L’opéra de Toulon ouvre sa saison avec un concert symphonique. Invité Gautier Capuçon violoncelle.
C’est la rentrée des musiciens le 15 septembre à 20h avec ce concert intitulé « virtuose » Le violoncelliste invité, Gautier Capuçon interprétera les difficiles variations sur un thème rococo de Tchaïkovski, une partition de la période de maturité du maître russe. C’est un hommage à l’esthétique du passé venant d’un homme au moral atteint par une blessure secrète. Le compositeur, on le sait, vouait un véritable amour à la musique de l’époque classique et en particulier à celle de Mozart. L’influence de ce dernier est donc très présente dans ces Variations sur un thème Rococo.
Mais aussi elles représentent un dépassement de la virtuosité pure par des accents tragiques très personnels. Gautier Capuçon dont cette œuvre est un cheval de bataille, sera accompagné par l’orchestre symphonique de l’opéra placé sous la direction de David Wroe, jeune chef charismatique d’origine anglaise mais installé aux Etats Unis.
Musique à découvrir
David Wroe a choisi d’entourer la partition soliste par deux œuvres peu jouées et peu connues. Ainsi de Korngold Beaucoup de bruit pour rien Op. 11. Musique de scène pour la pièce de Shakespeare. L’œuvre qui dure à peine plus d’un quart d’heure est résolument tonale. Elle date de 1919 et ne devrait pas heurter les oreilles sensibles des mélomanes récalcitrants à la modernité. Elle descend en droite ligne du romantisme allemand. Plus étonnante, la pièce musicale du russe Andreï Eshpaï (1925-2015) Chants de la montagne et du pré du folklore mari, pourrait être classée dans les partitions folklorisantes, comme celles de Bartók ou Kodaly. Les Maris également connus sous le nom de Tchérémisses, sont un peuple vivant le long de la haute vallée de la Volga.. L’œuvre proposée est un hommage à ce folklore tonal de ce peuple très minoritaire en Russie.
Musique de l’avenir.
Et pour terminer la très classique première symphonie de Prokofiev toute rayonnante d’un dynamisme et d’un lyrisme humaniste sorte d’espérance en un monde social nouveau, bien en phase avec les débuts de la révolution de 1917. Le paradoxe c’est qu’elle est composée par Prokofiev pour un petit orchestre type de Haydn ou Mozart mais qu’elle porte en elle toute les révolutions artistiques et musicales futures (polyrymie, pluritonalité, effets de timbre, traitements original des instruments). Comme quoi les révolutions artistiques suivent les courbes des révolutions sociales ou politiques. Elles naissent des blocages ou des épuisements des certitudes anciennes pour éclater en formes nouvelles.
Jean François Principiano
Samedi 15 septembre 20h Concert de rentrée Opéra de Toulon « virtuose » En partenariat avec Le Festival de Musique de Toulon et sa Région.
Infos : Opéra de Toulon Provence Méditerranée Boulevard de Strasbourg – 83000 Toulon / Tél. 04 94 93 03 76 / contact@operadetoulon.fr