Muselier à la rescousse de Lansade

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Le documentaire « Cogolin, ville à vendre » programmé lundi dernier sur FR3 et qui repassera sur Public-Sénat, n’aura pas la subvention promise par le conseil régional (20 000 euros sur 90 000), le président Renaud Muselier en a décidé ainsi. Documentaire trop politique, est-il avancé ?

Il ne sera plus sur la liste des initiatives à subventionner alors qu’il avait été retenu par la commission d’experts qui l’avait visionné !

Comme si le président LR de la Région ignorait qu’il s’agissait d’une enquête sur une ville dirigée par le maire ex-FN de Cogolin, Marc-Etienne Lansade et que le journaliste enquêteur n’est autre que Denis Robert, connu pour son professionnalisme et sa ténacité comme il l’avait montré en révélant l’affaire Clearstream au début des années 2 000. Ce qui lui a valu une notoriété certaine et des procès par dizaines qui ont traîné des années, bien que les faits qu’il dénonçait aient été confirmés.

Car ce lanceur d’alerte perspicace et courageux a subi de multiples pressions et de lourdes conséquences financières en s’attaquant à une chambre de compensation discrète, basée au Luxembourg, dont il a révélé les pratiques de blanchiment et qui l’a poursuivi en diffamation pendant plus de dix ans. La Cour de cassation lui donnera raison en février 2011.

C’est donc en toute hypocrisie que Renaud Muselier attend le jour de la programmation pour découvrir qu’il s’agit, non pas d’un documentaire politique au sens prosélyte du terme mais, forcément le sujet -même s’il est traité avec objectivité- montre ce qu’un pouvoir local peut se permettre s’il trouve une majorité de conseillers pour l’appuyer.

Quand on est journaliste d’investigation comme Denis Robert, Elise Lucet et son équipe, d’autres mais pas assez…on ne ferme pas les yeux sur la gestion des institutions et des pratiques qui paraissent s’éloigner de leur vocation en privilégiant, non pas l’intérêt général des contribuables mais des intérêts particuliers.

Ajoutons que le maire de Cogolin devenu dissident du FN, est aussi conseiller régional et a donné quelques gages de bonne volonté au président actuel qui n’a qu’une seule opposition : le FN. Ceci peut expliquer cela. Même si la majorité LR est forte mais date un peu et les rapports de force, y compris à droite, ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’hier.

Avant de devenir maire FN de Cogolin, Marc-Etienne Lansade travaillait dans l’immobilier, à Levallois-Perret, là où les Balkany se sont montrés de grands bâtisseurs et il connaissait bien la société mixte et son directeur qui bétonnaient la ville la plus endettée de France. Les pratiques du maire et de son épouse ont défrayé la chronique judiciaire.

Lansade s’est très vite mis à l’ouvrage dans ce coin de Provence si proche de Saint-Tropez. Il a, notamment voulu livrer le Yotel de Cogolin, un terrain boisé de 13 ha en bord de mer, dédié au tourisme social, aux promoteurs parmi lesquels on retrouvait l’ex-aménageur de Balkany, Smadja, devenu son conseiller !

Sa frénésie d’immobilier a fini par faire douter ses co-listiers de sa compétence, de ses intentions, de ses méthodes très personnelles qui ne passaient pas, pas plus que le peu de cas qu’il faisait de la démocratie communale. Au point que deux anciens co-listiers ont demandé au préfet de mettre Cogolin sous tutelle ! Et qu’il n’est pas sûr de finir le mandat à son poste.

Reconnaissons que, dans le Var et sur la côte, les plans-béton ne fleurissent pas qu’à Cogolin mais ici, depuis le changement de majorité, un professionnel de l’immobilier venu de Levallois, étiqueté FN au départ, est à la tête de la commune : plus d’un Cogolinois se demandent à qui ils ont pu accorder leur confiance ?

Il y a eu aussi l’épisode des Roms qu’il a fait évacuer en se mettant en scène…et bien d’autres actes et faits accomplis du locataire de la mairie qui se croit en terrain conquis. Et autour du maire, l’ambiance est à la vendetta. Il se dit « tenu » par sa majorité, si tant est qu’il y en ait une ? Tout ça en trois ans.

Denis Robert est furieux, on le comprend. Il n’est pas dupe du prétexte de ce refus singulier qui permet à un président de région, homme politique, de qualifier une enquête programmée de…politique et de la priver pour cela de la subvention qui lui était promise !

L’association des producteurs de PACA tout comme les auteurs-réalisateurs du sud-est ne comprennent pas qu’une décision, purement politique, puisse priver du jour au lendemain un producteur télé et son réalisateur du soutien que le comité d’experts de la région avait proposé au titre de l’aide à la création.

Ce que fait Renaud Muselier c’est un retour à la censure…politique, une remise en cause de la liberté de création. Un abus de pouvoirs.

René Fredon

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