Il aura suffi d’une pétition pour jeter le trouble. Et si la page que lui consacre le quotidien varois Var Matin rend hommage à André Neyton directeur du Comedia de Toulon, cet article bien tourné se fait l’écho des différentes péripéties sans aller au fond du problème.
Ambiguïté
Bien sûr, tout le monde culturel local déplorerait la transformation en supermarché de ce lieu emblématique au cœur du quartier historique du Mourillon. Mais qu’en serait-il de sa survie matérielle si c’est pour en détruire l’esprit ? Car ce lieu grâce à une équipe, depuis trente ans a une âme, une ligne programmatrice. Bref une couleur.
Il est vrai que le propriétaire des murs souhaite vendre.
Mais les éventuels racheteurs, tels qu’ils se présentent actuellement, feraient une tout autre sorte de théâtre à l’intérieur. Et c’est bien là le problème. Sauver le lieu théâtral ou bien sauver un esprit ?
Instrumentalisation.
Je crois que beaucoup de personnes cherchent à détruire la spécificité de ce lieu en poussant André Neyton et son équipe dehors, en instrumentalisant la menace de la fin du bail.
Ils sont peut-être un peu trop pressés. Ils ont oublié qu’André Neyton est toujours là, en pleine forme et qu’il n’entend pas voir son travail d’artiste disparaître d’un simple trait de plume.
Car si le Comedia et le Théâtre de la Méditerranée sont toujours debout, c’est le résultat des choix progressistes et citoyens de son directeur qui en ont assuré la pérennité avec talent, succès et engagement pendant trente ans.
Un appel pro domo
Le public y tient, les tutelles le respecte, les médias ont toujours soutenu ces choix. Le Comedia tel qu’il est représente un petit ilot d’indépendance (relative) au milieu de la vie politique toulonnaise.
Cette sollicitude en faveur du lieu qui s’est manifestée par cette pétition ambiguë (sans nommer une seule fois André Neyton son directeur !) ressemble fort à un appel pro domo (donnez-nous les moyens de racheter le lieu et nous y ferons une autre sorte de théâtre). C’est ce qui a fait réagir André Neyton dont le communiqué ci-dessous est net, précis et sans appel.
Communiqué d’André Neyton
« Chacun a pu être informé depuis quelques jours par la voix(e) miraculeuse du net que l’Espace Comedia pouvait être en danger de disparition. Un vibrant appel au soutien de ce théâtre emblématique accompagne l’info sous la forme d’une pétition, deux couples de trentenaires – c’est ainsi qu’ils se présentent – étant à l’origine de cette initiative.
Je tiens à préciser que ni l’équipe du Théâtre de la Méditerranée ni moi-même n’avons quelque rapport que ce soit avec cette opération médiatique ambiguë prêtant à confusion, et encore moins, avec certaines interprétations aussi rocambolesques que peu crédibles qu’elle provoque.
Certes le théâtre est à la vente depuis plusieurs années. Mais aucun élément nouveau avéré ne nous permet à ce jour de justifier l’urgence d’un tel appel. Si cela devait advenir nous agirions en conséquence pour mettre en œuvre les moyens juridiques légaux protégeant les théâtres de la disparition avec l’appui de toutes celles et de tous ceux qui y sont attachés.
Je tiens aussi à dire combien me touchent les centaines de témoignages qui, à la faveur de cette occasion inattendue, expriment leur attachement à l’action culturelle et artistique que nous proposons depuis maintenant trente ans et que nous entendons bien continuer. »
Dont acte
À ce jour le Comedia, le Théâtre de la Méditerranée et toute son équipe poursuivent l’aventure culturelle et entendent bien rester dans la ligne fixée par André Neyton, comédien, metteur en scène et écrivain, homme courageux et de talent, malgré toutes les rumeurs qui soufflent à leurs oreilles.
Jean-François Principiano
