Protéger la forêt contre les incendies

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Avec une surface couvrant un quart du territoire national soit quinze millions d’hectares de forêts, la France occupe la troisième place des pays les plus boisés de l’Union européenne. Mais cette richesse, à laquelle s’ajoute la nombreuse diversité des zones forestières françaises constituées de plus de 130 espèces d’arbres différentes, rend le territoire plus vulnérable aux incendies.

2017 a de nouveau été marquée par un nombre important d’incendies, notamment dans le sud-est de la France et la Corse. Selon les conditions climatiques et météorologiques, et selon les régions, ces feux endommagent chaque année de nombreux biens, mettent en jeu des vies humaines et nécessitent l’intervention de moyens terrestres et aériens importants, appuyés par divers services publics.

C’est grâce à une politique globale et une véritable stratégie pérenne que la lutte contre le feu s’organise dans notre pays, depuis la prévention au quotidien, la surveillance des massifs, l’anticipation des risques jusqu’à une lutte efficiente et multivectorielle contre les sinistres.

Dès le début de la saison estivale, tous les services de l’État mais aussi les services départementaux d’incendie, les collectivités locales, les conseils départe- mentaux, les intercommunalités, les associations et les comités feux de forêts sont mobilisés pour lutter contre ce type de feu, la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises du ministère de l’Intérieur étant en charge du dispositif national.

En 2017, la DGSCGC a déployé d’importants moyens pour protéger les populations et les massifs forestiers. Elle mène une politique de prévention active, dont la priorité est d’informer le grand public et les usagers de la forêt et également d’action, avec une veille permanente via le COGIC et les ÉMIZ en mobilisant ses moyens nationaux, aériens et terrestres lors d’interventions.

24 500 ha c’est le bilan définitif et officiel de la végétation parcourue par les feux de forêt en France en 2017. Un chiffre en hausse par rapport à 2016 mais très loin des 73 000 ha parcourus en 2003 sur notre territoire ou des surfaces détruites au niveau européen.

Ce chiffre brut s’explique par plusieurs facteurs :
-un nombre plus important de départs de feux liés à des fortes chaleurs et à la sécheresse.
-un nombre accru de journées avec de forts vents qui favorisent la propagation et rendent encore plus difficile l’intervention des moyens aériens et terrestres ;
-une végétation en forte carence hydrique ayant accru l’intensité des sinistres et cela dès la mise à feu.

En zone Sud, méditerranéenne
La zone méditerranéenne est restée en 2017 la plus impactée avec plus de 85 % des surfaces détruites. Ce constat s’explique par le nombre important de feux mais aussi par les surfaces touchées sur certains d’entre eux (Olmeta di tuda 2 200 ha, La Londe-les- Maures 1 400 ha, Artigues 1 700 ha…) qui ont eu lieu dans les départements du sud-est et de la Corse ainsi que par l’apparition de feux précoces dès le printemps. La période d’activité la plus intense aura été celle de la dernière semaine de juillet avec une surface brûlée cumulée de 8 000 ha. Les départements du Var, de Haute-Corse, de Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes devaient donc faire face simultanément à des incendies à forts enjeux. L’activité opérationnelle est ainsi restée très soutenue durant l’été, et le dispositif de lutte a été prolongé suite au développement d’importants incendies jusqu’en octobre, notamment en Haute-Corse et dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Dans le Var :
– Artigues (1 780 ha le 24 juillet) ;
- La Londe-les-Maures (1 423 ha le 25 juillet).

Une prévention accrue pour éviter l’éclosion des incendies
La stratégie nationale mise en place par l’État impose des travaux de prévention. Le plan départemental de protection de la forêt contre l’incendie (PDPFCI) dé nit les grandes orientations en matière de prévention et de lutte contre les incendies, les actions à mener et les objectifs à atteindre en prenant en compte les feux et les aménagements ainsi que leur plani cation. Les travaux ainsi effectués visent à éviter la propagation des feux sur les zones forestières et faciliter l’intervention des services de secours. En parallèle, chaque mise en œuvre de mesures réglementaires, est en France une aide importante, ainsi l’obligation de débroussaillement s’applique dans les départements exposés aux risques d’incendie de forêt.

L’article L.134-6 du Code forestier prévoit une obligation de débroussaillement :
autour des constructions, chantiers et installations de toute nature, sur une profondeur de 50 mètres ;
-autour des voies privées donnant accès à ces constructions, chantiers et installations de toute nature, sur une profondeur de 10 mètres de part et d’autre et sur une hauteur minimale de 4 mètres ;
-sur la totalité des terrains situés en zones urbaines dé nies par un document d’urbanisme (POS, PLU, …).

