Premier de l’an, À chacun sa fête !

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Un jour porte bonheur
Le premier jour de l’année est toujours un peu sacré ; il marque notre futur destin pour toute l’année à venir. C’est une date de grande superstition pour toutes les civilisations où paroles, actes, rencontres, nourriture et dons sont des signes porte-bonheur. Chez les étrusques déjà il coïncidait avec le retour de la lumière et la campagne toscane était alors sillonnée par des milliers de feu rituels.

Un rite de passage
Si chaque pays, chaque peuple, chaque religion célèbre à sa manière « cette fête tant attendue, chacun a ses codes et ses rites immuables de passage pour éloigner le mauvais sort et attirer la chance lors des trois coutumes universelles du nouvel an : le réveillon, les vœux, les étrennes. » Précise l’historienne Sophie Horay-Lounguine.

Chants, danses, embrassades distanciées cette année se font dans la joie, la lumière et le bruit pour enterrer la vieille année et fêter la naissance de la nouvelle sous les meilleurs auspices (encore les Étrusques !). Musique, brindisi, bougies et feux d’artifice ayant eu toujours le pouvoir de faire fuir les mauvais esprits, c’est bien connu !

À chacun son calendrier
Tous les pays n’ont pas toujours le même calendrier. Leur origine, leur mode de calcul et leur durée étant sensiblement différents, le nouvel an se fête dans le monde entier, mais à une date correspondant au calendrier de chacun. Les calendriers julien et grégorien reposent sur le type solaire fondé sur le cycle des saisons et sur le temps de révolution de la Terre autour du Soleil. Les musulmans font confiance à la lune comme les juifs pratiquants ou les chinois.

En occident vint Jules César
Le calendrier grégorien dure trois cent soixante-cinq ou trois cent soixante-six jours, répartis sur douze mois de trente ou trente et un jours, excepté le mois de février, qui compte vingt-huit ou vingt-neuf jours si l’année est – ou non – bissextile. Il porte le nom du pape Grégoire, qui l’impose en 1582 et décrète, cette même année, que le vendredi 15 octobre sera… le lendemain du jeudi 4 octobre pour rattraper un retard de dix jours ! et les romains obtempérèrent ! En ces temps là les papes avaient de quoi se faire obéir.

L’année civile par contre est une invention de Jules César, le divin Jules, le tribun du peuple qui donna son nom à son calendrier, le calendrier julien.

La victoire du 1er Janvier
Bref,  même en occident le jour de l’an n’a pas toujours été fêté le 1er janvier. Il s’est imposé progressivement selon les pouvoirs en place. Les historiens situent ses premières célébrations à Babylone, deux mille ans avant notre ère. Dans l’Antiquité, le soleil étant la divinité première et souveraine, les cérémonies se rattachant à la nouvelle année ont lieu en son honneur lorsque l’ensoleillement augmente.

Pharaon fils du soleil
Par contre en Égypte pharaonique, la crue annuelle du Nil étant l’événement majeur de l’année, le Jour de l’an commence avec les premiers signes de la montée des eaux. Lors de cette fête, la plus sacrée des Égyptiens, chacun fait des offrandes aux morts et aux dieux, notamment à Ra, le dieu solaire, dont on fête à cette occasion la renaissance. La légende raconte que c’est la chatte Bastet qui mangea le serpent des ténèbres chaque nuit lorsqu’il se transformait en souris.

De Romulus à César
À Rome, Romulus fait commencer l’année le 1er mars. César, en 45 av. J.-C, le 1er janvier. Dans l’ancien calendrier romain, septembre est le septième mois ; octobre, le huitième… et mars, le premier mois de l’année de Martius, nom du dieu de la guerre qui débute avec le printemps. Le mot « janvier » vient du dieu romain Janus, du latin janua « la porte de l’avenir ».

Du Moyen Age à la Révolution,
De Napoléon à la mondialisation. Que de péripéties…
Sous les Mérovingiens, le Premier de l’an est célébré le 1er mars ; sous les Carolingiens, à Noël et sous les Capétiens, le 25 mars. Au XIe siècle, il est, sous l’influence de l’Église, transféré au Samedi saint. C’est au XVe siècle, le 9 août 1564, que Charles IX, par l’édit de Roussillon fixe le 1er janvier comme premier jour du premier mois de l’année. En langage fleurie, le roi décrète : « Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contracts, ordonnance, dicts tant patentes que missives, et toute escripture privée, l’année commence dorénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier.  »

Dans le calendrier républicain du poète Fabre d’Églantine décrété pendant la Révolution Française, le nouvel an tombait le… 23 septembre à l’équinoxe d’automne.

Le 9 septembre 1805, Napoléon abroge le calendrier républicain et instaure le rétablissement du calendrier grégorien à partir du 1er janvier 1806. Le 1er janvier deviendra un jour férié légal par un arrêté du Conseil d’État le 23 mars 1810. Merci Napo !

Et depuis plus rien n’a changé. Officiellement la mondialisation a opté (laïquement) pour cette date, de la Chine au Japon, de l’Arctique à l’Antarctique, de Tahiti à Sainte Hélène. Le monde entier a suivi plus ou moins le petit caporal corse…

Et comme on dit en Provence : Bono annado, bèn granado e bèn acoumpagnado !
Amistadousamen !

Jean François Principiano

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