Rassembler pour gagner ou exclure pour perdre : la FI doit choisir

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L’excellent résultat de Jean-Luc Mélenchon au 1er tour de la présidentielle est à l’évidence à mettre au crédit du candidat, à ses propositions, à ses soutiens de la France-insoumise mais aussi du Parti communiste et d’Ensemble !

Sur ce dernier point, on aurait apprécié que le candidat et ses militants au plan national et local, remercient celles et ceux qui, sans être adhérents à la FI, ont fait campagne et donc contribué au résultat du candidat commun. D’autant qu’il était déjà candidat en 2012 pour le Front de Gauche (PCF-PG-Ensemble-gauche unitaire). En 2017 il se présentait cette fois en dehors des partis et formait son propre mouvement.

Un mouvement auquel il faut se rallier si l’on veut avoir le label « FI » qui prime sur toute autre appartenance et qui est exigé pour être éventuellement présenté aux législatives.

Le PCF avait considéré, avant même que JLM ne déclare sa candidature, début 2016,
qu’il était préférable de créer les conditions d’un rassemblement plus large des forces hostiles aux politiques libérales imposées au peuple et contraires aux promesses électorales du candidat PS en 2012.

C’est pour ne pas ajouter à la division des candidats potentiels à la gauche du PS, que le PCF n’a pas présenté de candidat, après un débat interne intense, tranché par la consultation de ses adhérents. Une forte minorité considérait qu’une candidature communiste pouvait, lors de la pré-campagne, mieux faire entendre l’ambition qu’il voulait faire partager de rassembler pour gagner une majorité potentielle de la vraie gauche et des écologistes autour d’un programme et d’un candidat communs. Après quoi le candidat communiste se serait rallié au choix collectif. JL Mélenchon figurant parmi les candidats les plus crédibles.

Cette proposition, si elle avait été entendue, aurait, à coup sûr, débouché sur une qualification certaine pour le second tour puisque les différents candidats Mélenchon, Hamon, Poutou, Arthaud ont totalisé 27,7% des suffrages dans un contexte de division !

Aucune des autres forces progressistes désirant présenter un candidat n’a répondu aux appels insistants du PCF et du Front de gauche durant plus d’un an !

Ce n’est pas le passé, c’est le présent avec toutes ses conséquences sur les législatives : la gauche, affaiblie et divisée, n’a pas réussi à se qualifier…malgré la campagne dynamique de Jean-Luc Mélenchon, son très bon score et l’émergence de son mouvement-parti (?) ayant mobilisé de nouveaux électeurs, notamment chez les jeunes et contribué à la défaite des partis ayant exercé le pouvoir depuis des décennies. Le Fn progressant encore néanmoins.

Peut-être faudrait-il retenir cette leçon si l’on veut faire des législatives le 3è tour de la présidentielle, ce qui est tout à fait possible, à condition de laisser les intérêts de « boutique » au vestiaire et de penser à l’enjeu réel pour le peuple : se donner un contre-pouvoir, une assemblée nationale où les forces de la transformation sociale peuvent être majoritaires si elles se rassemblent dans chaque circonscription…ou bien  elles laisseront les sièges à nos adversaires communs. Au bénéfice de qui ?

Or, force est de constater que ce n’est pas la voie choisie par JL Mélenchon et la FI suivie à la lettre par les candidats locaux. Ils en sont même arrivés à vouloir interdire, par voie judiciaire, aux candidats du PCF  d’utiliser la photo de « leur » candidat qui serait « leur » propriété. Absolument incroyable !

Sans parler de leurs propositions limitant à une trentaine de circonscriptions (sur 577) celles qu’ils « laisseraient » au PCF moyennant la réciprocité dans 30 autres. Pour le reste, ils seraient présents partout, sans avoir répondu aux sollicitations locales, quitte à laisser face à face les candidats de Macron, des LR et du FN que le rassemblement au 1er tour pourrait battre.