Une détection précoce des incendies et une attaque initiale massive
L’attaque rapide des feux naissants constitue un pilier de la stratégie mise en place. Pour être traité efficacement, un feu doit avoir parcouru moins de 1 ha lorsque les premiers intervenants commencent à le combattre.
L’application de ce principe doit permettre d’attaquer en période de risque élevé tout feu dans les 10 minutes suivant sa détection. Elle repose sur la mobilisation prévisionnelle des moyens de lutte, qu’il s’agisse des sapeurs-pompiers des SDIS (déployés alors dans les massifs sensibles aux côtés des forestiers, des comités communaux feux de forêts…) ou des moyens nationaux qui y prennent toute leur part (détachements des UIISC mis en place également sur le terrain, principalement en Corse, colonnes prévisionnelles de renfort feux de forêts formées de sapeurs-pompiers qualifiés venant de toute la France, patrouilles militaires mises à disposition en application d’un protocole conclu avec le ministère des Armées). De plus, les avions prennent un rôle prépondérant dans la stratégie d’attaque des feux naissants. En effet, ils sont fréquemment les premiers sur les lieux de l’incendie, grâce au dispositif de surveillance appelé guet aérien armé (GAAR). Il appartient alors aux moyens terrestres d’exploiter leurs largages et d’achever l’extinction. Dans les autres cas, les moyens aériens appuient l’action des équipes au sol. Sans leur concours, l’objectif d’intervenir en période de risques sur les départs de feux avec un délai inférieur à dix minutes ne pourrait pas être atteint dans les secteurs difficiles d’accès.

Une évaluation précise et quotidienne du risque
Pour être efficace, cette démarche suppose de disposer d’éléments précis d’évaluation du risque d’incendies de forêts obtenus grâce à une collaboration avec Météo France et avec l’Office national des forêts. La coopération continue avec ces services permet de perfectionner les analyses conduites et d’affiner l’appréciation du danger d’incendie.
Cette approche est particulièrement poussée dans les départements méditerranéens : une cellule de prévisionnistes de Météo-France spécialisés dans l’analyse du danger feux de forêts est ainsi mise en place au sein de l’ÉMIZ Sud en été. Ses analyses sont consolidées par des analyses de la sensibilité des végétaux au feu conduites par l’ONF. Mais, elle s’applique également à l’ensemble du territoire.
Le COGIC (dans le cas d’arbitrage entre des demandes concurrentes de préfets de zone) ou les ÉMIZ sont ainsi en mesure d’anticiper et d’apporter la meilleure réponse aux situations de danger.

Des moyens dimensionnés pour des évènements majeurs
En n ce sont les colonnes de renforts nationales constituées de sapeurs-pompiers provenant de tous les départements de France, les sapeurs-sauveteurs des formations militaires de la sécurité civile avec leur différents groupes spécialisés et les moyens aériens de la Sécurité civile qui viennent appuyer les services départementaux d’incendie et de secours locaux. Ce dispositif « hors-norme » permet de réduire la majorité des feux à leur plus simple expression et constitue une force d’intervention sur les feux de forêts unique en Europe qui démontre annuellement toute sa force et toute sa pertinence.

À ce titre la Sécurité civile est capable de mobiliser quotidiennement plus de 20 avions et 35 000 sapeurs- pompiers et sapeurs-sauveteurs sans compter les hélicoptères utilisés en reconnaissance et de les répartir selon l’importance des sinistres et des besoins d’extinction.
Au premier niveau d’intervention, la lutte incombe aux sapeurs- pompiers locaux. Leur action est renforcée par des moyens mis en œuvre par le ministère de l’Intérieur et coordonnée par le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC) de la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises et par les préfets de zone de Défense (via les ÉMIZ).
-3 unités d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile (UIISC – plus de 650 hommes et femmes déployés sur le terrain) contribuent au dispositif d’intervention. Leurs matériels ont été modi és a n d’accroître leur complémentarité avec les secours locaux. 2 détachements d’intervention retardant sont ainsi constitués au sein des UIISC ainsi qu’un détachement d’intervention héliporté. 2 éléments d’appui dotés de bulldozers peuvent assurer la création de pistes ou de lignes de soutien pour permettre l’intervention de troupes au sol.
-Une dizaine de colonnes zonales de sapeurs- pompiers (700 personnels formés à la lutte contre les feux de forêts) sont mobilisables, à titre prévisionnel, en fonction de la situation opérationnelle ou lors des feux plus importants.
-Les moyens mis à disposition par le ministère des Armées, comprennent 2 hélicoptères de manœuvre et 1 hélicoptère léger (permettant l’engagement d’un détachement d’intervention héliporté des UIISC), des éléments de Génie et des modules de surveillance en Corse.
Ces moyens peuvent être complétés en fonction du contexte opérationnel.

Le DIH des FORMISC
Le détachement d’intervention héliporté des formations militaires de la Sécurité civile peut, grâce aux hélicoptères être engagé sur des sites inaccessibles par voie terrestre pour assurer le traitement de lisières actives, voire contribuer à l’évacuation de personnels. Le matériel aérotransportable permet à la trentaine d’hommes constituant le DIH de préparer les zones d’intervention et de déployer des tuyaux sur plus de 2 km. La permanence de l’alimentation en eau de ces établissements est assurée par les norias effectuées par les hélicoptères de manœuvre.

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