La majorité municipale fait part du message de Hubert Falco aux Toulonnaises et aux Toulonnais.
Message aux Toulonnaises et aux Toulonnais
Suite à une décision de justice rendue vendredi dernier, je ne serai plus demain, le maire de Toulon.
Après avoir consacré 22 ans de ma vie à cette ville que j’aime plus que tout, me voilà condamné à interrompre cette magnifique aventure au service des Toulonnaises et des Toulonnais, à votre service.
L’histoire judiciaire n’est pas terminée. Je n’aurai de cesse de restaurer mon honneur.
Vous dire que je ne suis pas anéanti à l’idée de ne pas pouvoir terminer la mission que vous m’avez confiée à quatre reprises, serait un mensonge. Je suis profondément triste.
Mais que personne ne s’y trompe : je ne suis pas triste de perdre le pouvoir. Je suis triste de perdre ce lien irremplaçable que j’avais tissé jour après jour, avec vous.
Vous étiez mon moteur, ma raison de me lever chaque matin dès 5 heures, pour me mettre à votre service. J’ai donné à cette ville le meilleur de moi-même. J’étais profondément attaché aux Toulonnaises et aux Toulonnais et j’ai la prétention de croire que cet attachement était réciproque.
C’est sur le terrain, à votre rencontre, à votre contact que je puisais l’énergie et la volonté de construire le Toulon de demain.
J’emporte dans mon cœur tous vos sourires bienveillants, tous vos petits signes de la main, quand vous me croisiez en ville, tous les dessins d’enfants que j’ai reçus, le petit cœur au crochet, remis la semaine dernière par la résidente d’une maison de retraite municipale. J’emporte dans mon cœur tous ces selfies que vous avez fait avec moi, toutes ces manifestations où nous avons vibré ensemble, toutes ces réunions où nous avons échangé et partagé, toutes ces inaugurations où nous nous réjouissions ensemble des améliorations de la ville.
Je vous ai donné tout ce que j’avais en moi de bon et de créatif, je vous ai donné mon temps et mon énergie, mais j’ai tant reçu en retour que je pars le cœur rempli de cette affection, de cette amitié, de cet amour que j’ai ressentis pendant 22 ans, en vous servant, en étant votre maire. Du fond du cœur, je vous en remercie.
Cependant, lorsque l’on choisit de consacrer sa vie à l’intérêt général, on sait que la seule dimension qui compte, c’est celle du collectif, pas celle de l’individu.
Aussi, au regard de l’enjeu que constitue la ville de Toulon, au regard de votre qualité de vie, à toutes et à tous, mon propre sort importe peu. La seule chose qui compte, c’est Toulon et mon départ ne doit en aucune façon signer l’arrêt de l’élan qu’ensemble, nous avons donné à cette ville. J’ai entièrement confiance en ma première adjointe Josée MASSI, pour assurer la continuité du service public jusqu’au prochain conseil municipal. Je sais également qu’elle saura veiller aux destinées de la ville pour que les engagements que mon équipe et moi-même avons pris auprès des Toulonnais en 2020 soient respectés jusqu’à la fin du mandat.
Mon équipe va continuer à servir notre ville, et je compte sur vous pour continuer à la soutenir, je compte sur vous pour continuer à lui accorder votre confiance, comme vous me l’avez accordée durant toutes ces années.
Pour ma part, je pars en aimant plus que jamais Toulon et le peuple de Toulon. Toulon, grande métropole mais ville à taille humaine, Toulon, ville méditerranéenne et lumineuse, Toulon, ville chaleureuse et bruyante, riche de son histoire mais tournée vers son avenir, Toulon ville passionnée et passionnante, Toulon dont vous incarnez, toutes et tous, une part de son identité.
Merci de votre confiance et de votre soutien. Ensemble, continuons à aimer Toulon.
Permettez-moi de terminer ce message en reprenant à mon compte cette phrase de Saint Exupery : « Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin, il y a toujours un nouveau départ. »
Merci et toutes et à tous et longue vie à Toulon.
