Les dangers de l’agriculture intensive

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Un rappel de la Fondation Nicolas Hulot
Projetons-nous en 2100 Ou en serons-nous ?

La température moyenne terrestre aura  augmenté de 6° Celsius.
La fonte des calottes glaciaires s’est accélérée, l’eau potable sera devenue une ressource rare, il n’y aura  presque plus de neige. Le niveau des océans s’est élevé de plus d’un demi-mètre, entraînant la disparition de nombreuses villes côtières et le déplacement de millions de personnes à l’intérieur des terres.

Canicules, inondations, sécheresses et augmentation des cyclones de plus en plus violents ravageront l’hémisphère Nord et les récoltes agricoles. 30% des espèces animales et végétales aura  disparu. L’intensification du paludisme et de la fièvre jaune fera  des millions de morts.

Ce n’est pas un scénario catastrophe digne d’un blockbuster hollywoodien…

C’est le rapport écrit par Réseau Action Climat France et la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme dont nous résumons les arguments ici.

L’agriculture est le plus gros pollueur au monde
Les transports sont toujours pointés du doigt comme étant le grand pollueur de la planète, et la cause du dérèglement climatique. Quand on pense aux transports, on pense tout de suite aux émissions de CO2. Mais le CO2 n’est pas le seul gaz à effet de serre.

Le méthane provenant des flatulences des vaches est 28 fois plus « réchauffant » que le CO2…

Protoxyde d’azote + méthane + CO2 = Un puissant cocktail contre l’environnement

Les transports sont indéniablement une plaie pour le climat mondial. Mais ils ne sont pas les seuls, et ils ne sont pas le plus gros pollueur…

Si on combine les émissions directes de l’agriculture à celles de la déforestation et du changement d’affectation des sols au profit de l’agriculture intensive qui lui sont souvent liées (17,4% des émissions mondiales), l’agriculture est la première source mondiale d’émission de GES, soit 30,9%.

Non seulement, l’agriculture est un secteur grand producteur de CO2 (carburants pour les engins et outils agricoles, chauffage des serres et bâtiments d’élevage) … Mais elle est aussi un plus gros producteur de protoxyde d’azote et de méthane.
Le protoxyde d’azote est le gaz qui arrive en tête des émissions agricoles dans le monde (70%) et en France (51%). Il provient des sols (épandage des engrais azotés) et des déjections animales (stockage).

Le méthane représente plus de 40% des émissions françaises agricoles, 50% des émissions mondiales, dont la principale source est l’élevage (animaux et déjections).

Le plus triste est que… l’agriculture souffre du syndrome de l’arroseur arrosé.

Non seulement c’est un gros pollueur qui est en grande partie responsable du changement climatique, de l’augmentation des sécheresses et des inondations. C’est aussi l’industrie qui souffre le plus de ces changements économiquement parlant.

Mais l’agriculture intensive n’a pas seulement un impact catastrophique sur le climat… Elle a aussi un impact dévastateur sur les sols.

Des sols stériles … voilà ce qui nous attend …
Les plantes ont des besoins nutritionnels différents et sont sensibles à différents parasites, bactéries et autres agents ravageurs.

Les agriculteurs plantent souvent exactement la même plante au même endroit chaque année. C’est la pratique courante dans l’agriculture conventionnelle.

Ces mêmes plantes se nourrissent continuellement des mêmes nutriments du sol qui s’appauvrit.

Les parasites et les maladies prennent alors ces sols comme résidence permanente de prédilection, car leur nourriture préférée est garantie.

Les agriculteurs n’ont comme ultime recours pour sauver leurs récoltes que d’utiliser des pesticides chimiques de façon intensive, qui vont encore plus appauvrir et intoxiquer les sols et les plantes.

Les pesticides partent dans les sols, les sources souterraines, les rivières. Ils finissent dans nos assiettes. L’agriculture qui nous nourrit d’une main nous empoisonne de l’autre.

Et si ce n’était pas déjà assez, l’agriculture intensive assèche nos fleuves et rivières.

Le plus long fleuve de la péninsule Ibérique meurt à cause de 20 années de sécheresse et de la politique agricole d’irrigation intensive.

