« Cette femme est plus moderne que moi ! » C’est à la mort de Gisèle Halimi que la comédienne et chanteuse Estelle Meyer découvre l’ampleur de ses combats. Sentant vibrer en elle les convictions de la célèbre militante, elle lui rend hommage dans cette pièce musicale.
Sous le regard protecteur de Gisèle Halimi, indispensable alliée, Estelle Meyer nous raconte son parcours de femme. Entre théâtre et musique, elle croise les trajectoires et mélange le récit de sa vie à celle des combats de la grande féministe.
De sa voix rocailleuse, elle revient sur toutes les premières fois : les règles, le corps qui se transforme, la sexualité, les virées nocturnes, le planning familial… Elle chante ces moments-clés comme des épopées puissantes. Elle danse merveilleusement la fatalité. Et nous incite, par sa présence lumineuse, à croquer la vie.
Résidence Châteauvallon-Liberté
Genèse — À la mort de Gisèle Halimi, je découvre, époustouflée, son œuvre. Cette femme est plus moderne que moi ! Elle tire tout le continent humain de sa clairvoyance et de sa ferveur. Son combat, sa route, ses forces me devancent, me donnent du courage et du sang pour faire battre mes pas. Une sensation d’un rythme cardiaque commun, rappelant l’essentiel : le grand hurlement de vie qui repousse toutes les forces de la mort. Cette rencontre littéraire avec elle, par-delà son décès, la découverte de sa personnalité puis la rencontre des gens qui l’ont côtoyée, ouvrent alors un dialogue incessant en moi.
Un rapport talisman à son passage sur terre. Et une confiance dans les difficultés traversées.
Celles-ci aboutiront. Il faut les affronter, ouvrir la porte aux monstres, à la cascade de l’enfance,
aux mots coincés, faire confiance aux grandes rivières d’air frais que sont l’écriture et le théâtre.
Commencent alors à s’activer en moi : une parole, une mémoire, l’urgence d’écrire, de témoigner et de transformer mes matériaux brûlants. D’en faire quelque chose. D’en faire récit, théâtre et catharsis. Purification des blessures. Il y a en moi tout un continent qui demande à crier, à chanter, à guérir, à dire. Le continent femme. Une révolte qui couve depuis l’avant moi. Dans ma lignée, dans mes veines, les femmes trépignent et attendent. Dans une lignée, il y a ce qui a été dit et ce qui ne l’a pas été. Il y a les absurdités, les traumatismes, l’amour, la sensualité, le silence, l’étrange, le pouvoir, la jouissance, des bébés sortis des jambes de femmes. Mais pour devenir soi il s’agit de s’emparer de soi, de regarder ses traces pour les comprendre. Et surtout de poser les mots dessus. Que les pulsions se subliment, ouvrent des fenêtres de réparation pour d’autres.
Tout le travail de Gisèle part d’une cause intime pour faire avancer le tout. Le combat, la défense d’une femme devenant celui de toutes les femmes et faisant avancer la société entière. On lui doit le procès de la torture. La législation pour punir et reconnaître enfin le viol. Le droit d’avorter. Des bascules de société fondamentales, immenses à reconquérir et affirmer toujours plus puissamment. Que les victimes soient entendues, défendues et protégées.
Déjà en nous-mêmes.
Conception, écriture, interprétation Estelle Meyer
Mise en scène et dramaturgie Margaux Eskenazi
Composition musicale Estelle Meyer, Grégoire Letouvet et Pierre Demange
Arrangements musicaux Grégoire Letouvet et Pierre Demange
Création lumière Pauline Guyonnet
Création costumes Colombe Lauriot Prévost
Scénographie James Brandily
Chorégraphie Sonia Al Khadir
Piano, clavier Grégoire Letouvet en alternance avec Thibault Gomez
Batterie, percussions Pierre Demange en alternance avec Maxime Mary
Régie son et direction technique Thibaut Lescure en alternance avec Guillaume Duguet
Régie lumière Pauline Guyonnet en alternance avec Fanny Jarlot
Collaboration, accompagnement et développement Carole Chichin
Diffusion Séverine André Liébaut
Production Phénomènes
Coproductions La Familia / le Théâtre Antoine Vitez à Ivry-sur-Seine / Théâtre des Îlets – Centre Dramatique National de Montluçon / les Plateaux Sauvages / l’ECAM – Espace culturel André Malraux / l’Atmosphère – Espace culturel de Marcoussis
Avec l’accompagnement et le soutien technique le Pavillon – Théâtre de Romainville, le Centre culturel Houdremont – ville de la Courneuve, Châteauvallon-Liberté – scène nationale Toulon, la Maison de la Poésie – Scène littéraire
Avec le soutien le Fonds SACD
Photos © Emmanuelle Jacobson-Roques
Texte © Vanessa Asse
vendredi 23 mai 2025 à 20h00
Plein tarif 30 €
Tarif adulte avec la carte Châteauvallon-Liberté 20 €
Tarif partenaire (CSE et Associations culturelles partenaires) 25 €
Tarif – 30 ans 15 €
Tarif – 18 ans 10 €
Tarif solidaire 5 €
Le Liberté – Salle Albert Camus
Place de la Liberté
Toulon
Pour toutes et tous dès 12 ans