Les installations nucléaires à Toulon 4/6

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L’exercice « PPI TOULON 2016 » se déroulera les 17 et 18 novembre 2016 et concernera un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) stationné au quai Missiessy au sein de la Base navale de Toulon.

Les installations nucléaires à Toulon
La Base navale de Toulon est équipée pour accueillir des bâtiments à propulsion nucléaire. En revanche, aucune arme nucléaire n’est présente sur le site.

– Le porte-avions Charles de Gaulle
Il permet à la France de projeter de façon lointaine et durable un groupe
aérien adapté à la gestion des crises actuelles dans le cadre des opérations
interarmées et internationales.
Les deux chaufferies nucléaires du porte-avions assurent la propulsion du
navire, son alimentation électrique et génèrent de la vapeur pour les
catapultes. La propulsion nucléaire permet d’alléger considérablement les
contraintes de ravitaillement. Le volume ainsi libéré augmente significativement les capacités de stockage en combustible aéronautique et en armes. De plus, l’absence de cheminée de gaz d’échappement permet de libérer de la place sur le pont et supprime les turbulences à l’appontage.

– Les 6 sous-marins nucléaires d’attaque de type Rubis (SNA) : Rubis, Casabianca, Emeraude, Saphir, Perle, Améthyste, et prochainement les SNA de type Barracuda
Les 6 sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire remplissent des missions de déploiements lointains et de longues durées, de renseignement et d’interventions contre des menaces navales. Redoutables chasseurs de sous-marins, les SNA sont indispensables à la sûreté et au soutien des SNLE comme à la protection d’une force aéronavale de projection.

La propulsion nucléaire est particulièrement adaptée aux forces sous- marines tant elle renforce leur discrétion. Les réacteurs de propulsion nucléaire fonctionnent en circuits fermés qui ne nécessitent pas d’air, le sous-marin peut donc rester sous l’eau sans devoir refaire surface régulièrement (par exemple pour recharger des batteries à l’aide de moteurs diesels). La propulsion nucléaire donne aux sous-marins la plénitude de leur rôle dans notre défense.

Les installations nucléaires du port militaire de Toulon se répartissent autour de trois pôles géographiques :
–  La zone protégée de Missiessy Ouest composée d’une installation nucléaire, de 3 bassins et de 4 postes à quais pour l’accueil des SNA ;

–  La zone des appontements de Milhaud à l’Ouest de la Base navale pour le stationnement des bâtiments à propulsion nucléaire français ou étrangers ;

–  La zone des quais et des bassins de Vauban à l’Est de la Base navale dédiée aux opérations de maintenance du porte-avions Charles de Gaulle. 
L’installation nucléaire de Missiessy apporte le soutien nécessaire aux bâtiments à propulsion nucléaire lors des opérations de maintenance majeure.
Elle est composée de quatre ateliers :

  • –  L’atelier nucléaire léger (ANL) qui permet le recueil, le conditionnement, l’entreposage et l’évacuation des déchets radioactifs solides, ainsi que des effluents liquides et gazeux provenant des bâtiments à propulsion nucléaire et de l’INBS ;
  • –  L’atelier nucléaire piscine (ANP) qui permet l’accueil, l’entreposage en piscine et les opérations de contrôle et d’équipement des cœurs équipant les bâtiments à propulsion nucléaire ;
  • –  L’atelier mobile d’intervention principal (AMIP) qui permet de conduire les travaux de démontage et de remontage des chaufferies nucléaires de SNA dans un espace confiné vis-à-vis de l’environnement ;
  • –  L’atelier de visite des générateurs de vapeur (AGV) qui permet d’effectuer les opérations 
d’inspections des générateurs de vapeur et la préparation de leur réembarquement.

