alors que lui prône la « vie vraie » des territoires.

    Bertrand

    Super orateur !
    Discours reprenant les thématiques et vocabulaire de Marine Le Pen : « Trouvez-vous normal que le pouvoir d’achat des Français baisse ?».
    « La France qui va mal », façon populiste. Discours sécuritaire proche du FN.
    Il attaque ensuite le FN.
    Puis En Marche.
    Il précise certaines positions sur le plan économique, parmi lesquelles on en retrouve du programme En marche.
    Il est en revanche ferme sur la suppression des 35 heures et le retour à la défiscalisation des heures sup, même si, c’est vrai, ça a coûté. Un peu dans les clichés (c’est pour qu’on comprenne mieux) avec l’exemple d’une petite brasserie du Nord qui reviendra deux fois (le travail ne se partage pas vraiment), il ne précise pas sur ce point à partir de combien d’heures hebdomadaires on commencerait les heures sup … Bonne question en effet.
    Il nous met sévèrement en garde contre le projet Macron qui risquerait de voir au bout de 5 ans le prix de l’essence redescendre au prix du Diesel (13 centimes d’écart dans le Var actuellement). « Vous vous rendez compte ! »
    Il défend alors les voitures Diesel (lui-même roule en Diesel parce que c’est plus économique et plus fiable), lesquelles se vendent d’ailleurs plus que les « essence ». Silence dans le public.
    Mon voisin pourtant fan de Xavier Bertrand me précise que c’est l’inverse.
    Je lui indique en retour que les microparticules et les oxydes d’azote seraient aussi à l’origine de quelques milliers de décès dans notre pays. L’écologie n’a pas vraiment la cote chez Xavier Bertrand.
    A la fin, si on n’a pas pris de notes, on se souvient de … d’un bon discours politique.

    Falco et Bertrand

    Hubert Falco et Xavier Bertrand sont revenus tous deux sur quelque chose qui semble les chagriner tout particulièrement. Ce serait en effet mieux si leurs camarades du parti (LR) à Paris se taisaient, mais dès qu’ils voient un micro, ils ne peuvent pas s’empêcher de parler et de dire des choses qu’ils ne devraient pas dire.

    Qu’ils attendent après le deuxième tour ! Hubert Falco a crié à plusieurs reprises :

    « Qu’ils se taisent ! »

    Baroin

    Excellent orateur, avec (pour ma voisine), des phrases quand même un peu trop longues.
    On commence par féliciter Hubert Falco.

    « Nous, on est de la France d’avant »

    (prononcé sept ou huit fois)

    Mes voisins jubilent.
    On rend ensuite hommage à Jacques Chirac.

    « Nous, on est de la France d’avant »

    Un slogan ensuite : la clarté (nous) contre l’ambiguïté (En Marche, pour ceux qui ne comprennent pas).
    En Marche, c’est une forme « unanimiste et illusoire ».
    La génération Internet contre la France d’avant.

    La première attaque va à l’encontre Jean-Luc Mélenchon.

    La seconde attaque contre En Marche. Ce ne sont finalement que des socialistes.
    Mais, on jure qu’on sera « aux côtés du Président ».

    Il entame ensuite un comparatif simplifié entre le programme d’En marche et le nouveau projet de LR (on sait en effet que depuis le deuxième tour, on ne soutient plus celui de François Fillon qui était pourtant « le seul qui … »).
    On revient donc sur la défiscalisation des heures sup, même si comme tu l’as dit, Xavier, ça a coûté cher.
    Ensuite, on rappelle la belle performance du ministre des Finances Baroin sous la houlette de Nicolas Sarkozy (on ne parle pas du premier ministre François Fillon) quand il a fallu gérer la crise de 2007-2008. Mieux que l’Allemagne, dit-il !

    Sur ce point c’est clairement une contre-vérité (un « fake »), car les données d’Eurostat indiquent clairement que l’Allemagne a redressé ses comptes publics et diminué son chômage dès 2009 alors que l’aggravation s’est poursuivie en France jusqu’à 2012 (et évidemment au-delà, mais moins !).

    Ensuite, on revient sur la CSG qui va donc taxer les retraités à 1,7%. Frémissements dans la salle. Pour information du lecteur, le taux des prélèvements est déjà passé de 11 à 13,5% de 2007 à 2012 et à 15,5% en 2012.
    Quelques petites erreurs sur les montants des retraites. Sur des handicapés qui ne vivraient qu’avec 800 € par mois.
    En allant très vite, ça fait « connaisseur ». Le public à ce stade n’est pas censé suivre.
    Et puis, on attaque la suppression de la taxe d’habitation qui va mettre à mal les budgets des collectivités.
    Enfin, on attaque l’ISF ; celui-ci sera en effet réduit dans le cadre d’investissements au capital des entreprises, tandis qu’il ne le sera pas pour les biens immobiliers. Les propriétaires sont donc pénalisés (sic).
    « Quoi, pourtant, de plus beau que de construire sa maison puis de la laisser en héritage à ses enfants ? »
    Enfin, on n’oublie pas le fameux « fake » sur le loyer payé par les propriétaires …
    Parce que, nous, la Droite et le Centre :

    « nous allons baisser les impôts. »

    Un petit coup contre Nicolas Hulot : « un excellent présentateur TV ».

