Mr Ibrahim et les fleurs du Coran

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Un texte généreux un comédien sincère

Éric-Emmanuel Schmitt

Reprise au Comedia mardi 15 janvier  d’un texte célèbre d’Eric-Emmanuel Schmitt interprété et mis en scène avec conviction par Prosper Diss.

Un succès d’émotion
Ce court roman est devenu un film de qualité. Paris. Rue bleue. Dans les années 60. Moïse, onze ans, mal aimé, supporte comme il le peut de vivre  seul avec son père. Monsieur Ibrahim, le vieux sage, tient l’épicerie arabe et contemple le monde de son tabouret. Un jour, le regard de Monsieur Ibrahim rencontre celui de Momo et, de conversation en conversation, la vie devient plus souriante, les choses ordinaires extraordinaires…

Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran est le récit rétrospectif d’une adolescence: celle de Moïse, deux fois abandonné, qui trouve en la personne d’un épicier soufi un initiateur à la sagesse et un guide sur le chemin de la vie. Ce texte, qui a fait l’objet d’une très belle adaptation cinématographique de François Dupeyron, avec Omar Sharif est le lieu d’une réflexion sur l’amitié, la force de vivre, la tolérance. Fable, conte, voyage initiatique, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran propose également un travail sur l’art et les fonctions du dialogue dans le récit.

Le triomphe des bons sentiments
Dans la rue bleue qui n’est pas bleue, il y a  donc cette épicerie arabe. Ibrahim, son gérant, toujours vêtu d’une blouse grise et vissé sur son tabouret du matin jusque tard dans la nuit fait partie du décor depuis une éternité. Les gens le voient sans le voir, le connaissent sans le connaître.

Pour Moïse, jeune ado juif plein de rêves d’évasion et de plus en plus tracassé par les « choses de la vie », il n’est guère plus qu’une antiquité poussiéreuse sans intérêt. Moïse est un amputé de l’amour. Abandonné par sa mère dès son plus son jeune âge, et méprisé par un père arrogant et distant, il se morfond dans son grand appartement sombre et froid qui « sentait le passé, pas le beau passé, non, le vieux passé, le rance, celui qui pue comme une vieille serpillière. »

Et pourtant, ces deux-là vont se rencontrer. Grâce à cette amitié, Momo sortira de la grisaille pour entrer de plain-pied dans la vie. En bon passeur de témoin, Ibrahim lui apprendra à sourire, à charmer, à admirer… Il lui enseignera le pardon, la magnanimité et la lenteur.

Quant à Ibrahim, il se lèvera de son tabouret, retrouvera son esprit fantasque, et entreprendra avec Momo son ultime voyage, celui du retour aux sources, vers le Croissant d’Or, lieu de son enfance. Avant de boucler la boucle, de terminer le long parcours de sa vie, ce seront les derniers rires pour Ibrahim, les dernières roublardises, les derniers beaux paysages, les derniers tours avec les derviches…

Un court roman d’à peine 80 pages rempli de joie, de drôleries, de sérénité et d’optimisme. Ce texte chargé de  bons sentiments parait parfois un peu trop simpliste  mais d’une grande richesse émotionnelle dramatique. Il ne pouvait que séduire un grand comédien.

Prosper Diss
Né le 10 décembre 1934 à Omessa en Corse, de père Lorrain et de mère Corse, Prosper suit ses parents dans les Colonies, Guinée française, Indochine et Tunisie. La famille revient en France à Nancy, où il fréquente le petit séminaire dès 1947. Après ses études secondaires il suit trois années d’étude à l’École Supérieure d’Art Dramatique de Strasbourg de 1954 à1957. Jean Dasté l’engage à la Comédie Dramatique ensuite il travaille avec les successeurs de Jean Dasté : Pierre Vial, Guy Lauzin et Daniel Benoin. En 1979, il fonde l’École du Centre Dramatique National et la dirige jusqu’en 1995; dès 1989, tous les deux ans, il dirige les stages de Formation avec la Convention Théâtre Européenne. En 1988, parallèlement à ses fonctions au CDN de Saint-Étienne, il crée avec Isabelle Garcia la compagnie du Théâtre du Sablier à Orange.

Il dit : « On devrait tous avoir la chance de rencontrer un Monsieur Ibrahim dans notre vie… »  A voir sans  hésitation. C’est quand on sourit qu’on devient heureux.

Jean François Principiano

Espace Comedia Toulon le Mourillon. Mardi 15 janvier à 20h45 « M. Ibrahim et les fleurs du Coran » de Eric-Emmanuel Schmitt par Prosper Diss. Théâtre du Sablier. Tarifs : 8 à 16€ Réservations au 04 94 42 71 01 et sur www.espacecomedia.com

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