Retraites : Édouard Philippe provoque le mouvement social

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64 ans l’âge pivot…pour commencer, travailler plus pour gagner moins c’est non !
Le premier ministre  n’aura convaincu que les siens -et encore pas tous- en nous présentant la dernière version de la « réforme universelle plus juste et plus simple, dans l’esprit du CNR » (Conseil national de la Résistance). Le CNPF se frotte les mains, lui qui n’attend que ça : la disparition de toute trace du programme de la Résistance et de la trace des communistes, initiateurs de notre grande innovation : la sécurité sociale, incluant notre système de retraites. (1)

Un point a fait basculer les syndicats hésitants, CFDT et UNSA, seulement engagés dans la lutte à la SNCF et à la RATP  mais favorables au projet du gouvernement. Ils refusent  l’âge pivot fixé à 64 ans, pour une retraite à taux plein ! Ils n’ont pas été entendus. « La ligne rouge a été franchie » a aussitôt lâché Laurent Berger qui a annoncé la présence de sa centrale le 17 décembre avec les autres syndicats.

On a même vu le « pape » des journalistes, Alain Duhamel, omni-présent sur les plateaux, sortir de sa retraite, dodeliner de la tête et ouvrir grand les yeux pour féliciter E. Philippe et tancer Macron qui aurait tenu à fixer cette date. Déplorant le résultat qui pousse dans l’opposition deux syndicats qui ne demandaient qu’à soutenir le projet. Après tout c’est leur bébé…

« Aucun progrès social, deux projets de société qui s’affrontent, rien à négocier, c’est le retrait qui s’impose, par l’amplification de la lutte... »a résumé Philippe Martinez pour la CGT.

Même analyse chez Sud-Solidaires, FO, la FSU qui n’y voient qu’urgence à amplifier l’action pour le retrait d’un tel projet. Ils prétendent discuter mais sur le calendrier, une fois acceptée leur profession de foi hypocrite contre l’argent-roi ! Cause toujours.

  1. Philippe n’a fait que conforter les doutes, majoritaires et souffler sur les braises d’une colère qui ne risque pas de s’atténuer. On peut partir à 62 ans mais avec une décote !.. Quel soulagement de savoir qu’il y aura des gagnants et des perdants ? Surtout quand on vous annonce que la retraite minimum sera fixée à 1 000 euros…en 2022. Quel niveau pour vivre décemment aujourd’hui ?

Qu’il est doux pour un jeune d’entrer dans la vie active avec une telle perspective en 2019. Alors qu’on vous fait saliver à longueur de journée sur les très grandes fortunes, les profits colossaux qui ne cessent de croître et qu’on vous construit à Toulon des places pour des yachts à 500 millions ou 1 milliard pièce !!

Il veut nous faire gober que les « partenaires sociaux » seront associés à la fixation de la valeur du point ? À condition qu’ils aillent dans le sens du pouvoir politique qui tranchera en dernier ressort.

Avant, on comptait en trimestres et on savait ce qui nous était garanti. Un système à points suppose une variation adossée à des critères économiques, financiers, monétaires ? Le pouvoir politique n’en aurait pas la maîtrise ? Qui peut le croire ?

Quant à la promesse aux enseignants de « sanctuariser » leurs retraites, « on  revalorisera  vos salaires avant… »  ce qu’ils réclament depuis longtemps, sans succès  ! Une rémunération   reconnue très insuffisante en France.

L’enfumage continue. Ils nous masquent les enjeux réels et profonds de cet éclatement d’un système paritaire géré par les cotisants (employeurs et salariés) sans s’en remettre aux marchés financiers mondialisés, qui doit être amélioré, modernisé mais dans l’esprit des fondateurs comme l’ensemble de notre protection sociale elle-même dans l’oeil du cyclone capitaliste.

On veut de meilleurs salaires, pensions, retraites, couvertures sociales…pas l’inverse. Avec contribution des profits financiers pour une redistribution favorable aux revenus les plus modestes : pas de pension inférieure au SMIG revalorisé. C’est la vision que propose le PCF et qu’il actualise en permanence. Apparemment les médias du sérail s’en désintéressent. Et pour cause cette vision touche à la caisse, aux privilèges du capital dont Macron reste un fidèle serviteur.

L’argent-roi inspire leur projet
Avant qu’Édouard Philippe ne prononce son discours, mercredi 11, le quotidien l’Humanité  mettait le projecteur sur le lobbying du plus grand fonds de pension au monde, le géant américain de la finance : BlackRock, qui détient 7 000 Mds d’euros de placements soit 3 fois le PIB français (2775 Mds$ en 2018).

Argent provenant de la récolte de l’épargne des salariés du monde entier -les fameux fonds de pension- pour servir les retraites (à risques) par capitalisation, à l’ordre du jour aussi en France. Bruno Le Maire (3) y pense beaucoup en ce moment avec le  nouveau PER (plan Épargne-Retraite) destiné à devenir un placement privilégié pour recevoir les fonds des salariés les plus aisés qui voudront un complément de retraite…par capitalisation. La réforme est en cours.

On y vient, d’abord comme complément avant de trouver les incitations fiscales pour  pousser de plus en plus de monde possible vers ce genre de placement spéculatif. Pensez donc, un potentiel d’épargne estimé en France, en 2016, à 13 125 mds d’euros dont 5 400 Mds d’actifs financiers. À vous donner le vertige.

C’est ainsi qu’en juin dernier, la filiale française de BlackRock que préside Jean-François Cirelli, ancien cadre dirigeant du groupe GDF-Suez avait remis en juin 2019 un document montrant tout l’intérêt qu’elle portait à la réforme des retraites en France. Elle espérait cette fois que serait vaincue «  la méfiance historique des Français pour les produits financiers en particulier les retraites... » ce qui avait fait échouer toutes les tentatives précédentes. (2)

« La réforme Macron est en fait conçue pour démanteler totalement le système solidaire conçu par le programme du CNR (Conseil national de la résistance), pilier de notre système social… » résume Fabien Roussel, député et secrétaire du PCF.

Le pouvoir cherche visiblement la confrontation et ne laisse d’autre issue au mouvement social que de marquer, par le nombre et la détermination, sa volonté de sortir de l’impasse dans laquelle on voudrait nous conduire, jusqu’au retrait d’un projet mortifère.

Rendez-vous le 17 octobre pour une levée en masse du peuple de France

René Fredon

 

 

(1) https://blogs.mediapart.fr/republicain/blog/191211/denis-kessler-il-sagit-de-defaire-methodiquement-le-programme-du-cnr

 

(2)https://www.blackrock.com/fr/intermediaries/literature/brochure/viewpoint-french-retirement.pdf

 

(3) Bruno Le Maire  le 12/11 : « Le nouveau PER créé par la loi PACTE rencontre un accueil favorable auprès des épargnants et suscite une dynamique très prometteuse auprès des entreprises. Plus simple, plus souple, plus avantageux que les anciens produits, le nouveau PER a vocation à devenir le produit phare de complément à la préparation de la retraite pour tous les Français, tout en améliorant le financement de notre économie. Les professionnels de l’épargne sont pleinement mobilisés pour continuer à le faire connaître et conseiller au mieux les épargnants. »

 

 

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