Réforme ou Reformatage du Collège?

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La réforme du collège vient d’être adoptée par le Conseil supérieur de l’éducation par 51 voix contre 25 et prendra effet à la rentrée 2016. Selon la ministre de l’Education, Najat Vallaud Belkacem, il s’agit de « faire mieux réussir les élèves » et de « démocratiser la réussite ». On sait en effet que le collège est « le maillon faible » du système éducatif français : 140.000 élèves en sortent chaque année sans qualification ni diplôme.

Les trois maîtres mots de cette réforme sont souplesse, autonomie, interdisciplinarité. Souplesse pour les équipes pédagogiques, autonomie des établissements et interdisciplinarité en ce qui concerne les matières enseignées. La ministre espère ainsi lutter contre « l’ennui », source de « passivité » de l’élève auquel la nouvelle réforme va offrir « la maîtrise de ce qu’on lui aura appris ». Vaste programme qui (re) met dos à dos les anciens et les modernes. Ceux pour qui apprendre demande nécessairement un effort soutenu et ceux pour qui l’école serait « allégée » de ses programmes trop lourds, l’élève un consommateur de savoir immédiat et l’enseignant une sorte de gentil animateur…

Si la suppression des classes de niveau (classe Europe, classe bilangue par exemple) vont dans le sens d’une plus grande égalité entre les élèves, en revanche on peut s’interroger sur les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), refonte des anciens IDD (Itinéraires de découverte) mis en place à la fin des années 1990, vite supprimés car peu efficaces dans la progression des élèves. Idem en ce qui concerne la seconde langue en 5e. Quand on sait que 25% des élèves qui entrent en 6e ne maîtrisent pas la lecture et l’écrit en français, à quoi bon l’apprentissage d’une langue supplémentaire ? Ne devrait-on pas d’abord approfondir la connaissance du français ? et le latin et le grec devenant des options n’aideront certes pas à sa maîtrise… Enfin l’accompagnement personnalisé des élèves peut paraître une initiative intéressante. Cet accompagnement était déjà en place depuis quelques années pour les 6e à raison d’une heure par semaine sans résultats probants comme j’ai pu le constater quand j’étais enseignante en français jusqu’en 2014.

Une réforme du collège est certes nécessaire mais elle doit s’inscrire dans une approche plus globale qui prenne en compte la place de la culture au sens large dans notre société. La question récurrente de mes élèves depuis une quinzaine d’années était « A quoi ça sert le français et l’orthographe ? ». Ca sert notamment à devenir des citoyennes et des citoyens doué(e)s de réflexion et de sens critique…

Danièle Masse

 

 

 

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