Pour des hôpitaux de proximité dans le Var

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Le 3 Août dernier nous étions les premiers à vous parler du Groupement Hospitalier de Territoire dans le cadre de la loi de modernisation du système de santé, présentée en janvier 2016. Son objectif étant de « faire en sorte que les établissements d’un même territoire définissent une stratégie de prise en charge partagée, autour d’un projet médical commun, et gèrent ensemble certaines fonctions transversales », comme les systèmes d’information, les achats, la recherche, etc…

img_0696Pour faire écho à la loi de modernisation du système de santé et à cet article l’association Hyèroise AP2H présidée par Claude Rodriguez a organisé jeudi dernier une conférence débat en présence de Monsieur Pierre Juhan ancien directeur de centre hospitalier, Monsieur Olivier Andrau responsable du secteur santé à la Mairie de La Seyne sur mer et Madame Ghislaine Goussé, responsable syndicale à l’hôpital de Hyères. En effet à Hyères mais aussi à Draguignan, à Brignoles, à Saint Maximin l’arrivée de la loi de modernisation du système de santé inquiète certains professionnels comme de simples citoyens.

Cette conférence-débat avait pour but de présenter la situation actuelle et l’incidence de l’application de la loi de modernisation du système de santé.

 

Depuis plus de 10 ans le secteur de la santé est engagé dans des réformes qui remettent profondément en cause le mode de financement des hôpitaux et l’organisation des soins. Ce système inflationniste a mis des dizaines d’hôpitaux en situation de déficit après la loi HPST, la loi santé accélère les restructurations et les abandons d’activités jugées non rentables conduisant l’hôpital public au bord de l’implosion.

Pour une meilleure organisation territoriale de l’offre hospitalière publique
Depuis le 1er Janvier 2016 et sur tout le territoire national se sont 150 GHT qui à terme vont regrouper les quelques 2 200 établissements publics sanitaires et médicaux sociaux actuels. Avec le plan triennal 2015-2017 se sont 50 milliards d’€uros d’économies sur les dépenses publiques qui sont demandées dont 10 milliards d’€uros sur la santé. Certes avec des points positifs, le virage ambulatoire ou une meilleure gestion des flux de médicaments mais aussi, des points négatifs comme le projet phare sur les fonctions achats qui partent d’un bon sentiment mais dont on commence à voir les limites dans la mesure où se sont des achats excentrés donc du matériel qui ne correspond pas toujours à ce dont le personnel a besoin. Sans compter les délais de réception très longs qui rendent les choses un peu plus difficiles.
Ne nous y trompons pas, c’est surtout la volonté de contenir l’évolution de la masse salariale dont il est question. 22 000 emplois publics sont menacés de suppression au travers toutes les mutualisations, regroupement, non remplacement lors de départ à la retraite et enfin les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), sensés permettre une meilleure organisation territoriale de l’offre hospitalière publique, pour garantir une égalité d’accès à des soins de qualité et de sécurité.
Or sur le plan national, il est prévu une restriction des sites de réanimation de 45 sites on passera à 34, actuellement dans le Var il reste 43 lits de réanimation pour un département qui compte 1 100 000 habitants, alors qu’il en faudrait 70 au moins.
Il en est de même pour les maternités avec pour conséquence une concentration des naissances avec toujours moins de sites et une durée moyenne de séjour de 48 heures.
Nous sommes devant une menace du recul du secteur sanitaire public dans toutes les régions avec un risque de création de zones blanches où se faire soigner dans un hôpital public deviendra de plus en plus compliqué, pour ne pas dire impossible.
La tarification à l’activité a emballé le système de santé et créé des conditions de concurrence entre le secteur privé lucratif qui a le choix de ses malades et de son mode de recrutement et le secteur public qui a vocation à recevoir tous les patients. Ce qui le condamne à faire toujours plus d’activités.
Seule une prise de conscience collective permettra aux hôpitaux publics de proximité de résister.

La souffrance des soignants est réelle
Dans ce contexte de politique de l’acte qui répond à une logique financière, le soin devient purement technique, occultant la dimension sociale et humaine qui ne sont pas « tarifiables ». La santé se regarde ces dernières années dans un joli tableau Excell abscisse et ordonnée sont les seuls guides et l’€uro le seul maître.
Les effectifs en personnel sont revus à la baisse avec des non remplacements de départs aux fins d’économies et des horaires en 12 heures permettant de réduire le personnel.
La souffrance des soignants est réelle, car ils ont le sentiment d’une perte de sens au travail, des rappels sur repos, des heures supplémentaires, des plannings intenables.
La vie professionnelle prend le pas sur la vie privée, les conditions de travail se dégradent toujours plus avec une pénibilité accrue, une augmentation des maladies professionnelles, des risques de burn-out pouvant aller jusqu’au suicide.

