L’Italia  ha vinto ! Petite réflexion sur la finale de l’Euro

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La Squadra azzurra l’emporte à Wembley dans un stade  chauffé à blanc après un parcours étonnant. Je ne suis ni spécialiste de ce sport, ni même vraiment amateur de ces rencontres souvent dominées par l’argent, la publicité et l’esprit de compétition à outrance, étrange substitut à la violence guerrière.

Cependant, comme tout citoyen, je ne pouvais échapper à l’événement qui dépasse le monde sportif. Et puis étant moi-même français d’origine italienne j’aime toujours entendre le Fratelli d’Italia (frères d’Italie en pensant à son auteur Goffredo Mameli, jeune patriote franc-maçon héros du Risorgimento. » Frères d’Italie, l’Italie s’est relevée !

J’ai donc été étonné par l’absence de fair-play des spectateurs anglais sifflant cet hymne et je pensais aux quelques centaines d’italo-british assistant au match et au-delà des ondes  aux  nombreux  descendants d’émigrés italiens par le monde.

Les Anglais sont, comme toujours, un peuple à part. Ils sortent de l’Europe tout en voulant y rester. C’est sans doute le pays le plus  naturellement nationaliste qui soit. British only !

Ils ont brulé des drapeaux italiens, insultés les  joueurs, malmenés les supporteurs italiens, envoyés des lasers dans les yeux des tireurs transalpins au moment des tirs au but… Et puis surtout, image frappante, les joueurs anglais ont refusé la défaite en enlevant la médaille de second lors de la remise de la coupe, sous les yeux étonnés des responsables de la  compétition.

Et que penser des flots d’insultes qu’ont reçu les joueurs anglais d’origine africaine qui ont eu le malheur  de rater leurs penalties ! amenant le premier ministre à se confondre en excuses officielles !

Je le dis tout de suite, je ne retrouve pas le peuple anglais que j’aime et  que j’admire dans ces excès ;  pourtant je reconnais que c’est  aussi une composante de sa force. Résister et ne jamais s’avouer vaincu, retranché dans son archipel.

Je n’oublie donc  pas tout ce que ce pays courageux et déterminé a représenté pendant la Seconde guerre mondiale lorsque l’Europe basculait sous la botte du nazisme, résistant tout seul face aux attaques aériennes de Goering. C’est justement par ce refus de la défaite allant de Nelson à Churchill, de Boudicca à Tom Moore que l’Angleterre opiniâtre et courageuse me plait aussi.

Son attitude lors de cette finale qu’elle croyait gagnée d’avance est simplement le revers de la médaille d’un nationalisme viscéral exacerbé.

Quant à la victoire de la Squadra azzurra, la Nazionale de Mancini, je suis heureux qu’elle  puisse redonner au peuple italien, qui a tant souffert de la pandémie, un élan d’espoir et de renouveau.

Ce n’est qu’un jeu de grands adolescents, gagné aussi par le hasard, la sorte (le destin) comme dirait Machiavel. Mais dans ce stade hurlant, véritable chaudron de haine, le courage c’était aussi d’y croire jusqu’au bout.

J’en profite donc pour associer ma joie a celle des nombreux descendants d’émigrés du Var (22% des noms de familles de notre département sont d’origine italienne).

En regrettant bien sûr que l’équipe de France n’ait pu gagner (pour d’autres raisons cette victoire m’aurait ravi), retournons-nous, amis de l’Italie  encore une fois vers Dante, il sommo poeta qui, avec sa grande  sagesse, devant ces débordements, aurait pu dire : « Guarda e passa ! »

Jean-François Principiano

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