Léandri et les gilets jaunes s’en vont.
Toulon en commun avait réuni le 16/12 une assemblée générale, près de 200 personnes, pour choisir sa tête de liste et ses 12 premiers candidats. Ont été élus Guy Rebec, le conseiller municipal sortant EELV, Magali Brunel (PS), Emmanuel Trigo (PCF), Nathalie Marin (syndicaliste cheminote), André de Ubeda (PCF), Christine Faller (Prof d’Univ), Sylviane Bazin (Gen.s), Gaël Le Menn(PS), Mireille Chaperon, (humanitaire), Nicolas Plazanet (EELV), Philippe Leroy (humanitaire), Habiba Hamames (Droits de l’H)
Cette soirée longue et animée s’est traduite par le départ, plein d’amertume, des gilets jaunes et du leader de la FI, Luc Léandri, vivant mal « une information à deux vitesses« , une prégnance forte des partis. Cela met fin à une expérience qui promettait d’être inédite puisqu’elle rassemblait toutes les sensibilités de la gauche et de l’écologie ainsi qu’une partie des gilets jaunes favorables à la convergence avec les forces progressistes enfin unies à Toulon pour en finir avec la main-mise de Falco sur la ville et avec la menace que fait peser le RN.
Cette rupture est d’autant plus mal venue que les gilets jaunes se sont beaucoup investis dans les ateliers de construction de cette liste « soutenue » par les partis. Liste qui se voulait -et se veut toujours- très ambitieuse. Son pluralisme limitait les risques d’hégémonie de tel ou tel en s’ouvrant largement aux populations les plus paupérisées, trop souvent repliées dans l’abstention faute de présence des « politiques »…entre deux élections.
Qu’il y ait des désaccords entre sensibilités diverses, rien de plus normal, là n’est pas le problème. Le temps passé a débattre de la charte, de la méthode, de l’éthique, de la démocratie… témoignait de l’exigence de transparence et de démocratie. Exercice difficile mais incontournable : « pourquoi nous nous unissons et comment on construit notre programme, notre liste ? »
Visiblement les partis ont haussé le ton, resserré les boulons, quitte à réduire la voilure par souci de leur propre représentativité. Est-ce un bon calcul ? On peut en douter.
Était-il d’une urgence absolue de décider aussi vite -et de cette manière- le tête de liste et les douze premiers (?) avant qu’on ait commencé la campagne, finalisé le programme en cours et fait appel à candidatures jusqu’aux 59+2 ?
Ce qui fait que les autres candidats de la liste, pas encore connus, ne pourront pas être parmi les douze premiers ? Au nom de quoi ? Procédé assez stupéfiant mais répandu.
Pour les municipales, la pratique courante veut que le(la) tête de liste, choisi en interne ou autoproclamé, désigne ses co-listiers et les postes qu’ils occuperont. La méthode a sa logique. Elle ne procède pas d’une assemblée pluraliste réellement citoyenne qui, par souci de démocratie, est souveraine pour donner mandat à celles et ceux qui la représenteront.
C’est le pari novateur qui avait été envisagé et qui prend désormais une autre forme, plus traditionnelle, plus sélective.
Or l’enjeu, face aux politiques libérales d’hier et d’aujourd’hui, nationales et locales, c’est de rassembler toutes les victimes, de les écouter, d’élaborer avec elles les programmes qu’on ne leur a jamais proposés de construire. Pour résister à la résignation et passer à l’alternative sociale et écologique, contre les « réformes » régressives qui nous enfoncent dans l’incertitude du lendemain et de l’après-demain tout en effaçant les acquis de nos luttes historiques.
Il nous faut comprendre la méfiance qui existe vis-à-vis de partis de gauche qui, hier étaient aux manettes et ont promu Macron et sa loi (2015) « pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances« , puis la loi El Khomri sur « le travail et les droits sociaux » (2016) tout en nous préparant la retraite à points d’aujourd’hui ! C’est ce qu’ils appellent « le progrès social » ?
Pour répondre et porter les attentes populaires à Toulon, rassembler les seuls partis de gauche est nécessaire mais ne suffit pas. C’est la confiance des citoyens, encore sceptiques ou hostiles à tous les partis politiques qu’il faut retrouver. Les militants ne sont pas des faiseurs de miracles mais des citoyens comme les autres, avec leurs limites pour « occuper le terrain » et entendre tout ce que taisent celles et ceux qu’on n’écoute pas, pour les associer aux solutions à mettre en oeuvre, ensemble, si l’on veut reconquérir nos quartiers, notre ville, nos vies.
Cela dépasse le temps d’une campagne. C’est à la gauche de gouvernement de réhabiliter les valeurs de gauche, auxquelles certains croient plus que d’autres, après tant d’années de dévoiement qui l’ont confondue avec la droite.
Le moment est à l’enrichissement par la diversité, pas à la dissuasion des bonnes volontés.
René Fredon
Excellente nouvelle, comme ça Hubert Falco sera pour la troisième fois élu au premier tour et nous pourrons, au moins à Toulon, passer à autre chose.
Laurent di Gennaro