Qu’en est il dans le Var ?
Le département du Var est situé sur l’arc Méditerranéen, avec une forte concentration de la population et des établissements sanitaires sur le pourtour côtier. L’hôpital public de Hyères est géographiquement situé entre l’hôpital support Sainte Musse et la clinique Sainte Marguerite. En raison de sa taille moyenne il est particulièrement sensible aux variations de fréquentation. Or depuis Janvier 2016 le nombre de fuites de patients relevant du secteur géographique de Hyères est de 6 607.
4 971 patients qui relevaient du secteur de Hyères sont partis sur Sainte Musse, ils se sont présentés directement aux urgences ou ont été amenés directement aux urgences de Sainte Musse alors qu’ils relevaient de l’hôpital de Hyères.

Pour des hôpitaux de proximité dans le Var
A ce stade il faut créer une véritable coopération et non pas une concurrence entre les hôpitaux publics avec une prise en charge publique de qualité pour tous les patients au plus près de leur lieu de vie.
On entend un peu partout qu’à l’hôpital de Hyères il n’est plus possible d’accoucher, qu’il n’est plus possible d’être opéré : C’est faux ! Cette désinformation est relayée par les médecins de ville auprès desquels à leur décharge, aucune promotion des activités n’est faite par l’hôpital de Hyères. La nouveauté, la taille, les équipements et l’attractivité du CHITS de Sainte Musse, terminent le travail de cette fausse rumeur.
Il faut le dire et le répéter les hôpitaux de proximité dans le Var sont tout à fait capables d’assumer les consultations, le diagnostic, le suivi des grossesses, les accouchements, les interventions chirurgicales de niveau 1 en ambulatoire ou en hospitalisation de proximité.
Le principe du GHT Var est un vrai sujet. Il est important pour ne pas dire indispensable de respecter le recours à la gradation aux soins. Quand les GHT ont été présentés, c’était une organisation bien hiérarchisée avec le niveau maximum le niveau 3 qui était le CHU (Nice ou Marseille), le niveau 2 qui était l’hôpital de référence (Toulon Sainte Musse), et le niveau 1 qui devait être l’hôpital de proximité comme le centre hospitalier de Hyères.
Le niveau 1 se sont donc les consultations, le diagnostic, le suivi des grossesses, les accouchements, les interventions chirurgicales de niveau 1 en ambulatoire ou en hospitalisation de proximité.
Le niveau 2 s’occupe des interventions beaucoup plus complexes, des accouchements compliqués
et le CHU encore un niveau au dessus.
Aujourd’hui cette hiérarchisation n’est pas respectée et certains établissements parasitent l’activité des autres pour augmenter ou atteindre un seuil de rentabilité qui fait lire l’acte sous le seul angle d’une logique de rentabilité occultant la dimension sociale et humaine qui n’entrent pas dans une grille tarifaire.

Si à Hyères des solutions existent, ailleurs aussi !
Une des solutions passera par des postes de médecins partagés qui interviendront sur plusieurs sites, nous avons en France un déficit de médecins si ceux ci acceptent de se partager sur les différents sites au lieu de faire venir les patients à eux, il y a des chances pour que les centres hospitaliers de niveau 1 gardent leur équilibre et leur attractivité.
Mais il faut le reconnaitre, rien ne pourra obliger un médecin ayant signé son contrat pour travailler à Sainte Musse, à se déplacer sur Hyères ou sur Brignoles ou sur Draguignan.
A ce jour le niveau 1, c’est à dire un centre hospitalier comme celui de Hyères, a toujours sa place. Certes le centre hospitalier de Hyères a vu son centre de réanimation disparaitre au profit du CHITS de Sainte Musse mais il a été remplacé par une unité de soins continus.
A Hyères durant l’année 2016 de nouvelles disciplines se sont organisées au sein des consultations externes, avec des médecins internistes, des médecins vasculaires, une troisième ophtalmologiste. Ce qui permettra, espérons le, un regain d’activité dans les consultations externes.
Si le niveau 1 venait à disparaitre, à Hyères comme ailleurs, dans le département du Var, les établissements publics receveurs de niveau 2 et 3 auraient à faire face à un afflux de patients supplémentaires.

C’est donc la stratégie de la contre-proposition qu’il faut travailler. C’est par l’action de chacun d’entre nous, auprès de notre entourage mais aussi auprès de nos médecins de ville que nous devons faire comprendre qu’il faut jouer la carte du soutien. Dans le cas contraire, il faut le savoir, les hôpitaux publics de proximité ne résisteront pas.
LdG

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