En 1628, la famine est terrible, le Duc d’Epernon qui réside dans son hôtel particulier à Brignoles soumet les habitants de Le Val à une cure d’austérité. Installé dans la bonne ville de Brignoles le duc qui avait rang de gouverneur exerçait certains pouvoirs par délégation du Comte de Provence et jouissait sans pudeur de tous les privilèges attachés au très complexe système féodal.
Impôts écrasants, il était bien plus mauvais que le percepteur de Brignoles aujourd’hui.
Hivers très rigoureux, mauvaises récoltes, et peste endémique faisaient régner un fort mécontentement. C’était au point qu’il fallut lui rabattre sa superbe avec de la poudre noire . Il fut dûment dynamité , le cul sur une poutre et dit l’histoire les poils du cul roussis. Le contentieux s’alourdit et nos deux consuls qui ne parlaient que le Provencal demandèrent aide à l’abbé de Montmajour qui demeurait à Correns afin de sortir la commune de ces difficultés. Celui-ci les accompagna à la Rochelle en janvier 1628 ou Louis XIII qui en faisait le siège les reçût. Pourquoi le siège de la Rochelle ? C’était le port par lequel les protestants recevaient des renforts d’Angleterre.
Nos consuls rencontrèrent e Roi qui avait 27 ans et était en pleine force de l’âge. Il le fallait car le siège dura deux ans et où 5000 boulets furent tirés sur cette belle ville. Il était accompagné du cardinal de Richelieu qui était le Jean Marc Ayrault de l’époque.
L’histoire raconte qu’ils se sont amusés de voir arriver nos deux consuls avec l ‘abbé de Montmajour.
Et le Roi accorda par lettres patentes le privilège pour sauver ce petit village d’être chaque année les premiers à vendre saucisses et boudins sur le territoire des trois vigueries Brignoles , Barjols et Saint Maximin.
Le Val devenait de ce fait la première commune du secteur autorisée à saigner les cochons au début du mois de septembre.
Forts de ce monopole qui à l’époque valait son pesant d’or, Rappelez vous qu’en 1628 , il n’y avait pas de frigo et encore moins de congélateur, les villageois prirent l’habitude d’organiser une foire à la saucisse qui devint vite célèbre dans toute la région.
Au fil des siècles, il était de bon ton de venir à Le Val avant les vendanges pour faire provision de «boudin primeur et autres charcutailles»
La foire du Val tomba une première fois en désuétude en 1757, mais le conseil de la communauté chargea les consuls de la rétablir dès la même année , ce qui fut fait.
La guerre de 1939/1945 et son cortège de vicissitudes mirent un terme à ces charmants rendez-vous de la gastronomie porcine .
En 1984 , un petit groupe d’irréductibles Les Mestre Tastaire en Porcarié ( maitres tasteurs en Cochonailles ) décidèrent avec la bénédiction de St Antoine dont l’église possède une statue de renouer avec cette noble tradition. Notre premier grand mestre Alfred GAUTIER imagina notre vêture. Robe rouge comme le sang du cochon , bavette blanche en souvenir du tablier du charcutier, cape aux couleurs de sang de boudin et queue d’oignons, collier aux couleurs de la Provence et le bonnet de velours bleu roi, aux couleurs du roi de France.
Nous rendons le dimanche de La Foire à 9 h 30 hommage à Sant Antoni dou Porquet en la belle église de Le Val par une messe chantée .
Depuis , tous les premiers dimanche de septembre la Foire à la saucisse de Le Val a retrouvé toute sa saveur.
La confrérie a pour but de maintenir le souvenir du privilège royal , de conserver et remettre à l’honneur les traditions populaires et linguistiques locales, de soutenir l’effort des charcutiers, bouchers charcutiers , cuisiniers et traiteurs ( et vous aurez les résultats du grand concours – cette année le thème sera la pâté de tête) – concours qui va nous obliger à déguster de très nombreux pâtés et surtout d’en primer les meilleurs ) enfin de porter loin la renommée de notre charcuterie, de notre cuisine et de nos vins et faites confiance à notre Grand Maître pour parcourir la France entière.
Voilà en résumé un petit rappel des origines de cette foire . alors plus que jamais mes chers amis de toutes les confréries bacchiques et gastronomiques qui avaient tous à cœur de sauvegarder et célébrer les traditions gastronomiques et les vins de nos terroirs , à vous habitants de Le Val et surtout à vous amis touristes, bienvenue.
J’espère que vous arriverez ( dûment assoiffés et ventre creux pour faire face vaillamment aux agapes rabelaisiennes ).
A tous un salut confraternel et cette année mention spéciale à nos invités d’honneur , La confrérie de la moutarde de Dijon qui fera une démonstration de fabrication de moutarde à l’ancienne.