Renaud Muselier à Toulon

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Hier, mercredi 5 mai 2021, Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Président de Régions de France, s’est rendu, en compagnie d’Hubert Falco, Maire de Toulon, Président de la Métropole Toulon Provence Méditerranée, ancien Ministre à la Galerie des Musées à Toulon, à l’occasion du Bi-centenaire de la mort de Napoléon Bonaparte.

À cette occasion, ils ont pu assister à la présentation de l’exposition basée sur Napoléon Bonaparte, accompagné de Rémy KERTENIAN, Directeur des affaires culturelles de la Ville de Toulon.

Tout le monde attendait le discours de Renaud Muselier après les effets de manche de ces deux derniers jours. À vous de juger en lisant entre les lignes.

Un peu d’humour ne peut pas nuire quand il y a de l’électricité dans l’air. Quand Renaud Muselier a parlé de Chateaubriand un ancien député à chemise rouge a cru un instant … qu’on allait passer à table.

VERBATIM

Seul le prononcé fait foi

Merci à chacune et chacun d’entre vous pour votre présence aujourd’hui. Je suis très heureux de vous retrouver dans ce lieu magnifique qu’est la Galerie des Musées de Toulon, où nous avons pu découvrir cette superbe exposition.
Elle porte un nom magnifique, « De Toulon à Alexandrie ». Ce n’est pas le plus court des chemins, mais c’est la route de la grandeur. La grandeur d’un jeune officier français, d’un surdoué de l’art de la guerre, du Var jusqu’aux Pyramides. La grandeur de notre pays tout entier, devenu de 1789 à 1815 le centre du monde, l’objet de toutes les attentions. Cette exposition sera révélée au public le 19 mai prochain, dans le cadre d’un protocole sanitaire clair, dans le cadre du retour à la vie et de la réouverture de nos musées.
Merci, mon cher Hubert FALCO, pour ton accueil aujourd’hui, merci d’avoir proposé que ta ville, Toulon, soit le lieu aujourd’hui de cet hommage. J’aime l’histoire de notre pays. J’aime son tumulte, ses fracas, j’aime ce qu’il y a de vivant dans ses rebondissements en permanence, j’aime ses successions de dynasties et de régimes politiques.
J’aime cette grandeur éternelle qui ne disparaît jamais même dans les heures les plus sombres, et j’aime aussi voir cette histoire pour ce qu’elle est. Avec ses moments d’ombre et ses moments de lumière. Avec ses actes de gloire comme ses instants de lâcheté.
Regarder en face son histoire, c’est être capable d’en distinguer le pire et le meilleur. C’est être capable de porter un jugement lucide sur les mérites et les dérives de chacun.
Mais la regarder en face, ce n’est pas non plus la démonter pièce par pièce pour en faire le procès. La regarder en face, ce n’est pas juger chaque époque, chaque discours, chaque caractère, avec le regard des hommes de 2021. Aimer l’histoire, c’est savoir l’assumer dans le bon comme dans le mauvais. Avec Napoléon BONAPARTE, on est au cœur du sujet.
Il y a 200 ans, une lumière s’éteignait. Dans le froid et l’austérité de l’exil de Sainte-Hélène, celui qui fut Général de l’armée française, Consul, Premier Consul, Empereur des Français disparaissait.
Il était le visage de son siècle naissant, il était l’« âme du monde à cheval », comme l’avait surnommé HEGUEL. Il y a 200 ans jour pour jour, le vainqueur de 40 batailles inoubliables, de l’Égypte à la Russie, rendait définitivement les armes.
Son meilleur ennemi, CHATEAUBRIAND, nous a laissé la plus belle phrase possible à ce sujet. « À six heures moins onze minutes du soir, au milieu du vent, de la pluie et du fracas des flots, Bonaparte rendit à Dieu le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l’argile humaine. »
Ce que nous commémorons aujourd’hui à travers cette date, c’est un personnage central de l’Histoire, pas seulement de l’Histoire de France, mais de l’Histoire universelle. Nous en sommes ici un peu plus les héritiers qu’ailleurs, et je ne crois pas faire offense à tous mes amis corses en disant cela. Pour réconcilier tout le monde, disons que Napoléon était un homme du Sud.
Après avoir été chassé de Corse avec sa famille en 1793, le jeune Napoléon BONAPARTE, âgé de 23 ans, trouve refuge à Toulon et décide de commencer une nouvelle vie. Il s’engage pour la jeune République française, alors en proie aux pires menaces pour sa survie. Avec les siens, le capitaine BONAPARTE erre de ville en ville, Marseille, La Valette-du-Var, Antibes, avant de rejoindre son régiment à Nice pour la reconquête d’Avignon.
