On se souvient de la grande opération de communication de Christian Estrosi en début d’année : Il disait avoir obtenu une rallonge de l’Europe sur les fonds européens. La réalité était toute autre : l’Europe venait juste de débloquer des fonds conformément aux enveloppes déjà votées par la précédente majorité. Nous étions plusieurs à l’avoir rappelé.
L ’opération recommence avec le Contrat de Plan Etat Région (CPER).
1/ M. Estrosi fait croire qu’il a obtenu une rallonge de 120 M€ (La Provence du 13 juillet 2016). Il s’agit en réalité des financements attendus des autres collectivités locales, notamment les Conseils départementaux, qui ont été réélus en mars 2015. Il leur était impossible, l’année dernière, de s’engager réellement sur le CPER. Il était tout à fait prévu qu’ils complètent le dispositif par la suite, en rediscutant certains projets, et qu’un Avenant en découlerait, avec un repositionnement de l’Etat.
Parmi ces collectivités, la Métropole de Nice, présidée par M. Estrosi, avait boycotté toutes les réunions de concertation sur le CPER, quelques mois avant les élections régionales où le même M. Estrosi se présentait. Il s’agissait d’une opération politique pour faire croire que « la Région ne fait rien pour Nice » et garder des effets d’annonce après les élections. C’est chose faite.
Voilà bien l’illustration néfaste du cumul de mandats et de fonctions, qu’il a faussement abandonné, avant de déclarer tout récemment qu’il était pour son rétablissement !
2/ M. Estrosi et son entourage entretiennent la confusion sur le volet ferroviaire. Ils communiquent sur la seule part de la Région qui diminue de seulement 4,7 M€. Ils masquent évidemment la réalité d’une baisse globale de 225 M€, tous financeurs compris.
Nous tenons à disposition des journalistes qui le souhaitent les tableaux avec toutes les lignes par projet.
La réouverture de la ligne Aix / Rognac (Etang de Berre) représentait à elle seule 87 M€ dont 28 M€ pour la Région. Ce projet a disparu, et la somme Région est réaffectée sur des projets déjà identifiés, donc aucun de nouveau. Les autres victimes sont la ligne Mandelieu/ Vintimille et le tronçon Breil/Tende sur la ligne Cuneo/Vintimille, sur lequel nous nous étions beaucoup battus.
Sur la part Région, la proportion Rail / Route reste bien celle qui avait été votée par la précédente majorité, sous l’impulsion des écologistes (1 € sur la route, 2 € sur le rail). M. Estrosi avait à l’époque condamné ce choix et demandé plus de routes et d’autoroutes. En réalité, il augmente les financements régionaux à la Route hors CPER.
Symbole de cette orientation politique : le budget consacré au tronçon Breil/Tende (frontière franco-italienne) est divisé par deux (-47 M€ sur l’ensemble des financeurs). Dans le même temps, la Région annonce qu’elle va consacrer 35 M€ à elle seule, au doublement du tunnel routier de Tende, hors CPER.
Derrière cette énième opération de communication, force est de constater que l’absence d’opposition à la Région est un drame pour la démocratie. Le Front National ne sert évidemment à rien, et surtout pas à jouer un rôle de vigie ou à faire des contre-propositions sur les transports régionaux.
Avec ou sans mandat d’élu, les écologistes seront toujours là pour faire entendre une autre voix.
Sophie CAMARD
Tête de liste EELV aux dernières élections régionales
Présidente du Groupe Ecologiste de la Région PACA de 2010 à 2015, ayant suivi, à ce titre, des engagements régionaux sur le CPER
