La plongée sous contrôle

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La 19ème « Journée toulonnaise de Médecine de plongée » a permis aux spécialistes de ce sport à risque, de souligner l’importance de la préparation et de la vigilance, à tous les âges de la vie.

Bien sûr, il y a des exceptions : des hommes et des femmes de 80, 90 et même 100 ans, qui n’ont pas renoncé à leur passion… Mais la pratique des sports sous-marins est exigeante : l’oubli de certaines règles élémentaires peut avoir des conséquences dramatiques. L’évolution du matériel demande un apprentissage permanent. Et tout commence, souvent, chez le médecin à qui l’on demande un certificat médical, non pas d’aptitudes, mais d’absence de contre indications.

En organisant cette journée, à l’hôpital Sainte-Anne, à Toulon, le Dr André Grousset, président de la Commission Médicale Côte d’Azur, de la Fédération française d’études et de sports sous-marins, a choisi de développer l’actualité la plus « pointue » et la plus récente, dans le domaine de la physiologie et de la médecine de plongée. Licenciés de la FFESSM, plongeurs, clubs sportifs et médecins étaient invités à partager leurs expériences.

Le médecin en première ligne
Demander à son médecin traitant un certificat médical pour la pratique d’une activité sportive est une démarche banalisée. « Trop, sans doute, si l’on retient l’exposé de M° François Jaeck, avocat à la Cour, et spécialiste dans ce domaine. M° Jaeck regrette une « réglementation allégée », alors que la plongée, sport à risque, devrait exiger un examen médical « approfondi et spécifique ». Certes, le plongeur doit dire la vérité sur son état de santé… Mais peut-on s’y fier ? Le centre de plongée, quant à lui, doit faire preuve d’une « relative prudence ». L’art de jouer sur les mots ! Quant au médecin, en première ligne, il doit savoir que délivrer un certificat médical pour un sport comme la plongée, est un acte « juridique autant que médical, qui engage sa responsabilité civile et pénale ». Pour M° Jaeck, « on veut faire du généraliste, un spécialiste » ce qui est paradoxal.

Découvrir la plongée après 60 ans
Quand arrive l’âge de la retraite – à 60, 62 ou 65 ans – une nouvelle vie est possible. Certains découvrent la plongée (un tiers des plongeurs), d’autres, plus expérimentés, consacrent plus de temps à l’enseignement (deux tiers des plongeurs). Ils ont du temps, donc font en moyenne 30 plongées par an, contre 10 chez les jeunes. Mais, insiste le Dr André Grousset, « le senior doit modifier sa façon de plonger en fonction de l’évolution de sa pathologie » Après 60 ans, on retrouve 40% de problèmes d’audition, 40% de problèmes rhumatologiques, et 15% de problèmes cardiovasculaires. « L’examen clé reste l’épreuve d’effort, le risque cardiaque devenant majeur et vital », souligne encore le Dr Grousset.

Le vieillissement est un facteur personnel : il y a l’âge légal et « l’âge de ses artères » comme le dit un proverbe. Un sujet développé avec humour par le Dr Bénédicte Bastien, psychiatre qui a d’ailleurs proposé à l’assemblée de réaliser quelques tests… Le « vieux plongeur » qui n’a pas vu le temps passer et qui s’enthousiasme pour les nouveautés «  ne réalise pas qu’il redevient un débutant, que ce soit dans l’utilisation du matériel ou dans les lieux de plongée différents » devait conclure le Dr Grousset.

Bien d’autres sujets pratiques ont été abordés au cours de cette journée, comme la surpression pulmonaire (Dr Mathieu Coulange, Marseille), la prise en charge des accidents de décompression neurologiques (Dr Blatteau, Marine Nationale), l’enseignement de l’accidentologie (Dr Louge, Marine Nationale), etc…

Et s’il faut une conclusion, elle tient en quelques mots : en plongée, la sécurité de la pratique repose sur la prévention, un examen médical sérieux et un enseignement de qualité.

N.F.

Le Dr André Grousset (photo A. Grousset)

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