    Dernier point sur le plan économique. (Comme En marche est majoritaire dans les grandes villes) nous préconisons, nous, d’investir prioritairement dans les campagnes.

    « Investir dans les campagnes. »

    On ne saura pas trop en quoi cela consiste et on n’en saura pas plus.

    Passons aux choses sérieuses : la sécurité. Discours quasi FN et donc connu sur ce thème. On veut « plus de policiers », « plus d’armée ». Il faut respecter les uniformes. Il faut renforcer l’arsenal répressif, faire exécuter les peines de prison. Il faut :

    « construire des prisons. »

    Majorité pénale à 16 ans. C’est simple.

    Petite pause :
    « Nous nous battons pour gouverner. »

    Tout ce qui ne marche pas en justice et police :

    « c’est pas nous, c’est la gauche ».

    Probablement pour faire oublier la suppression de la police de proximité sous Nicolas Sarkozy.
    Retour au projet sécuritaire. Renforcer la coordination européenne qui ne fonctionnerait pas bien. Surveiller tous les fichiers S susceptibles de passer à l’acte.

    « Retour au contrôle des frontières dans l’espace Schengen ».

    Applaudissements nourris dans la salle. On sourit au souvenir d’Emmanuel Macron rétorquant sur ce point à Marine Le Pen lors du débat fameux :
    « Madame Le Pen, vous allez lutter contre le terrorisme avec des douaniers ?… ».
    Division par deux des quotas européens d’immigration.
    Suppression de l’Aide Médicale aux Etrangers.
    Etc.

    Multiculturalisme. François Baroin se lance dans l’histoire des Etats-Unis pour nous l’expliquer (pour qu’on comprenne mieux). Donc au début une forte immigration d’Européens vers le nouveau continent (avec les Indiens et tout ça, qui furent massacrés, voyez ce que ça donne quand on est envahi). Puis guerre civile, puis voilà comment c’est aujourd’hui, fédération, un drapeau commun, etc.
    Là, les phrases sont très longues car toute l’histoire doit être résumée rapidement. Le public écoute, n’a pas fait le parallèle (surtout avec les Indiens ; en plus, chez nous, on un problème avec les Arabes).
    Laïcité. Etre ferme sur les principes de la République.

    Dernier point, école, formation professionnelle et mobilité des travailleurs. C’est évidemment là qu’on retrouve le seul sujet qui fait consensus au sein de tous les partis. « Il faut que les enfants sachent lire et écrire … ».
    On retrouve évidemment là très exactement le projet d’En Marche.
    Et c’est d’ailleurs à ce moment là que plus le projet relifté de LR ressemble à celui d’EM, plus François Baroin dira que

    « Nous n’avons pas la même vision »

    Il le dira pas moins de six fois en deux minutes !
    On n’y croit pas trop évidemment.
    Comme François Fillon, François Baroin répètera à l’envi :
    « notre projet est le seul qui … »

    On retient 3 choses.

    1. François Baroin nous a offert un bon show de candidat tardif à la présidentielle, une sorte de troisième mi-temps. On ne s’ennuie pas.

    2. Le programme a été construit en phase ou opposition par rapport au projet d’En Marche, mais toujours en s’y comparant.
    Il se positionne ainsi en challenger d’En Marche.

    Avec toutefois un projet pas très construit (que certains éditos ont parfois qualifié de bâclé).

    LR se pose aussi en alternative à EM sur des valeurs conservatrices tendance passéistes, qui ne collent d’ailleurs pas bien au look du personnage (c’est peut-être la présidence de l’Association des Maires de France qui conduit à cela), mais peut-être plus à son public (pas si sûr) :

    – « Nous sommes la France d’avant ! », si souvent répété …

    – « Investir dans les campagnes … »

    Etrange !

    EM, ce sont des « candidats Internet ». Une moue de dérision ou de dégoût accompagnera souvent l’expression.

    LR tente ainsi de mettre en place de nouveaux clivages passé-présent, ou campagne-ville. En même temps, il recherche (mollement) l’ancien clivage droite-gauche pour que les sympathisants s’y retrouvent un peu. (« C’est pas nous, c’est la gauche »).

    LR ne considère pratiquement pas les tendances FN ou France Insoumise.

    3. Le discours sécuritaire, porteur en général en France et plus particulièrement dans le Sud, et encore plus pour la population senior qui constituait l’essentiel du public, reste, disons-le, caricatural et strictement identique à celui du FN.

    On a du mal à imaginer la fermeture des frontières avec l’Italie, la Belgique, et pourtant, cette mesure est celle qui a suscité le plus d’applaudissements spontanés.

    On reviendrait alors au clivage fermeture-ouverture du duel Le Pen-Macron.

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