Renée Doria une voix de cristal s’est éteinte

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La soprano colorature Renée Doria, chanteuse très célèbre entre la période d’après-guerre jusqu’en 1980, est décédée à Paris à l’âge de cent ans et deux mois. Elle laisse, heureusement, un legs discographique important qui met en avant sa technique, sa musicalité et un style français irréprochable.

Elle fait ses débuts en 1942, à Marseille en zone libre puis sous l’Occupation à Radio-Paris mais aussi à l’Opéra de Toulon dans Mireille de Gounod et les Pécheurs de Perles et Lakmé à Cannes sous la direction de Reynaldo Hahn, puis dans la Traviata de Verdi en 1946 à l’Opéra de Paris.

Elle venait souvent dans sud-ouest à Perpignan ou elle est née le 13 février 1921 dans une famille de musiciens et à Toulouse au Capitole, temple du bel canto. Sa carrière fut aussi longue que sa discographie. Rosine du Barbier de Séville de Rossini, les Pécheurs de Perles de George Bizet, les trois rôles féminins des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, Manon de Massenet avec Alain Vanzo et bien d’autres perles…

Une discographie prestigieuse.
Renée Doria a pu enregistrer de nombreux disques qui rendent hommage à sa technique, sa musicalité et a son art français du chant. Certains opéras italiens, notons-le, étaient d’ailleurs enregistrés à l’époque en français.

Elle a eu la chance de rencontrer l’éditeur et collectionneur Guy Dumazert (1922-2004) qui devint son mari. C’est lui qui est à l’origine de la création de la société Malibran-Music qui a protégé et diffusé ces précieux enregistrements « pour témoignage » de cette grande époque du chant français.

Citons quelques pépites allant des 78 tours aux CD qui devraient occuper une place de choix dans les discothèques des lyricomanes les plus exigeants :

Jacques Offenbach, Les Contes d’Hoffmann, avec Raoul Jobin, Vina Bovy, Géori Boué, Bourvil, Orchestre de l’Opéra-Comique de Paris, direction André Cluytens, 1948 (Naxos)

Charles Gounod, Mireille, avec Michel Sénéchal, Solange Michel, Christiane Stutzmann, Robert Massard, Adrien Legros, Aimé Doniat, Chœur et Orchestre symphonique de Paris, direction Jésus Etcheverry, février-mars 1962.

Jules Massenet, Thaïs, avec Robert Massard, Michel Senéchal, Gérard Serkoyan, Chœur et Orchestre de Paris, direction Jésus Etcheverry, 1961.

Gioachino Rossini, Le Barbier de Séville, version d’anthologie en français, avec Alain Vanzo, Robert Massard, Adrien Legros, Julien Giovannetti (Bartholo), Orchestre symphonique non précisé, direction Jésus Etcheverry.

Giuseppe Verdi, Rigoletto, en version française avec Guy Fouché, Ernest Blanc, Denise Scharley, Gerard Bourreli, Maria Valetti, Maurice Faure, André Dumas, Orchestre sous la direction de Pierre Cruchon 1966.

Jules Massenet, Manon, avec Alain Vanzo et Robert Massart sous la direction de Jésus Etcheverry en 1956.

Jules Massenet, Sapho, avec Ginés Siréra, Adrien Legros, Gisèle Ory, Elya Weismann sous la direction de Roger Boutry en 1976.

On n’oubliera pas, en l’écoutant, son respect du texte, sa grande musicalité, sa grâce, son esprit pétillant sensuel, un aigu brillant (contre fa dans la reine de la Nuit de la Flûte Enchantée de Mozart). Et surtout cette articulation impeccable et sa diction française sans faille.

Cette voix de cristal a rejoint depuis le 6 février le firmament des artistes françaises. Dès que la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir l’association Opéravenir rendra hommage à cette grande dame du chant.

Jean-François Principiano

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