C’est le raisonnement du PCF que semble ne pas vouloir entendre les militants de FI grisés par le succès réel…mais relatif de la présidentielle. Il s’explique sans doute par un désir de tirer la couverture à soi pour additionner les voix recueillies nationalement et s’en prévaloir, même si c’est au prix de faire perdre des sièges à ses meilleurs alliés et à soi-même ???

Cela ne peut être ni compris, ni partagé. Car ce n’est pas une démarche de rassemblement des forces de gauche et écologiques, absolument nécessaire pour inverser un rapport des forces qui ne leur est pas favorable…notamment dans le Var ! C’est objectivement une démarche de division.

Alors que le PCF réaffirme « qu’il va de soi qu’en cas de majorité parlementaire, l’Avenir en commun constituerait le socle de cette majorité… » et propose comme bannière commune : « la force du peuple à l’Assemblée nationale ».

Les propos tenus par des candidats FI dans le Var l’illustrent abondamment, comme ceux de Laurent Richard (La Seyne) : « On a fait exploser ce vieux monde au 1er tour. On était les seuls sur le terrain. On avance dans la clarté avec une idée : l’avenir en commun… » Luc Léandri (Toulon) avant le 2è tour de la présidentielle : « c’est à Macron à convaincre nos électeurs comme nous avons su le faire sur le terrain pendant la campagne…. » ou encore Danielle Lapierre (Hyères) à la question : « Vous serez la seule candidate de gauche ? » « Oui je pense, sauf que…il y a encore une candidate communiste qui se maintient..!. »

Où donc ont-ils vu qu’ils étaient les seuls sur le terrain ?  et qu’est-ce à dire  que ce « il y a encore une candidate communiste qui se maintient ? » Auriez-vous le monopole de la gauche désormais ? Quel mépris vis-à-vis d’un allié qui avait, ici et ailleurs, beaucoup plus de militants engagés sur le terrain très régulièrement et qui ne se seraient jamais permis de critiquer le militantisme de la FI. Un peu de modestie : s’il y a « encore » une candidate dans la 3è, c’est que FI n’a jamais répondu aux sollicitations du PCF dans le Var comme ailleurs, préférant partir seule !

Les candidats communistes n’ont jamais eu l’intention de partir seuls, mais de créer les conditions du rassemblement à la gauche du PS. Ce que ne veut pas la FI, si ce n’est derrière ses seuls candidats et c’est dommage.

Comment rassembler large si l’on ne peut s’entendre entre formations qui soutenaient le même candidat ?

Il y a toujours eu des candidats communistes dans les circonscriptions où l’union ne pouvait pas se faire et avant que la FI arrive…Même s’ils n’avaient aucune chance de l’emporter comme ici dans le Var, mais pour affronter la droite et l’extrême-droite. On ne compte plus les tentatives de rencontres à l’initiative de la seule fédération du PCF à FI et à tous nos alliés potentiels pour mieux résister, ici dans le Var, à l’hégémonie de la droite et du FN.

Ce serait ça leur reconnaissance de notre apport à la campagne de JL Mélenchon ? Où donc a-t-il fait les meilleurs résultats si ce n’est dans les municipalités, les circonscriptions où les communistes sont très bien implantés ?

Ressaisissez-vous, amis et camarades, ne perdez pas le sens des réalités : nous ne progresserons qu’ensemble, en renforçant nos convergences, en élargissant le rassemblement de toutes les victimes du libéralisme, de toutes les forces qui s’y opposent. Pas en visant une quelconque hégémonie au détriment des partenaires, mais en respectant leurs différences. Et c’est par le dialogue que nous y parviendrons. En même temps que  par les luttes qui nous attendent, à n’en pas douter.

Un espoir s’est levé qu’il faut amplifier jusqu’à ce qu’il devienne l’objectif du plus grand nombre. Les législatives sont l’occasion de nouveaux succès si l’on se parle, si l’on se rassemble pour gagner.

René Fredon

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