Quatre compositeurs américains à Toulon

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Samedi 4 mai 20h à l’Opéra de Toulon les mélomanes toulonnais seront à l’heure américaine avec un concert consacré à quatre grands noms de la musique américaine : Ned Rorem, Michael Torke, Samuel Barber et George Gershwin.

Pilgrims de Ned Rorem
Ned Rorem né en 1923 étudie le piano, le contrepoint et l’harmonie au Curtis Institute of Music de Philadelphie où il reçoit également une formation vocale de Gian Carlo Menotti. En 1944, il s’installe à New York et parfait son apprentissage à la Julliard School of Music puis auprès de Virgil Thomson qui lui dispense des cours d’orchestration. Durant les étés 1946 et 1947, Ned Rorem étudie l’harmonie moderne avec Aaron Copland au Berkshire Music Center de Tanglewood. L’obtention du « Gershwin Memorial Award » lui permet de voyager en France où il assimile rapidement les arts musicaux et travaille aux côtés du compositeur Arthur Honegger. Il se lie d’amitié avec Francis Poulenc, Georges Auric ou encore Jean Cocteau et acquiert bientôt la protection de la vicomtesse Laure de Noailles qui lui ouvre le cercle des compositeurs modernes parisiens. De retour aux États-Unis en 1958, il répond aux commandes de diverses institutions et enseigne la composition au sein de plusieurs universités. Nous pourrons entendre son œuvre pour orchestre à corde d’une durée de 8 minutes. Pilgrims https://www.youtube.com/watch?v=LnJGaK3-1Wo

Javelin de Michael Torke
Cette pièce symphonique de 10 minutes  est écrite par Torke pour les Jeux Olympique d’Atlanta en 1996. Michael Torke (né le 22 septembre 1961) est un compositeur qui écrit de la musique influencée par le jazz et le minimalisme. Il est né  à Milwaukee, dans le Wisconsin, où il fréquente l’école élémentaire à Wilson et est diplômé de la Wauwatosa East High School. Il étudie ensuite à l’école de musique Eastman avec Joseph Schwantner et Christopher Rouse et avec Michael Daugherty à l’Université de Yale. Son style tonal vaguement descriptif s’apparente nettement à la musique de film. Javelin est un hommage au sport. La pièce est courte mais fortement pulsante dans un élan optimiste. Son opéra Pop’pea, une version opéra-rock de  L’incoronazione di Poppea de Monteverdi, commandé par le Théâtre du Châtelet, a été créée le 29 mai 2012 avec un certain succès.

https://www.youtube.com/watch?v=35xnOpOFjKo

Le Concerto pour violon de Samuel Barber
C’est sans doute une des plus belles pages du compositeur. Le Concerto pour violon op. 14  fait partie de ces œuvres qui ont été éclipsées par la grande popularité de l’Adagio. Et quel dommage! Composé en 1940, ce concerto a été commandé à Barber par Samuel Fels pour son fils adoptif, le violoniste Iso Briselli. Le compositeur écrit les deux premiers mouvements alors qu’il passe l’été  à Sils-Maria dans les Grisons. Mais lorsqu’il les présente à son destinataire, celui-ci les trouve trop simples et pas assez brillants pour un concerto. Du coup, Barber compose un troisième mouvement extrêmement virtuose que Briselli trouvera finalement trop difficile. Le Concerto a heureusement plu à d’autres violonistes qui ont accepté de l’interpréter. Il dure une vingtaine de minutes et est composé de trois mouvements. Attention c’est un petit chef-d’œuvre. La soliste sera la jeune prodige du violon Karen Gomyo accompagnée par l’Orchestre Symphonique de Toulon sous la direction de Jan Latham-Koenig  qui aura la mission de défendre cette belle musique du XX° siècle.

Un américain à Paris de George Gershwin  
Pour couronner ce programme la fin sera confiée à Gershwin et à son chef-d’œuvre Un Américain a Paris George Gershwin (1898-1937) est certainement le compositeur le plus facilement reconnu comme « américain » par le public. Cette étiquette lui colle à la peau depuis presque toujours et même Arturo Toscanini considérait sa musique comme la seule « véritablement américaine ». Mais Gershwin est à l’image des États-Unis, un condensé d’influences allié à une vie aussi épique que fascinante.
Georges Gershwin a l’idée d’Un Américain à Paris, en 1928, lors de son second séjour dans la capitale française. Le compositeur s’est déjà rendu à Paris peu après la fin de la première guerre mondiale, et il est séduit par la nonchalance et la jovialité de l’atmosphère qui règne alors dans la cité. Il fait également la connaissance des grands compositeurs de l’époque comme Milhaud, Poulenc, Stravinsky et Prokofiev. C’est d’ailleurs lors de séjour qu’il rencontre Maurice Ravel qui l’encourage à rester lui-même. Il débute l’écriture de son ouvrage peu après son retour de Paris. Son ambition est de « présenter les impressions d’un Américain visitant Paris. Tandis qu’il se promène dans la ville, il prête attention aux bruits des rues et s’imprègne d’ambiance parisienne ». La pièce s’apparente à un poème symphonique sans programme précis, chacun pouvant stimuler son esprit pour se représenter sa visite imaginaire de la Ville lumière.  L’orchestration, de la main même du compositeur, est exceptionnellement brillante et exige un orchestre largement fourni en percussions : tam-tam, bâtons de rythme, glockenspiel, xylophone, célesta. De manière à rendre, toutes les facettes de la vie urbaine, le compositeur exige l’utilisation de véritables klaxons d’automobiles. Œuvre sous l’emprise de l’Europe, Un américain à Paris reste tout de même une partition « américaine ». La pièce est traversée par un blues central confié à la trompette bouchée sur un accompagnement de cordes et des percussions assourdies, par un charleston introduit par deux trompettes mais elle est aussi animée par un swing irrésistible qui passe des cordes aux vents. Cela étant la maîtrise des transitions et l’imbrication des thèmes témoignent du solide métier acquis, depuis la Rhapsody in Blue par le compositeur. La première audition triomphale de la partition se déroula le 13 décembre 1928 à New York. On y retrouvera  au début, si l’on a l’oreille attentive, un emprunt de quelques mesures à la célèbre  Mattchiche de notre toulonnais Felix Mayol : « C’est la danse nouvelle, Mademoiselle, ainsi qu’une Espagnole Lascive et folle »… Y aurait-il une influence de Toulon sur la musique américaine ? (lol)

Jean-François Principiano

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