Macron et Philippe face à la colère des citoyens

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Il a suffi que le sondage Elabe du 5/7 confirme une nouvelle baisse de popularité au sommet de l’État -moins 6 pts en un mois, à 34 et 31%- pour qu’Édouard Philippe, le lendemain aux rencontres économiques d’Aix-en Provence, parle de « colères populaires » qu’il a expliquées par la nécessité d’aller plus vite dans les réformes imposées au pas de charge !

Il veut donc « gagner le contre-la-montre face à la colère des citoyens » pour leur montrer que la ténacité du gouvernement est la bonne méthode ! La méthode Coué n’est pas très nouvelle. Traduisons : « On n’est pas suivi, pas compris…il faut accélérer sans changer de cap : tout pour les riches, les pauvres attendront » !

En ce début du tour de France et à la veille de la demi-finale du mondial de foot, attention au dopage à « l’élixir enivrant de la puissance » comme le dit Stéfan Zweig dans son livre sur Fouché, le plus génial et le plus cynique des opportunistes.

Ils ne veulent pas voir que les colères populaires ne tiennent pas de l’humeur de ceux qui supportent le gel des salaires et des pensions, la baisse des APL, l’insécurité sociale, la fin des CDI, la précarité qui s’étend, les inégalités qui se creusent, les territoires délaissés, les services publics sacrifiés et privatisés, les collectivités étranglées…tandis que les profits flambent comme jamais !

Comme bilan après un an de pouvoir, il y a de quoi être déçu même chez celles et ceux qui voulaient donner une chance à notre jeune président qui se déclarait ni de gauche ni de droite…exercice difficile quand on s’en tient aux actes et aux résultats. Il les a choisis où, son premier ministre et son ministre de l’économie ? Pour faire une politique de gauche ?

Il est vrai qu’avant on avait une certaine « gauche » acquise au libéralisme qui a été sanctionnée puis s’est retrouvée macroniste et largement représentée au gouvernement pour accentuer la même politique de droite.

Ils sont tellement pressés d’en finir avec notre modèle social qu’ils ne peuvent tenir le rythme et sont contraints de marquer le pas et même de reculer sur la sécurité sociale qu’ils voulaient effacer de la constitution ! Ils doivent reporter à plus tard certains engagements qu’ils comptaient faire passer comme la lutte contre la pauvreté, tout un symbole.

Pour eux ce n’est pas une urgence, voyons. On l’a vu avec le camouflet infligé à Borloo à propos de son rapport sur la politique de la ville, commandé par Macron et conçu avec les maires et les acteurs sociaux. Du coup Macron a fait un grand discours et aucune décision n’a été prise…si ce n’est d’attendre. Tout en imposant aux maires des limites à leurs dépenses de fonctionnement, faute de quoi ils seront pénalisés ! Pas eux , les administrés. Ainsi en a décidé le prince.

Des maires qui attendent toujours la manière dont ce pouvoir va compenser le manque à gagner de l’abandon de la taxe d’habitation. Le malaise se ressent même dans sa majorité parlementaire où quelques-uns rechignent avant de s’aligner.

Si l’on ajoute à ce rapide bilan ce qui se passe en Europe c’est encore plus inquiétant. On assiste à une montée des extrêmistes de droite diabolisant la question des migrants présentés comme un danger pour la civilisation chrétienne occidentale. L’échec du sommet européen nous a été « vendu » comme une victoire du couple Macron-Merkel qui aurait sauvé l’Europe ? Mais personne n’est dupe : ils ont cédé à l’extrême-droite et ils sont dans le déni d’un échec qui est celui des politiques libérales sacrifiant les peuples aux exigences de profits des multinationales et des banques.

Cela dans le même temps où Trump vient de déclarer la guerre commerciale au monde entier, avec le soutien des extrêmes droites européennes, car il se veut le chantre de la défense de son pays -et de la chasse aux migrants- comme s’en réjouissent les populistes italiens alliés à la Ligue du Nord, néo-fasciste, avec le soutien du RN en France et des chefs d’État Polonais, Hongrois, Tchèque, Autrichien…au point que Merkel et Macron ont dû s’aligner sur les exigences de l’extrême-droite qui considère comme laxiste la politique de l’UE !

Avec les mêmes arguments que les LR de Wauquiez et Ciotti qui n’ont guère apprécié la victoire obtenue par Cédric Herrou et les associations favorables à un accueil digne pour tous les migrants.

Avec la décision du conseil constitutionnel, déclarant illégal le délit de solidarité, c’est une bouffée d’air pur qui doit permettre de mettre fin aux excès de ce gouvernement qui, lui aussi, accuse le coup. Comme quoi il est utile de persévérer dans l’action contre toutes les injutices, les humiliations infligées à des humains d’où qu’ils viennent et ne pas laisser s’instruire contre eux un procès indigne d’une République authentique.

D’autant que les occidentaux sont pour quelque chose dans le sous-développement et les guerres régionales qui perdurent un peu partout dans le monde. L’indépendance des peuples ne sera assurée que lorsqu’ils seront totalement maîtres de leurs richesses et non sous la tutelle de puissances qui y investissent pour leur propre compte au détriment du développement et de la souveraineté réelle des pays et de leurs habitants.

L’Europe elle-même doit cesser d’être une chasse gardée pour les multinationales qui épuisent la planète et ne connaissent que le rendement, pour quelques-uns, des capitaux investis. Sa stabilité dépendra du niveau de solidarité entre pays et entre producteurs, de sa capacité à réduire la pauvreté et les inégalités. Le libéralisme n’a fait et ne peut faire que l’inverse et, s’il le faut, il aura recours à des dictatures pour l’imposer. L’histoire est suffisamment proche pour qu’on s’en souvienne.

Ce lundi Macron tentera de convaincre les parlementaires -qui seront clairsemés- que le pays est face à une situation mondiale en train de se dégrader, que l’Europe va mal et qu’il faut serrer les rangs pour que la France tienne bon…

Quelle France, celle des riches ou celle des laissés-pour-compte ? On connaît la réponse. Il dira que c’est la même. Pour lui et ses pairs, ce sont les riches -et non les salariés- qui tirent la croissance et les richesses. Les profits sûrement…pour moins de 1% de la population. Les pauvres, « ils coûtent un pognon de dingue », il faut revoir les aides sociales à la baisse bien entendu. Même les APL et les pensions de reversion !!

Ils en sont là : baisser les charges des entreprises et le pouvoir d’achat des salariés et des chômeurs, réduire leurs droits dans l’entreprise, remettre en cause la sécurité sociale, toutes les protections, privatiser les services publics….etc. Tout ce qui nous mène là où nous en sommes, ce qui explique les colères populaires !

Ils s’accomodent fort bien que le tiers du PIB mondial (26 000 milliards de dollars) soit dissimulé dans les paradis fiscaux. C’est dire si l’argent existe ! Qui en doutait ?

Comment compter sur eux pour en sortir ?

René Fredon

https://actu.orange.fr/politique/philippe-veut-gagner-la-course-contre-la-montre-face-a-la-colere-des-citoyens-CNT0000014H0lL.html

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