Sereine Mauborgne aggrave son cas

La députée de la 4è circonscription du Var vient de s’illustrer à l’Assemblée nationale lors du  débat relatif à l’extension de 5 à 12 jours du droit à congé parental en cas de décès d’un enfant mineur.

Une proposition portée par Guy Bricoud de l’UDI, une formation de la majorité, qui a donné lieu à un échange houleux alors qu’on aurait pû s’attendre à un large consensus. Le positionnement  de la ministre Muriel Pénicaud -ex-DRH de Danone- et l’amendement de la députée du Var se sont focalisés sur des aspects juridiques et politiques sur le coût de cette mesure, bien que très modeste (4 500 décès de mineurs par an). Pour savoir s’il doit relever de la solidarité nationale ou du financement des entreprises et des collègues de travail par leurs propres dons financiers et de journées de repos ?

S’en sont suivis des échanges aigres-doux y compris au sein de la majorité où l’on ne se comprenait pas, si ce n’est pour dire que les débats donnaient une bien triste image des législateurs alors que tous reconnaissaient l’extrême douleur que ressentaient les familles qui vivaient pareille détresse.

C’est dans ce contexte très polémique, au bord de l’indécence, que Sereine Mauborgne, députée du Var, ancienne infirmière pédiatrique, a lancé, à un moment, à l’une de ses collègues :  » Il est un peu facile de s’acheter de la générosité à bon prix sur le dos des entreprises ». Cela provoqua un tollé sur tous les bancs, affolant les réseaux sociaux.

Elle demandait même aux entreprises de créer « un compte de dons de RTT » abondé par les collègues de travail tandis que la ministre du travail avait rappelé que le texte qu’elles n’avaient pas soutenu « reposait sur l’entreprise à 100% » !

Il a fallu que le président de la République intervienne et demande au gouvernement « de faire preuve d’humanité » pour que le tir soit rectifié illico et qu’un autre texte puisse être élaboré afin d’oublier le cafouillage et d’accorder les violons.

Quelle surprise que de lire sur une demi-page du quotidien départemental du 4 février, les « explications » de la députée du Var avançant que « ses propos ont été mal interprétés ». Ce qui revient à dire que Macron lui-même n’a pas compris, ni la députée, ni la ministre ?

Second argument : « Nous n’avons pas été assez lisibles… » Encore le coup « de l’erreur de communciation » dont elle demande pardon ? Tout en maintenant que ce n’est pas aux entreprises de payer mais à la société tout entière. On avait bien compris. Elle estime qu’on lui prête « des propos ultralibéraux alors qu’ils étaient plutôt de gauche. » Pourquoi pas « révolutionnaires » ?

Non seulement ses déclarations avaient mis le feu dans son propre camp mais une députée LREM qui n’avait pas pris part au vote, Aurore Bergé lâchait cette petite phrase assassine :
« Les cons, ce sont des députés qui ont juste été loyaux à l’égard du gouvernement »

Explication plausible car la ministre et la députée désavouées défendaient la ligne politique  fondamentale du gouvernement : alléger les charges des entreprises. Avec trop de zèle s’agissant d’un débat aussi sensible.

Elles n’avaient pas senti que ce genre d’arguments n’avait pas sa place et que même le MEDEF le trouvait inopportun et demandait un autre vote !

Macron n’a pas hésité à mettre fin à une polémique désastreuse, d’autant qu’il traverse une période de fortes turbulences où son autorité est mise en cause jusqu’au Conseil d’État et à la Cour de cassation. Sans parler de la contestation populaire très majoritaire dans l’opinion concernant son projet de retraite par points qu’il serait bien inspiré de retirer au plus tôt.

Et nous ne parlerons pas des craintes que lui inspirent les municipales.

René Fredon