Logement : tout pour l’accession à la propriété, le reste au logement social

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Telle est la fausse « nouveauté » annoncée dimanche et confirmée lundi par la 1ère ministre qui avait conclu la veille la réunion du… « CNR »(conseil national de la refondation), plagiat du CNR, Comité national de la Résistance dont on fêtait il y a peu le 80è anniversaire de la fondation par Jean Moulin en pleine guerre.

Macron a décidé du fond et de la forme de ce nième groupe de travail sensé remplacer les assemblées élues qui pourraient ne pas adopter ses projets de lois comme il a fait pour les retraites. Il continue à interdire aux députés de se prononcer sur l’âge de départ (64 ans) qu’il a imposé au 49-3, quitte à provoquer l’opinion publique et le mouvement social qui y sont très majoritairement opposés à + 70%.

Ce qui vient de sortir du chapeau en matière de politique du logement, en crise profonde, c’est ce que réclame le président de l’IEIF, institut de l’épargne immobilière et foncière (1), à savoir : « soutenir le secteur pour permettre aux Français d’accéder à la propriété », Vive la crise…tous propriétaires !

Comme nos élus conservateurs et ultras du Var, ils veulent faire d’une pierre deux coups : réduire le parc social et accroître l’accession à la propriété tout en relevant les loyers du parc privé locatif qui ne rapportent pas assez, ce qui dissuade les investisseurs. Il est encore prévu d’alléger les crédits destinés au parc social très mal en point. Leur but : continuer de changer la sociologie de leur commune. La sélection par l’argent ne les choque pas le moins du monde.

Ils sont même satisfaits que le prix du foncier sur le littoral méditerranéen et atlantique ne cesse de croître depuis plus de dix ans. Ce qui rend les départements côtiers inaccessibles aux catégories populaires de plus en plus nombreuses, la baisse de leur niveau de vie les paupérise un peu plus. À Mayotte, la chasse aux pauvres est lancée sans ménagement par le gouvernement. Elle illustre son degré d’humanité. Mayotte est si loin…

Cela va s’aggraver avec la hausse récente des taux d’intérêt qui pourrait durer et qui va dissuader les emprunteurs modestes. Le taux zéro est en sursis et serait prolongé jusqu’en 2027, tandis que la loi Pinel ne serait pas reconduite. Elle convenait parfaitement aux propriétaires investisseurs. Mais l’argent public « libéré » n’ira pas au logement social dont la production se réduit alors que les listes de demandeurs ne cessent de se remplir, l’attente durera encore plus longtemps.

Ainsi dans le Var le taux moyen de constructions sociales n’est que de 13%, au lieu de 20-25% prévus dans la loi SRU. Une seule commune remplit les conditions, La Garde qui ne le doit pas à son maire LR mais aux maires communistes qui l’ont précédé. Avec ses collègues partageant sa conception, ils veulent en finir avec cette loi, ils préfèrent faire payer aux contribuables des pénalités plutôt que de programmer des logements sociaux.

Alors que nous traversons la crise du logement la plus forte depuis la 2è guerre mondiale : avec 4 millions de mal-logés, 2,4 millions de ménages en France attendent un logement social, les sans-abri dépassent les 300 000. L’accession à la propriété pour les classes moyennes, n’a jamais été aussi faible.

Maxi-crise et mini-plan
Ian Brossat, porte-parole du PCF, a ainsi caractérisé les propositions annoncées par Élisabeth Borne.
« Chacun aura compris que derrière ce plan se cache, en réalité, un objectif de réduction budgétaire qui vise plutôt à satisfaire « Standard and Poor’s » (agence américaine de notation des Etats) que la classe moyenne et les plus pauvres.
Le Parti communiste propose, à l’inverse, de rendre enfin le droit au logement effectif .

Cela suppose la construction de 200 000 logements sociaux par an (et non plus 80 000) ;
La rénovation thermique de 700 000 logements chaque année (et non plus 200 000).
Un tel effort peut aisément être financé. Nous proposons trois sources de recettes :
Une augmentation des droits de mutations pour les biens supérieurs à 1 million d’euros,

La multiplication par 4 de la taxe sur les logements vacants,
La révision de la fiscalité des meublés touristiques de type Airbnb ».

Difficile de trouver une réaction positive aux 200 mesures commentées par E. Borne, écrit le journal La Croix. Même les professionnels de l’immobilier et de la construction ! Mais pour des raisons inverses de celles des demandeurs en attente et  des offices publics producteurs de logements sociaux mis à contribution par l’exécutif qui réduit leurs moyens financiers, leur capacité d’investissements et leur reproche …leur inefficacité ?

Macron veut augmenter les loyer de 3,5% au moment où les charges explosent à cause des des hausses des prix des énergies, du foncier et de la construction. La mobilisation des locataires notamment à La Seyne et Toulon se poursuit auprès de THM avec détermination et élargissement à toutes les cités populaires.

Le marché du logement ne dépend pas des ex-offices HLM mais dans le Var la droite fait de la surenchère et trouve insuffisante la politique du gouvernement dont le bilan en matière de logements sociaux est pourtant très négatif. Ce n’est pas le fait du hasard : moins il y a de logements publics plus les investisseurs privés se frottent les mains.

D’ailleurs, cause et conséquence de la crise mondiale du capitalisme que nous traversons, trop de capitaux circulent, à la recherche de profits juteux qui délaissent les secteurs les moins rentables même s’ils sont d’une grande utilité sociale.. Cette « élite » sans aucun scrupule met à contribution les États appelés à réduire les dépenses publiques et à soulager les charges privées des grandes entreprises. C’est ce que fait avec zèle le soldat Macron et sa suite, de plus en plus isolés.

Ils ne risquent pas de « désamorcer la bombe sociale » avec un tel plan. Ils l’alimentent. La bataille des retraites est très loin d’être terminée. Ce sont tous les secteurs qui sont en crise profonde, à commencer par les services publics, le pouvoir d’achat, la transition écologique et ses urgences, le logement, les transports, les énergies…tout fout le camp. La situation est aggravée par la course aux armements, l’escalade à hauts risques de la guerre en Ukraine, son coût humain ainsi qu’économique, écologique et social, aux dépens de tous les peuples des pays payant au prix fort les dépenses militaires qui s’envolent (2).

La gestion capitaliste est mise en question par ces temps de recomposition de nouveaux équilibres dans un monde de plus en plus multipolaire. L’hégémonie américaine a fait son temps… ses guerres aussi.

Nos luttes contre les fléaux qui y ont conduit sont plus nécessaires que jamais face aux enjeux de société auxquels nous sommes confrontés.

Le logement pour tous en est un qui relève du respect et du droit de chacun, quelles que soient ses origines et sa condition sociale.

René Fredon

(1) https://www.lejdd.fr/economie/tribune-la-crise-du-logement-est-une-chance-saisir-135679
(2) Mardi 20 juin de 17 h à 20 h à Toulon Maison de la Méditerranée
Conférence-débat à l’initiative de la revue Économie et Politique
sur la Loi de Programmation Militaire  (2024-2030)
413 milliards : pour quoi faire ?
Souveraineté-Défense-Industrie-Paix
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Avec la participation de JM Durand, rédacteur en chef de la revue, JC Schmidt officier de réserve républicain, P. Huttl, pcf -arsenal, P-O Poyard, secrétaire national Mouvement de la paix, M. Camatte, syndicaliste Arsenal,

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