Retraites : Les bons comptes font les bons amis

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M.Macron assure que le système des retraites restera « en danger » sans réforme TF1 le 3/12/22

Le 15 décembre prochain, nos élus vont discuter une fois encore de l’avenir de nos retraites. Une fois encore, les experts patentés vont nous expliquer qu’il y a péril en la demeure, que si nous ne faisons rien … le système va s’écrouler. Tous vont évoquer le délicat problème du financement de NOS retraites dans les années à venir.  Ces mêmes experts vont nous présenter des chiffres, des courbes, des statistiques pour mieux nous convaincre. Oubliant au passage ce que disait Mark Twain « Il y a trois sortes de mensonges. Les mensonges, les gros mensonges et les statistiques »

Sur le sujet des retraites il se trouve que l’action publique a agi, il y a quelqu’un que tout le monde a oublié qui s’appelle Lionel Jospin qui avait mis en place un fond de réserve pour les retraites (FRR). Ce fond de réserve est doté de 35 milliards d’Euros. D’autre part les systèmes de retraites complémentaires ont eux aussi des fonds de réserve et le Président du conseil d’orientation des retraites (COR) Pierre-Louis Bras, qui est la personne qui connait le mieux l’état des retraites en France déclare : « Le total de ces fonds de réserve s’élève à 116 milliards d’Euros »

Donc au bas mot nous avons 116+35 soit 151 milliards d’Euros de réserve pour les retraites.

Ce n’est pas terminé! Qui se souvient de la CADES (Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale) créée en 1996, financée par la CRDS (Contribution au Remboursement de la Dette sociale) dont la durée de vie ne peut plus être prolongée au-delà de 2024. Malgré les versements successifs, qui s’élevaient, au 27 mars 2021, à 21 milliards d’euros vers la Cades depuis 2011 et à 5 milliards en faveur de la CNAV (Caisse nationale d’assurance vieillesse) en 2020, les actifs du FRR représentaient à cette date un montant total de 27 milliards d’euros.

Donc en 2024 la Cades aura fini de rembourser la dette de la sécurité sociale et dégagera encore au minimum 24 milliards d’Euros. Le Président de la Cades Jean-Louis Rey déclarait en décembre 2018 : « Aucun gouvernement n’a eu à arbitrer une telle manne ». Ce qui veut dire, et c’est sidérant, au risque de décevoir les thuriféraires de la majorité Présidentielle et ses complices : Il n’y a pas de problème de financement des retraites. Tout ceci n’est qu’un leurre pour nous faire avaler la contre-partie imposée par la Commission Européenne et sa présidente Von der Leyen pour obtenir en tout, près de 40 milliards d’euros au titre de NextGenerationEU mais aux conditions fixées par la Commission Européenne.

Il n’y a pas de problème de financement des retraites, d’autant moins qu’avec une politique d’emploi moins stupide, en créant des emplois notamment pour les 50 ans et plus et en augmentant les salaires, le financement de NOS retraites peut-être à l’équilibre.

Dans les dernières décennies, il y a eu plein de réformes des retraites et les gens qui partent à la retraite aujourd’hui le constatent facilement les retraites ont baissé considérablement. Le seul vrai problème, aujourd’hui, c’est la pauvreté de nos anciens, une pauvreté qui va arriver dans les prochaines années d’une façon massive.
La plus grande réussite de notre système social c’est qu’aujourd’hui nous avons un taux de pauvreté des vieux parmi les plus bas au monde. Mais demain avec la dépendance, les actionnaires des EHPAD qui vous coûtent 2 ou 3 000€ par mois, nous allons avoir un énorme problème social qui va être la pauvreté des vieux.
Des parents, des enfants vont devoir vendre la maison qu’ils ont mis 20 ou 30 ans à acheter pour payer la dépendance de papy et mamie. Il est là le vrai souci ! Passons sur l’incroyable écart d’espérance de vie entre un cadre supérieur et un ouvrier qualifié : 13 ans (étude de l’INSEE en 2017). Pourquoi ne parle-t-on pas de ça ? Pourquoi focalise-t-on le débat sur un problème monétaire qui n’existe pas?

Cette histoire, ce leurre ne date pas du quinquennat de Macron, les Boomers se rappelleront peut-être la chanson de Pierre Perret : On l’appelle cuisse de mouche fleur de banlieue, sa taille est plus mince que la retraite des vieux … elle date de 1968.
Depuis cette époque nous cotisons, nous déposons notre argent dans le tonneau des Danaïdes pour que régulièrement « des décideurs » et le MEDEF viennent nous raconter soit qu’il faut cotiser plus, soit qu’il faut reculer l’âge de départ à la retraite en spéculant une nouvelle fois sur notre  naîveté. Le sujet n’est pas de savoir si l’âge du départ est de 60, 62, ou même 67 ans comme le propose Édouard Philippe mais bien de connaître le nombre de trimestres de cotisation nécessaires pour avoir une retraite digne.

Pour atteindre ses objectifs, le rapport Delevoye *1 préconisait de fixer les dépenses de retraites à 13,8 % du PIB et à un quart du budget de l’État. Ces seuils visaient à empêcher des « dérapages financiers », mais ils sont contestés par les opposants à cette réforme qui remettent en cause les choix budgétaires pour atteindre l’équilibre des comptes de ce futur régime.
Le débat devrait donc commencer par « Quid de la cagnotte » ? avant de nous répéter qu’il y a un problème de financement de NOS retraites. Les bons comptes font les bons amis.

Laurent di Gennaro

NB : nous vous conseillons de lire le rapport du Sénat : Réserves des régimes de retraites

*1 https://www.leparisien.fr/economie/lex-monsieur-retraites-jean-paul-delevoye-condamne-pour-les-oublis-de-sa-declaration-dinterets-02-12-2021-BK26CK6KCNB4HLFNZF5PT2ZBYM.php

crédit photo : La Croix

« Ils s’en prendront aux retraites, à la santé, à la Sécurité sociale, car ceux qui possèdent beaucoup veulent toujours posséder plus et les assurances privées attendent de faire main basse sur le pactole. Vous vous battrez le dos au mur » 1993 : F. Mitterrand

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