Alors que le sommet du Mercosur a eu lieu ces 5 et 6 décembre avec en ligne de mire la finalisation de l’accord de libre-échange UE-Mercosur, alors qu’on ne voit pas le bout de la crise agricole, 200 militant·es de la Confédération paysanne ont frappé un grand coup ce 5 décembre en ciblant les profiteurs de la dérégulation des marchés. Nous avons perturbé l’inauguration de la Bourse de Commerce européenne organisée au Grand Palais à Paris. La Confédération paysanne est venue affirmer qu’il faut arrêter de jouer avec le revenu des paysan·nes et de spéculer sur l’alimentation et la faim.
C’est lors de cette manifestation non violente, pour se battre pour la protection du revenu, que 5 de nos camarades ont été emmenés en garde à vue de manière arbitraire.
Depuis novembre, c’est bien cette action de la Confédération paysanne au Grand Palais au cœur du pouvoir économique et financier qui a connu la plus grande répression des forces de l’ordre.
Deux poids, deux mesures ! Mais pourquoi ?
Parce que nos actions dérangent, elles ciblent les vrais problèmes. Ce n’est pas en murant l’OFB, l’INRAE, l’ANSES et maintenant des permanences parlementaires, avec la bienveillance du pouvoir en place, que nous obtiendrons des changements structurels pour les agricultrices et agriculteurs. Ce n’est pas en cassant le thermomètre que la fièvre redescendra !
Nous dénonçons avec force la spéculation sur les matières premières agricoles que cet événement vise à encourager : acheter du blé, du soja, ou toute autre denrée à prix bas, attendre qu’augmentent les prix, pour ensuite les revendre lorsque les cours des matières premières agricoles sont les plus élevés possibles. Ces spéculateurs sont là aujourd’hui pour jouer avec l’alimentation et donc le revenu des paysan·nes et la vie des gens. Ces acteurs de la dérégulation, qui se gavent sur notre dos en France et partout dans le monde, sont les premiers responsables des crises agricoles et des crises alimentaires.
Les paysan·nes sont victimes de cette mise en concurrence aveugle de nos productions avec celles du monde entier qui tire vers le bas nos revenus et nos réglementations sociales et environnementales. Pendant que la grande majorité des agricultrices et agriculteurs sont victimes et remettent légitimement en cause le libre-échange, des acteurs profitant de la dérégulation des marchés, dont Arnaud Rousseau, patron de la multinationale Avril, se gavent sur le dos des agricultrices et agriculteurs.
Nous continuerons à nous battre contre les accords de libre échange ! Nous avons obtenu l’annulation historique des accords de libre-échange UE/Maroc en octobre dernier après une lutte débutée en 2011 ! Cette décision historique montre qu’il n’y a pas de fatalité et que le combat mené depuis des décennies par la Confédération paysanne, aux côtés de collectifs associatifs et citoyens, peut aboutir ! Ce pied dans la porte du libre-échange doit inciter les États à mettre en place des politiques publiques qui relocalisent la production agricole, unique moyen d’arriver à la souveraineté alimentaire !
Gwennaëlle Le Bars, co porte-parole
Nina Lejeune, co porte-parole
Vincent Arcusa, candidat aux élections professionnelles