Même scénario pour le fleuve Colorado aux États-Unis qui fournit de l’eau potable à plus de 40 millions de personnes, et alimente plus de 10 000km2 de champs d’agriculture intensive.

De l’Amérique à la Chine, de l’Australie à l’Inde, certaines des rivières les plus importantes du monde ont été asséchées ou sont sur le point de l’être, pour les besoins agricoles, industriels et pour le traitement de l’eau potable.

Mais tout n’est pas perdu !
Alors que les puissants lobbies alimentaires dépensent des millions d’euros en campagnes marketing pour promouvoir la malbouffe auprès des jeunes générations, la crise sanitaire que nous avons vécu ces derniers mois nous aura montré au moins une chose : le bio et l’agriculture raisonnable sont devenus des incontournables pour notre planète post COVID-19

La permaculture est rentable
Les monocultures appauvrissent et empoisonnent les sols avec une augmentation des niveaux d’engrais chimiques toujours plus importante, pour produire toujours plus !

La rotation des cultures, aide à restituer les nutriments au sol sans intrants chimiques.

Cette pratique permet d’interrompre également les cycles des ravageurs et des maladies, à améliorer la santé des sols, et à accroître la biodiversité.

La vie dans le sol se développe grâce à la variété. Les ravageurs, eux, la fuient.

Exemple des plantes de service : le fait d’ajouter le trèfle et la luzerne à la rotation (maïs / soja) après la récolte, pendant l’interculture, permettrait de réduire de 90% les pesticides.

Malgré cela, un grand nombre d’agriculteurs continuent de planter toujours les mêmes récoltes sur les mêmes sols, et à utiliser intensivement les pesticides synthétiques pour des raisons économiques.

Le bio est rentable
Selon une étude menée pendant dix ans par Arvalis, le très sérieux Institut du végétal, le bio est rentable.

D’après cette étude, une ferme bio de 300 ha a dégagé une marge nette de 157 000 € alors qu’en système traditionnel, cette marge n’est que de 82 000 € pour la même superficie.

Le produit brut par hectare est plus bas en bio certes, mais les charges sont 5 fois plus basses qu’avec le système traditionnel. De plus, le bio bénéficie de soutiens publics.

Mêmes sans ces soutiens, le bio reste légèrement plus rentable, et fournit des produits sains contrairement au système traditionnel.

Certes la conversion au Bio est un passage difficile pour l’agriculteur. Il doit modifier toute sa façon de produire. Les aides sont donc les bienvenues.

Mais plus que les aides financières, les agriculteurs doivent aussi apprendre à gérer cette conversion, à la maîtriser, sinon c’est peine perdue.

Il faut absolument qu’ils soient éduqués au bio, et aux bienfaits de la permaculture.

Les consommateurs s’orientent de plus en plus vers une alimentation saine, qui produit beaucoup moins de pollution !

Les agriculteurs doivent suivre cette tendance.
De plus, avec l’interdiction prochaine du glyphosate, la nécessité de trouver des alternatives au désherbage chimique se fait pressante !

Enfin, il faut éduquer aussi le consommateur à manger des légumes et fruits de saison produits dans un rayon de moins de 100km, et à réduire drastiquement sa consommation de viande. Il n’est pas nécessaire d’en manger tous les jours, et encore moins midi et soir.

La production mondiale de viande a été multipliée par quatre depuis cinquante ans, passant de 75 millions de tonnes à plus de 300 millions de tonnes.

Une consommation réduite en viande = une agriculture intensive réduite.
Si nous mangions 75% en moins de viande, cela aurait un impact énorme sur le climat.
78% des émissions de GES (gaz à effet de serre) du secteur agricole viennent de la production de produits d’origine animale.12
Une grosse partie des récoltes agricoles sont produites pour nourrir les animaux… qui partent en boucherie, avec toute la souffrance animale que cela entraine.
Sans parler de l’énorme quantité d’eau nécessaire pour maintenir ces cultures et ces élevages géants …
Nous devons  donc tous changer nos habitudes. De la grosse ferme agricole aux consommateurs, en passant par le petit éleveur. La mentalité ne doit plus être « comment faire plus d’argent » mais « comment créer une nourriture saine pour tous et pour l’environnement ».

Une nourriture que les agriculteurs seraient fiers de produire…

Propos recueillis par Jean-François Principiano

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