La sécurité des installations nucléaires à Toulon
La Marine nationale est le 2eme exploitant du nucléaire en France et gère l’utilisation de l’énergie nucléaire depuis plus de 45 ans (date de l’admission au service actif du 1er sous-marin nucléaire SNLE Le Redoutable en 1971), à deux titres : pour la mise en œuvre des composantes océaniques et aéronavales de la politique de dissuasion, et pour la propulsion de certains de ses bâtiments.

La gestion de l’énergie nucléaire dans la Marine est réalisée avec la préoccupation permanente de la sécurité, de la protection des travailleurs, des populations avoisinantes et de l’environnement. Des procédures et des systèmes de sauvegarde sont mis en place pour limiter en toutes circonstances un impact éventuel sur l’environnement.

Rappelons d’abord que la chaufferie nucléaire embarquée sur les SNA comprend un réacteur dans lequel est entretenue une réaction en chaîne de fusion libérant l’énergie et un générateur de vapeur alimentant une turbine pour la propulsion ou la production d’électricité. Les réacteurs nucléaires ne peuvent pas exploser car l’uranium y est très faiblement enrichi et la chaufferie est conçue pour résister aux chocs militaires et accidentels. Par contre, il pourrait survenir un défaut de refroidissement des éléments combustibles , entraînant une surchauffe du cœur, risquant à termes d’entraîner une fusion du cœur, si on ne fait rien. Pour remédier à cette éventualité, trois barrières étanches séparent le cœur du reste des installations (gaine du combustible, circuit primaire, enceinte de confinement). Il peut également être considéré que les coques des bâtiments à propulsion nucléaires constituent une sorte de « 4ème barrière de confinement ».

Rappelons également que les réacteurs nucléaires des navires militaires sont d’une taille très inférieure à ceux mis en œuvre dans le civil, puisqu’ils servent à la propulsion de bâtiments allant de 2 670 tonnes pour un SNA, à 42 000 tonnes pour le PA CDG, et non à fournir en électricité des régions entières. A titre d’exemple, la puissance d’un SNA à la mer est 100 fois inférieure à celle d’un réacteur civil du type EDF et 1000 fois inférieure quand le SNA est à quai. Cette taille minime augmente la durée avant une éventuelle fusion et laisse, par conséquent, le temps nécessaire à une évacuation des riverains et pour trouver des solutions. De plus, la quantité de matière à relâcher serait logiquement plus faible donc à impact inférieur. En outre, quand un bâtiment à propulsion nucléaire est à quai, son ou ses réacteurs sont à l’arrêt, produisant une énergie résiduelle moindre.

Rappelons enfin que les systèmes de sécurité des bâtiments à propulsion nucléaire (BPN) sont nombreux et redondants pour ne pas être contraint de revenir à quai à cause de la défaillance d’un système de sécurité unique. Les BPN sont prévus pour remplir leurs missions loin de leur base, sans soutien, tout en pouvant résister à des agressions militaires violentes. Ils sont conçus pour être autonomes quant à la réfrigération de leur réacteur et ne dépendent pas d’installations à terre.

Dans le cas du scénario, purement fictif, pris en compte dans le « PPI TOULON 2016 », le premier rejet éventuel n’interviendrait pas avant une période de 20 à 30 heures, après le début d’un dysfonctionnement. Ce temps permettrait au préfet et à ses services de prendre les dispositions de protection vis-à-vis des populations pouvant être impliquées.
Pour que puissent être envisagées des conséquences à l’extérieur du site, le scénario de l’exercice PPI met en scène une succession d’avaries, et prend en compte des défaillances successives dont on se prémunit dans la vie réelle par des procédures parfaitement codifiées qu’appliquent avec sérieux et professionnalisme le personnel intervenant sur les installations nucléaires.

En plus de 45 années d’exploitation, aucun accident à caractère nucléaire n’est à déplorer sur les bâtiments français à propulsion nucléaire. On peut mettre ce résultat au crédit des moyens consacrés à la sécurité (haut niveau de sûreté des réacteurs utilisés dans la marine, qualité des procédures de conduite, des consignes de sécurité, de la formation du personnel …).

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