Sauvons les urgences et les services publics

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Le point de vue et les propositions de Pierre Daspre, secrétaire de la fédération du PCF

Nous avions répondu à l’appel lancé par l’intersyndicale CGT-CFDT du CHITS, le 27 juin  pour que cesse la galère des soignants au service des urgences et au SAMU et pas qu’à Sainte Musse, l’établissement-amiral du Var. A Hyères, à Brignoles, à Draguignan, à Gassin…rien n’a changé.

« On est en déficit permanent de personnels soignants et de médecins-urgentistes... » disent les grévistes. Cela ne peut plus durer, la sécurité des patients, le respect qu’on leur doit ne répondent plus à ce qu’ils sont en droit d’exiger du service public hospitalier.

D’où le mouvement de colère qui s’exprime, avec de plus en plus de force, dans plus de 150 services d’urgences et quelques 400 hôpitaux publics au plan national. Les établissements varois s’y inscrivent : la mobilisation s’amplifie d’autant que s’y ajoute la période d’été avec une population considérablement augmentée et qui commence par une canicule exceptionnelle avec forcément des conséquences sur l’activité hospitalière.

Ainsi que dans les EHPAD, le personnel soignant et non soignant, plus ou moins polyvalent pour beaucoup, est notoirement insuffisant, comme le salaire.

Le directeur du CHITS reconnaît qu’aux urgences de Toulon, il manque 8 médecins ! Mais il ajoute que cela tient à l’organisation interne qui ne devrait pas permettre d’accepter des patients qui ne relèvent pas de l’urgence. Cela fait partie du problème.

On pourrait y remédier en créant des Centres de santé publics pluridisciplinaires et à but non lucratif, accessibles à tous, au minimum dans chaque canton, comme nous en faisons la proposition.

Ils peuvent être gérés par des collectivités territoriales, des mutuelles, des associations, des établissements de santé. Avec pour mission la délivrance de soins ambulatoires, la prévention, la promotion de la santé, l’éducation thérapeutique, la pratique de l’IVG ambulatoire et la participation à la formation initiale des soignants.

Ils proposent une offre de soins de premiers secours, médicale, dentaire et paramédicale, mais aussi une offre médico-technique (radiologie, biologie médicale….).
Les médecins qui y exercent et les autres soignants, sont salariés et respectent les tarifs opposables de la Sécurité sociale, sans dépassements d’honoraires.

Macron parle de « maisons de santé » en lieu et place des hôpitaux de proximité mais comme structures à but lucratif où sont regroupés des médecins libéraux du secteur 2, honoraires libres et ne pratiquant pas le tiers-payant…

Pourquoi les cliniques privées dont certaines s’intitulent « Hôpital privé »  sont-elles dispensées de prendre leur part des obligations et des charges qui reposent uniquement sur les hôpitaux publics, s’agissant des urgences ?

Cette situation ne date pas d’aujourd’hui et ne fait que s’aggraver. Les réponses de Madame Agnès Buzin ne répondent en rien aux exigences de la situation, aux revendications des personnels comme aux attentes des patients. Il y a là un véritable scandale qui perdure.

Pour nous, les urgences sont le miroir grossissant des graves difficultés auxquelles se heurte notre système de santé public depuis que les politiques libérales n’ont eu de cesse de réduire les dépenses publiques et d’en finir avec le modèle social français. Le dépeçage est en marche : fermetures  de lits et de services, regroupements hospitaliers qui creusent les inégalités entre les territoires et les populations.

Toutes les réformes entreprises depuis une bonne trentaine d’années ont eu pour objectifs déclarés d’inciter à mieux planifier pour réaliser des économies d’échelle tout en incitant au développement de cliniques privées concurrentes du public qui n’ont pas les mêmes obligations sociales, l’accueil de tous quelles que soient sa situation, sa nationalité, sa solvabilité. Elles n’ont pas de services d’urgences 24 h/24 qui grèveraient la rentabilité recherchée.

Comme si la santé était une marchandise, un marché, une source de profits privés ?

Un exemple récent : lors de la première grève des Urgences de Sainte-Musse l’an dernière, Hubert Falco n’avait rien trouvé de mieux que de faire un pied de nez aux personnels du service public en posant la première pierre d’un établissement privé de santé juste à proximité du CHITS. LR et LREM souscrivent. Pour le RN : « augmenter le nombre d’agents dans la fonction publique hospitalière est irréaliste. »

Sur l’ancien terrain public du marché de gros dédié à la gare des trams, Hubert Falco, président du comité de surveillance du CHITS, président de TPM et maire de Toulon, posait le 24/4/18, la première pierre d’une clinique privée du groupe Orpéa-Clinéa, leader français et européen de la prise en charge des personnes âgées, également spécialisé dans les soinsde suite…En présence du directeur de l’ARS et du directeur du groupe privé qui va en profiter pour regrouper ses deux établissements d’Hyères et de Carqueiranne … bonne affaire immobilière par ailleurs.

Nous avions été les seuls à dénoncer cette initiative d’un élu en charge des intérêts d’un grand hôpital public, bradant le patrimoine foncier public, en toute opacité pour offrir une très bonne affaire immobilière à des actionnaires privés !

Une illustration de la convergence de tous les libéraux sur la privatisation qui s’accélère des services publics en général et du service hospitalier en particulier dont on mesure les conséquences humaines.

L’austérité à l’hôpital découle directement des traités européens libéraux partagés et appliqués par les gouvernants successifs qui font de la concurrence entre toutes et tous la pierre angulaire de leur politique désastreuse : « un bon projet, c’est d’abord un bon actionnaire… » comme on dit chez les investisseurs !

C’est de logique et de modèle économique que nous devons changer.

Les communistes du Var sont disponibles pour poursuivre les luttes contre le démantèlement de nos services publics. Ils préconisent notamment un moratoire concernant la fermeture d’hôpitaux, de services et de lits, une proposition de loi pourrait prolonger les débats et les luttes qui montent en puissance partout. Une pétition circule. Les personnels -et pas l’ARS- sont les mieux placés pour déterminer les besoins des patients.  Ils aspirent à travailler dans des conditions normales ainsi qu’à être mieux rémunérés.

Le 2 juillet se tient à Paris la conférence salariale pour les agents de la fonction publique. Le collectif Inter-Urgences et l’intersyndicale FO CGT et Sud appelle à intensifier les mouvements de grève dans leur secteur et à se rassembler à Bercy puis à se rendre au ministère des solidarités et de la santé… »pour faire dévérouiller les cordons de la bourse ».

Nous sommes à leurs côtés.

Pierre Daspre
Secrétaire fédéral du PCF-Var

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