Médecine de plongée : 20 ans d’évolutions techniques et scientifiques

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img_0723La vingtième journée toulonnaise de médecine de plongée s’est déroulée à l’Hôpital Sainte-Anne, à l’initiative du Dr André Grousset, président de la Commission médicale régionale de la FFESSM ( Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-marins) et de l’association de formation médicale continue « MESCA ». L’occasion de faire un bilan…

Photo Dr André Grousset

En vingt ans, les connaissances théoriques et médicales dans le domaine de la plongée, ont beaucoup évolué. Et pour le Dr Grousset, «  DES CONNAISSANCES PERIMEES SONT AUSSI DANGEREUSES QUE L ABSENCE DE CONNAISSANCES ». Au fil des années, des intervenants venus parfois de très loin – Texas, Israël, Suède, Russie…- ont partagé leurs compétences à Toulon.

-« Depuis 20 ans la plongée sportive et la plongée tout court ont changé » souligne le Dr Grousset.

« Les fonds marins tout d’abord. Si malheureusement ils se dégradent dans certains pays, notre région a vu les fonds se repeupler et redevenir magnifiques : abondance de mérous, de barracudas, de murènes, de congres…La faune fixée (gorgones notamment) va mieux qu’il y a quelques années

Plongeurs et techniques ont évolué. La technique a vu se généraliser l’emploi de l’ordinateur de plongée et la quasi disparition des « tables » qu’on emmenait jalousement avec soi au fond. De même est apparue la « fenzy » (du nom d’une marque de bouée d’équilibrage) puis le gilet stabilisateur maintenant universel. Les plongeurs, dont la formation gardait jadis des traces de son origine militaire sont passés de passionnés, entrainés physiquement, aux consommateurs tranquilles. Globalement la population des plongeurs a tendance à vieillir, malgré de jeunes passionnés.

Il y a désormais deux types de plongeurs : les « consommateurs » pratiquant de la plongée occasionnelle, dans des zones proches de la surface, avec du matériel classique mais se parant de jolies couleurs différentes chaque année et le « plongeur tech » suréquipé, à la pointe du matériel (recycleurs, plongée aux mélanges, ordinateurs multigaz) effectuant des plongées plus profondes, plus techniques (plongée en grottes, en épaves,etc…) nécessitant une véritable préparation. Il a les moyens, les connaissances mais il est en général vieillissant et se doit d’être prudent malgré son désir de ne pas voir le temps passer… »

Mesures protectrices
La réglementation, notamment en France, s’est alourdie au fil du temps, mais ce que regrette le Dr Grousset, c’est la disparition de grands centres historiques du travail et de la recherche, comme Comex. Et si l’industrie rêve de remplacer le plongeur par des robots, « le plongeur n’est pas toujours remplaçable… »

Ce que retient, enfin, le président de la commission médicale, c’est l’évolution des connaissances médicales : « des accidents apparaissent, d’autres s’estompent. On pointe de nouveaux coupables : les gaz intestinaux, l’hérédité, les défenses immunitaires, tandis que d’autres qui faisaient la « une » sont relégué en arrière-plan (Foramen ovale, bulles..). Des accidents graves attribués à la plongée ont en fait d’autres causes (AVC par exemple même s’ils surviennent « dans l’eau)

Enfin le « préconditionnement » – c’est-à-dire un ensemble de mesures protectrices par rapport à l’accident de plongée- commence a être envisagé pour certaines pratiques (sport, sauna, oxygène, hydratation, etc..avant la plongée) »

img_0725Au cours de cette journée, de nombreux thèmes ont été abordés, et discutés, comme l’approche personnalisée de la décompression (Pr Guerrero, Université de Brest) : les humains comme les souris ne désaturent pas tous de façon identique…, les avancées en physiopathologie de la plongée (Pr Ballestra, Université de Bruxelles), les recommandations par le médecin du travail quant à la prise en charge des travailleurs en milieu hyperbare (Dr Meliet), l’influence de notre digestion sur les risques d’accident (Dr S. Demaistre), les accidents de la saison 2016 et les enseignements de l’accidentologie (Dr Blatteau, Dr Louge). En plongée, il y a des accidents qui ne sont pas des accidents de plongée !…

N.F.

Photo : Les organisateurs de la Journée de Médecine de plongée, et les intervenants

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