Les français sont un peuple de migrants.

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Mardi 18 décembre journée internationale des migrants.
Les migrations humaines ont construit la population française (et européenne).

Le 18 décembre le monde entier fêtera et honorera un  phénomène historique naturel dans la construction démographique de la planète : les mouvements migratoires.

Il est bon de convoquer l’histoire démographique pour comprendre ce phénomène d’une façon objective, hors de toutes polémiques. Il ne s’agit pas d’une opinion mais d’un fait scientifique constaté. Les migrations sont le propre de l’humain.

Pour cela ouvrons le beau libre du plus grands des démographes français le scientifique Alfred Sauvy. Théorie générale de la population (2 vol.) – Paris : PUF, 370 p. et 397 p.
Il dit : « La France dans son peuplement s’est constituée comme un ensemble de couches de peuples venus d’ailleurs. Tous nos descendants sont des migrants ! Et de plus, depuis les origines nous sommes tous des africains. »

Résumons en quelques lignes.
Avant il n’y avait qu’une steppe et quelques montagnes et beaucoup de marécages.
Homo sapiens et néanderthaliens sont venus d’ailleurs dans les premières migrations.
Puis un premier socle de populations Celtique, les Gaulois, les Basques (origine inconnue) venus aussi d’ailleurs ont été suivies des Étrusques puis des grecs, des latins, des carthaginois, des  Romains. Après la chute de Rome les Huns, Vikings les  Goths, les Wisigoths, les Ostrogoths, les Burgondes, Alains, les Cimbres  les Teutons, les Vandales Après eux les Sarazins, les juifs, les arabes, les turco-syriaques, (à Toulon) puis les berbères. Après un relatif calme migratoire à la Renaissance sont arrivés les florentins, lombards, pisans,  piémontais, flamands, polonais. Au XVIIIème siècle des hollandais, maltais, levantins, espagnols, portugais Au XIXème siècle en pleine industrialisation du pays sont arrivés des migrants venus d’Afrique, d’extrême orient et d’Indochine, d’Europe centrale. Au XXème siècle des migrants européens sont arrivés par vagues 1883,1919, 1928, 1946, 1953, 1962 : Espagnols, Italiens, Portugais, Portugais, Yougoslaves, africains des ex-colonies se mêlant aux Arméniens et divers réfugiés migrants.

Au début du XXIeme siècle il y eut  encore deux vagues migratoires importantes en 2002 et 2012 avant que ne tombe la chape de la peur de l’étranger qui « vient manger le pain des français ». Ce qui n’a d’ailleurs pas arrêté l’émigration « choisie » par les entreprises. « Ce sont les algériens, marocains et tunisiens, ivoiriens, sénégalais, qui ont construit nos autoroutes sous le soleil, la neige et le froid et qui cherchent maintenant à se loger ! » dénonçait, en son temps l’abbé Pierre.

France terre d’accueil ?
En fait Alfred Sauvy  constate donc que la population  française est un joyeux mélange et que le français de souche est tout simplement un migrant de souche… Par sa situation le territoire français a reçu tous ces peuples qui ont prospéré (plus ou moins bien accueillis) sur son territoire. Lequel est vaste grâce au rôle des rois de France, dont l’obsession était d’agrandir  sans cesse le Royaume. Car si les Rois ont fait la France (en tant que territoire), c’est la Révolution et l’Empire qui a  fait la Nation (en tant que  sentiment partagé autour des valeurs et des espoirs communs).

Il n’est pas étonnant de constater que la France a toujours été une terre d’accueil et que c’est une caractéristique de son histoire démographique, législative et politique.

Je me souviens personnellement de l’accueil à Marseille de la communauté italienne dont je faisais partie. (Bourses d’étude octroyées dès l’arrivée, facilité des nationalisations, émissions spéciales à la Radio  française en langue italienne dont le générique était le Va pensiero de Verdi…). Je me souviens aussi de la proximité linguistique partagée avec les Instituteurs et Professeurs corses. Fraternité sur le terrain du travail et les bancs d’université.

Il ne faudrait donc pas oublier ce « meeting pot français » qui était  tout l’honneur du pays  de Zola, de Yves Montand ou de Leo Ferré pour lesquels l’amour de la France se mêlait au fier souvenir de l’italianité. (La sœur latine).

Une source de richesses méconnue. L’apport de l’autre.
On pourrait, enfin et surtout, énumérer  les richesses qu’apportent toutes ces migrations (il y a toujours  bien sûr, un tout petit pourcentage de bandits et criminels parmi elles…).
-Les migrations apportent les meilleurs des hommes, les plus courageux, au pays d’accueil.
-Elles font faire au pays d’accueil l’économie de leur éducation (c’est-à-dire tout ce qui doit être fait matériellement pour maintenir un être humain de sa naissance au moment de son départ).
-Les migrations favorisent la croissance économique en étendant les marchés
-Les migrations facilitent et renforcent les influences culturelles, même si les populations émigrées ne sont pas directement conscientes de ce fait sociologique.
-Les migrations favorisent la résolution de la crise démographique.
-Sans les migrations actuelles certains pays sont appelés à disparaître tant la natalité y est faible (France, Italie, Espagne Belgique, Allemagne).
-Cette remarque de Sauvy formulée le siècle dernier est toujours d’actualité, même si elle soulève de nombreux problèmes d’identité nationale que l’on peut comprendre. Mais le flux de l’Histoire  démographique l’ignore.
-Qui se lamente vraiment de la « perte d’identité » dans la disparition des Néanderthaliens ?
-Les migrations sont un moteur pour l’économie: venus  en âge de travailler, les migrants ne pèsent pas sur les caisses de retraites et peu sur les caisses de santé (dont les plus grosses dépenses viennent des personnes âgées). Au total, l’immigration est positive pour le budget de l’État.

La France devrait, à l’inverse de ce que pensent certains (et même parmi les derniers arrivés), encourager l’immigration. Car, dans tous les cas, globalement, les apports de main d’œuvre ne menacent pas les emplois et, sur un continent en déclin démographique, restent l’un des plus bénéfiques moteurs de croissance et même de survie.

Jean François Principiano

Bibliographie : « l’Apport de l’Autre, dépasser la peur des migrants » ouvrage collectif collection l’Harmattan.

Collectif Migrants 83 https://collectifmigrants83.wordpress.com

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