Mayol  chez lui  et sans complexe !

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Le sympathique chanteur du début de l’autre siècle sera fêté à l’Opéra de Toulon dans un spectacle musical Mayol, le prince de la Chanson qui s’annonce brillant et original samedi 6 novembre à 20h. On peut se laisser tenter sans complexe.

Spectacle musical et théâtral
C’est une nouvelle co-production Opéra de Toulon et l’association Filmharmonia sur un texte de Luc Benito  qui voue au célèbre chansonnier une admiration indéfectible et qui coordonne les festivités des 80 ans de sa disparition. Il dit : « Qui connaît Félix Mayol ? Qui sait qu’il fut la plus grande star de la chanson française au début du XXe siècle, qu’il a enchainé les succès en donnant ses lettres de noblesse au caf’conc. Avec ce spectacle, à l’Opéra de Toulon, si cher à mon cœur, les chansons de Mayol reprennent vie en même temps que lui et ceux qui ont croisé son chemin comme Mistinguett, Charles Trenet, Yvette Guilbert, Raimu, Vincent Scotto et bien sûr Maurice Chevalier pour qui il fut un modèle. »

La Direction musicale sera assurée par Vincent Renaud dans une  mise en scène d’Olivier Desbordes avec la participation de l’orchestre de l’Opéra de Toulon (qui passe dans la semaine de Rimsky Korsakov à Viens poupoule…) avec  les comédiens Julien Asselin, Cécile Becquerelle, Mathieu Becquerelle Olivier Cesaro, Jean Goltier  Arrangements musicaux Franck Pantin et Mathieu Becquerelle

Une vie pour le caf’conc
Felix Mayol est né à Toulon le 18 novembre 1872 et mort dans sa ville le 26 octobre 1941. Après des débuts modestes à Toulon et au Palais de Cristal de Marseille, il est engagé à Paris au Concert Parisien le 1er mai 1895, où il connaît rapidement le succès. Une anecdote publiée dans ses Mémoires datant de  1932 rapporte que, faute de trouver un camélia, que les hommes élégants portaient à l’époque au revers de leur redingote, il prend un brin de muguet qui devient son emblème. La houppe de cheveux invraisemblable qu’il arbore (et qui le font surnommer « l’artiste au toupet rouquin » et le brin de muguet deviennent bien vite les symboles du roi du Caf Conc, un genre qu’il popularise grâce à sa finesse et sa présence amusante sur scène ponctués de  gestes précieux.

Il fut le premier à chanter en une sorte de playback. Il a créé près de cinq cents chansons  à ranger dans  trois répertoires différents : poétique, graveleux, patriotique.  Ainsi « Allemagne au-dessous de tout » qu’il chante en1914 ! Réplique française à Deutschland Uber Alles, créée par lui dans les casernes et dans les hôpitaux sur des  paroles de Jean Aicard de l’Académie française.

Si quelques-unes de ces chansons font de l’humour douteux, sur fond de colonialisme condescendant à l’encontre des africains, ce vice d’époque ! (A la Cabane bambou ! ou Boudou Badabou !), d’autres sont des petits bijoux comme les Mains de femmes.

Et puis n’oublions pas qu’il fut le premier à affirmer son homosexualité, ce qui, à une époque où les Anglais envoyèrent Oscar Wilde en prison, représente un acte de courage. Il dit dans  un entretien « Si je préfère les jeunes garçons aux jeunes filles, ça ne regarde que moi ! »

Un hommage mérité

Hommage à Mayol

On sait moins, même à Toulon, qu’il fut très généreux. Fortune faite, il soutint les artistes débutants, les  cercles d’entraides aux anciens combattants de la première guerre mondiale, les associations sportives. Attaché à Toulon et particulièrement à son club de rugby, il offrit 60 000 francs-or pour financer la construction d’un stade qui porte encore son nom, le stade Mayol. Le muguet porte-bonheur qu’il affectionnait, symbole du 1er mai, est devenu l’emblème du club et les somptueux dîners qu’il offrait aux joueurs pour fêter les fins de saison étaient mémorables. Soulignons qu’à l’époque de Mayol le rugby était  le sport des pauvres et des émigrés, ces gaillards en majorité italiens, les habitants du quartier Besagne (déformation du mot italien bisogno, le besoin, la pauvreté laborieuse).

Après ses adieux à la scène en 1937 à Paris, ville où il vécut pendant toute sa  longue carrière, il se retira à Toulon  à la Villa Fémina, dans sa propriété du Cap-Brun dit Clos Mayol ne cachant pas ses sympathies pour le front populaire en souvenir de sa mère une  simple modiste et de son oncle l’artisan pâtissier. A la fin de ses Mémoires dictées à son  ami  Charles Cluny il dit : « la chanson… d’autres la défendent et la protègent, qui continueront l’œuvre, et repasseront le flambeau aux plus  jeunes… C’est une question tellement française !…

— On l’a toujours dit : en France, tout finit par des chansons…
— Oui… à condition que la chanson ne soit pas la fin de tout. »

Infos/réservations : www.operadetoulon.fr

Jean-François Principiano

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