Retraites : démonstration de force à Toulon

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Ils étaient quelques 15 000 manifestants à Toulon, partis de la place de la Liberté et de la porte Castigneau de l’Arsenal, peu après 10h 30 pour un tour de ville dynamique pour obtenir le retrait du projet du gouvernement. Autant que le 5 décembre 38 jours après, c’est dire la détermination des salariés du public et du privé qui ont pris la mesure du danger extrême d’un projet de plus en plus flou, bâti sur le crédit porté à Macron et à son gouvernement.

Côte à côte, cheminots, hospitaliers, Arsenal,  agents territoriaux,  gaziers-électriciens, pompiers, finances, hôtesses de l’air…à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Sud Solidaires, CFE-CGC.

Des participants en colère contre le fond du projet lui-même qui veut en finir à terme, avec le système par répartition instauré à la Libération et qui, lui, était réellement universel, contrairement à celui qu’on veut nous imposer sous le même qualificatif alors que c’est  la capitalisation qu’ils préparent, par étapes, après avoir sérieusement écorné le modèle français le plus universel qui ait existé. L’usurpation des mots fait partie de leur stratégie.

Le pourrissement aussi. Comme la tentative classique de diviser grévistes et usagers, grévistes et commerçants, la bataille de l’opinion que relaient les médias aux ordres,  consciencieusement.

Un sondage révélé lors de l’émission de la 2 « Vous avez la parole » jeudi soir, donnait à la question « qui est responsable du conflit » ? 42% le gouvernement et 28% les grévistes, tandis que 50% de la population soutient les grévistes.

Les manifestants de Toulon et d’ailleurs n’avaient aucun doute : c’est « non à la retraite par points » et le faisaient savoir. « il n’y a pas de dialogue social », « c’est à chaque fois pareil, ils veulent nous faire passer pour les méchants qui prennent les usagers en otages »  et ainsi de suite.

Il faut dire que tenir 38 jours avec les pertes de salaires que l’on imagine prouve à l’évidence le niveau de conscience des grévistes, leur volonté d’obtenir gain de cause qui ne faiblit pas face à un gouvernement qui veut en finir avec la plus sensible des préoccupations de toute la population…à l’exception des plus riches, comme toujours.

Ce sont leurs représentants qui pilotent cette « contre-réforme » et qui s’apprêtent à envoyer un avant-projet de loi au conseil d’État dans lequel figure toujours le fameux « âge-pivot à 64 ans » qui permet à la CFDT et à l’UNSA d’espérer une concession de nature à gagner du temps et à prolonger une concertation-bidon, sans rien toucher au fond.

Mais le plus significatif, c’est que le pouvoir -et ses relais- ne débattent jamais -ou presque-  des propositions relatives au financement des retraites, dont le déficit est lié au chômage qui réduit les cotisants et à l’opposition du patronat d’augmenter ses cotisations !

Sans parler de la valse des dizaines de milliards qu’encaissent, chaque année, les actionnaires du CAC 40 dont parlent les médias avec gourmandise pour nous vanter la bonne santé de notre économie pourtant…en panne de croissance ! Pour les profits, tout va bien et on cherche de l’argent : cherchez l’erreur ?

On en trouvera aussi du côté des GAFAM sous-imposés, en étendant les cotisations au capital très épargné et qui crée moins d’emplois qu’on en perd, ainsi que l’a rappelé le député communiste Fabien Roussel à l’assemblée, le 6 janvier.

Pourquoi pas une conférence pour confronter les propositions, non seulement de financement de la sécu -dont le déficit n’est pas aussi dramatique qu’on nous le présente- mais pour pérenniser notre système par répartition autrement qu’en prolongeant la durée du travail, ce fameux « temps plein » qui ne cesserait de s’allonger pour une retraite moindre basée sur toutes les années travaillées et dont ils sont incapables d’en garantir le montant !

Car les retraites ne sont pas une question technique mais essentiellement politique. Le maître à penser l’a complexifiée à l’extrême, la confiant à des « experts » du sérail, c’est plus sûr pour en noyer les véritables objectifs. Macron sait faire mais son savoir-faire n’a jamais trompé tout le monde.

Pas besoin de sortir de l’ENA (qu’il veut supprimer, ce qui ne supprimera pas son élitisme et celui qu’il perpétue) pour comprendre qu’il y a un vice caché dans son projet. Comme le confirme son seul soutien : Le CNPF. Cela seul suffirait à le rendre suspect, le projet !

La victoire est possible, elle appelle un élargissement de la participation des salariés du public et du privé, mais surtout des jeunes, les plus concernés, les retraités, plus à l’abri de mauvaises surprises mais dont des millions disposent de revenus indignes, les femmes exposées à l’inégalité des salaires et du temps travaillé…cela fait beaucoup de monde.

Dès ce samedi, le combat continue.

René Fredon

 

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