Notre région va devenir le théâtre de ses premiers succès. C’est ici, à Toulon, que le jeune BONAPARTE marque pour la première fois l’Histoire. Il met au point la stratégie qui permettra de chasser les Britanniques et les royalistes qui occupaient depuis quatre mois ce port stratégique. Ce premier fait d’armes lui vaut d’accéder au grade de général de brigade et de se voir confier l’organisation de la défense de Marseille, elle aussi menacée.
C’est à ce moment que son histoire commence. Brièvement incarcéré à Antibes après la chute de Robespierre, du fait de sa proximité avec son frère Augustin, il se fiance ensuite avec la Marseillaise Désirée CLARY, qu’il oubliera pourtant bientôt pour Joséphine de BEAUHARNAIS.
En 1796, c’est de Menton que BONAPARTE s’élance pour sa fulgurante campagne d’Italie. En 1798, c’est de Toulon qu’il embarque pour son incroyable campagne d’Égypte. En 1799, c’est à Saint-Raphaël qu’il reposera le pied sur le sol de France pour aller conquérir le pouvoir.
Enfin, c’est à Golfe-Juan, aujourd’hui dans la commune de Vallauris, qu’il débarquera en 1815 pour entamer l’aventure des Cent-Jours.
C’est probablement le plus romantique des souvenirs qui lie Napoléon BONAPARTE à notre territoire. Il s’échappe de son premier exil, sous le soleil de l’île d’Elbe, et accoste sur nos terres pour reconquérir son trône.
C’est le « Vol de l’Aigle, de clocher en clocher », où il « survole » entre autres Cannes, Grasse, Castellane, Malijai, Sisteron, Tallard, Gap…
À chaque garnison de soldats qu’il rencontre sur son chemin, il parlemente, explique son retour, démontre son ambition.
Et neuf fois sur dix, les soldats le rejoignent plutôt que de lui barrer la route. Sa montée jusqu’à Paris est un refus de la fatalité de la Restauration monarchique. Il additionne, il rassemble, il réunit tous ceux qui veulent le rejoindre dans son combat.
Et tout ça se joue sur nos terres, dans notre région, à un moment où l’histoire de l’Europe et du monde peuvent basculer ensemble dans le sens de la monarchie ou dans le sens des Lumières. C’est un Empereur déchu qui, à 45 ans, sent renaître en lui la puissance et la vie du jeune capitaine indomptable de la République qu’il fut, sur les terres de ses premières gloires.
J’aime rappeler à quel point notre région a été importante pour Napoléon BONAPARTE. Je crois que nous pouvons en être particulièrement fiers.
La France doit célébrer le bicentenaire de la mort de Napoléon. Oui, l’homme qui rétablit l’esclavage dans les colonies françaises est aussi celui auquel nous devons la survie de l’esprit de la Révolution française.
Oui, il est aussi celui auquel on doit le Code Civil, les lycées en passant par l’Université restaurée, le corps préfectoral, la Légion d’honneur, le baccalauréat, … sans oublier la protection du savon de Marseille.
Oui, il est aussi le génie militaire qui protégea à maintes reprises la France contre les tentatives d’invasion de ses ennemis, c’est-à-dire ceux de la Révolution. Ses victoires ont couvert la France de gloire.
Incontestablement, Napoléon incarne la complexité de l’Histoire, une complexité qui nécessite d’être regardée en face. Il ne s’agit ni de condamner, ni d’absoudre Napoléon. L’Histoire est l’Histoire, elle a son importance et sa place.
Et de cette histoire, il faut toujours écouter les blessures, les souffrances, les mémoires. Elles aussi appartiennent à l’Histoire de ceux qui les ressentent, et elles doivent être entendues et respectées.
Commémorer le souvenir de Napoléon a un sens particulier ces temps-ci. À l’heure des doutes et des crises, ça ne fait pas de mal de se souvenir que l’Histoire de France est faite de crises existentielles qui ont toutes failli l’emporter, mais dont elle s’est toujours relevée.
Commémorer Napoléon ne doit pas constituer un moment de division nationale. C’est un grand personnage de notre Histoire, une figure emblématique de notre grandeur dans le monde, un inoubliable parmi les inoubliables.
Je laisserai le dernier mot à un grand de cette histoire de France, le Général de GAULLE. Il le dit en ces quelques paroles à André MALRAUX : « Pour la France, il devait exister. Ne marchandons pas la grandeur. » Ne marchandons pas non plus notre hommage aujourd’hui.
Je vous remercie.

(crédits photos : Claude ALMODOVAR).

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