Hubert FALCO
Le requiem de Falco
Ainsi pourrait-on lire le « message d’Hubert Falco aux Toulonnaises et aux Toulonnais » qui l’avaient élu depuis 2002 et qu’il veut rassurer pour préparer sa succession. Il lui faut compter sur la stabilité de sa majorité. Il suggère que sa première adjointe Josée Massi le remplace « pour que les engagements pris soient tenus jusqu’au prochain mandat ».
Le préfet du Var a acté le 19 avril la démission d’office du maire et président de TPM. pour « recel de détournement de fonds publics ».
H. Falco a également suggéré de désigner Jean-Pierre Giran pour lui succéder à la présidence de la métropole.
En remerciant les Toulonnais.es qui lui ont été fidèles, il vise naturellement à préparer sa succession de maire avec l’équipe qu’il avait choisie autour de lui et qui se trouve aujourd’hui fracturée par le ralliement de leur ancien leader à Macron.
Ce qui pousse l’opposition de gauche et d’extrême-droite à demander des élections anticipées (les prochaines en 2026), le RN comptant sur sa dynamique électorale, dans le Var et à Toulon notamment, pour reconquérir la ville qu’il avait « prise » en 1995, suite à une fin peu glorieuse d’Arreckx, l’homme fort de la droite précédant Falco qui devait lui succéder à la présidence du conseil général d’alors.
Le FN nous a gratifiés d’une expérience calamiteuse, de scandales sur scandales, expérience qui ne fut pas renouvelée. Falco, reprit la mairie de Toulon en 2002.
S’il a perdu ses mandats, il ne donne pas l’impression, à 75 ans, de croire que le recours en appel effacera le verdict du tribunal correctionnel. Nous n’ironiserons pas sur le coup au moral qu’il vient de subir et qui atteint son honneur, effectivement.
Il aurait pu l’éviter en ne justifiant pas une pratique incompatible avec une saine gestion des deniers publics. Mais il y a tellement dans notre département -qui n’en a pas l’exclusivité-, d’infractions aux règles élémentaires de la gestion publique, et ce, au plus haut niveau par des maires qui ont été ministres, députés ou sénateurs (Médecin, Arreckx, Léotard, Gaudin, Joissains, Falco…) pour n’en citer que les plus connus en région. Quels exemples ?
C’est sans doute la révélation de telles pratiques qui fait perdre la confiance d’une grande partie du peuple dans celles et ceux qui nous gouvernent quel qu’en soit le niveau, local, départemental, régional ou national. Amalgamant ainsi tous les élus.es.
Il n’est pas triste, dit-il, de perdre le pouvoir mais « l’histoire judiciaire n’est pas terminée, je n’aurai de cesse de rétablir mon honneur ». C’est son droit.
Ce qui donne à son message une tonalité nostalgique du temps où il était à la tête de la ville de Toulon grâce à la volonté de ses habitants qui l’élisaient au premier tour, à quatre reprises.
« J’emporte dans mon coeur tous vos sourires bienveillants…Je vous ai donné tout ce que j’avais de bon et de créatif… » Il est dans le pathos, dans une vraie souffrance, on peut comprendre. Cela ressemble à un testament ainsi qu’à un appel, comme s’il disait « vous faîtes partie de mon héritage, vous m’avez suivi, restez-moi fidèle », il écrit d’ailleurs « la seule chose qui compte c’est Toulon »
Le politique ne perd pas le fil. Il se rend à la réalité qui n’est plus la même et sur laquelle il aura moins de prise. Il ne veut pas que l’élan qu’il a donné à Toulon soit brisé écrit-il.
Il est sûr de son bilan et de la sympathie qu’il inspire, « je pars en aimant plus que jamais Toulon… » comme s’il ne se faisait pas d’illusion.
Tout à fait dans son style, « on ne fait pas de politique, on gère au mieux pour les Toulonnais.es…(lesquels ?), ils nous font confiance parce qu’on les aime et qu’on est efficaces… »
Ainsi procède le conservatisme ordinaire, en deça de ce que l’ultra-conservatisme menaçant à Toulon ne nous dira pas, mais fera.
Il va falloir faire beaucoup de politique, avec les Toulonnais.es, pour qu’ils redonnent une autre image de leur ville et décident de leurs attentes.
René Fredon