Serons-nous prêts ? Aurons-nous retenu les leçons de la crise sanitaire ? »
Nous pensions tous pouvoir souffler un peu …
« Tout se paie » écrit Jean François Kahn ou l’effet « balancier » et « boomerang » de trente ans de pensées politiques sans projection ni capacité d’anticipation sur les enjeux de société qu’il faut aujourd’hui assumer.
« Le Monde est dangereux à vivre non pas à cause uniquement de ceux qui font le mal mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » disait A.ENSTEIN
La Crise sanitaire de la covid-19 porte et résume cet effet boomerang et annonce le futur.
Depuis plusieurs mois de nombreux observateurs annoncent un monde à venir et une société de plus en plus contestés et violents. Nous le percevons tous.
«Notre pays est fascinant !» dit Alain BAUER expert et spécialiste international des crises et de la gestion des conflits et rapporteur en sécurité et stratégies pour les gouvernements.
«Ne pas voir, ne pas vouloir voir et vite penser revenir au monde d’avant comme si de rien n’était. Tout effacer, tout oublier. Les vieux démons et la culture du déni n’auront pas eu beaucoup de temps pour s’imposer à nouveau et revenir en arrière ».
Crise après crises le réel s’enracine et force les esprits à une vraie prise de conscience. À l’évidence il va falloir tenir compte des leçons de la crise sanitaire et de toutes ses erreurs et faillites de pensées qui remontent au grand jour, au su et au vu de tous.
Où sont les bilans ? Où sont les leçons retenues ? Où sont ces priorités pour aborder ce monde futur ?
Nous attendons tous impatiemment et dans l’urgence les « feuilles de route » pour devoir se préparer et affronter les temps et les profonds bouleversements qui arrivent.
Oui nous changeons de monde. Oui une bascule pourtant annoncée et crainte de longue date est en train de s’opérer.
Le monde de « la Mondialisation heureuse » qui nous est vendu depuis longtemps est devenu un « Monde dangereux ». Le principe de réalités et les faits sont têtus, ils désavouent, contredisent et condamnent jour après jour les pensées politiques aveuglées et abandonnées aux seules lois des marchés depuis des années. L’humain en a payé et en paie le prix fort …
Ce « nouveau Monde » qui s’est ouvert pour le meilleur et pour le pire à la puissance de la dérégulation économique et financière s’est surtout ouvert au dérèglement de « tous les sens » et de toutes les valeurs humaines. Nous semblons découvrir dans la douleur ces évolutions. Elles étaient pourtant annoncées et prévisibles, tant les signaux forts alertaient …
Le temps de cette « Mondialisation heureuse » a agi comme un poison lent. Partout il en découle des crises et des conflits pour lesquelles nous n’étions pas prêts, déclassés et désarmés dans bien des secteurs y compris les plus sensibles.
Au vu de ces nombreux constats, une question à l’évidence se pose eu égard à l’état de fragilisation partout observé : Serons-nous encore armés psychologiquement et moralement pour faire face à ce qu’Alain BAUER décrit comme une période de «Crise totale» ?
On ne réarme pas nos hôpitaux et nos 20% de lits fermés faute de ressources humaines en quelques mois, on ne réarme encore moins rapidement les peuples psychologiquement et mentalement désarmés et affaiblis depuis des années.
La situation et les demandes de soins pour faire face aux souffrances psychologiques en cette période de crise sanitaire affluent et s’intensifient. La souffrance mentale a été cachée et jamais évoquée à la hauteur des conséquences et des situations rencontrées.
À l’heure des bilans qui ne viennent pas et dont on semble se protéger par toutes les stratégies d’évitement , de contournement et de diversion possibles, personne n’est dupe!
À trop avoir « joué » avec le réel et s’être tous mentis pour croire en un autre réel « réinventé, manipulé, tronqué et mensongé », nous nous sommes perdus et exposés à devoir affronter aujourd’hui le retour de balancier, balancier parti loin, bien trop loin pour envisager une parfaite maîtrise des événements.
Partout les instabilités ont changé de niveaux d’inquiétudes et de gravités pour devenir explosives.
Cet état d’instabilité générale nous conduit en interne à rester particulièrement vigilants et ne surtout pas occulter ce qui se prépare même si l’au-delà de nos frontières attirent tous les projecteurs.
Nous n’étions pas prêts pour affronter la crise sanitaire de la Covid. Serons-nous prêts pour affronter les crises à venir au sein de cette société et de ce « nouveau Monde » de plus en plus contestés et violents en nos murs ?
Là sont les enjeux et les attentes de nos populations à l’égard de celles et ceux qui se présentent au suffrage universel pour solliciter la confiance de tous.
De cette « Crise totale » émergent deux priorités : La crise « démocratique » au sein d’une démocratie épuisée, éclipsée de plus en plus dévoyée et en manque d’oxygène qu’il faut urgemment réanimer et la crise de «la juste répartition et équilibre des richesses et du travail» mise en lumière par les scandales financiers des nouvelles fortunes ayant profité de la crise sanitaire, de la marchandisation de nos Aînés en ehpad privés et des Cabinets de Conseils privés heureux bénéficiaires de l’argent « magique » public alors qu’il n’existait pas pour les services publics, dont hospitaliers.
Le soir du second tour de nos élections présidentielles, le Président ou la Présidente élu, sera assis sur une cocotte-minute explosive, tout le monde le sait et le perçoit.
Parce qu’il ne nous sera plus pardonné de reproduire les mêmes erreurs, il nous faut vite penser et nous préparer à apporter une réponse aux événements qui arrivent aussi prévisibles et imprévisibles soient-ils.
Dr Vincent CARRET
AMUF
