Le retour du diesel : il ne faut pas se tromper

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Alors que l’on écrivait partout que le diesel était condamné parce que « cancérigène » j’ai continué à dire et à écrire que son avantage était de rejeter 20% de moins de CO2 que l’essence et que son inconvénient étant les oxydes d’azote et les particules fines , que  les techniciens allaient résoudre rapidement ces problèmes. Je maintenais qu’il fallait arrêter de jeter l’anathème sur des techniques « impies » et leur laisser le temps de répondre aux contraintes.

En ce qui concerne le moteur diesel, la société Bosch qui équipe la plus grande partie des moteurs mondiaux a annoncé qu’elle était en train de mettre au point le matériel divisant par dix les émissions, à un prix très bas permettant de l’installer dans les deux ans sur les nouvelles voitures ! Le diesel peut donc repartir car il émettra moins que d’autres moteurs et les fameuses particules fines qui font si peur cela va être désormais au freinage qu’il va falloir les traquer, et ceci quel que soit le mode de propulsion des véhicules, essence, électricité, diesel, hydrogène… !

Je ne doute pas que mes contradicteurs vont essayer de prouver qu’ils ont raison contre l’évidence puisque le nouveau jeu est de confondre science et idéologie, de confondre la réalité avec la foi, en finissant par confondre les idées avec ceux qui les défendent.

Puisque la poursuite de mon tour de France, cette fois-ci par Limoges,  m’informe que ce sujet préoccupe la population, je souhaite expliquer, de nouveau, pourquoi, de façon parfaitement désintéressée, j’ai maintenu que ni la science ni la technique n’avaient eu la possibilité de mettre à l’index une technique, pas plus le diesel que toute autre.

Tout d’abord un produit est « cancérigène «  s’il est avéré, démontré, qu’il contient des éléments « mutagènes », c’est-à-dire susceptibles de modifier notre patrimoine génétique. Les observateurs   de la santé humaine, les scientifiques arrêtent très vite les possibilités de développement dans ces directions. Par contre les toxicologues et les épidémiologistes traquent tout ce qui pourrait avoir une mauvaise influence sur la vie, en particulier les concentrations abusives. C’est ainsi qu’ils ont, à tort ou à raison, stigmatisé la viande rouge, la charcuterie et le vin au même titre que les émissions des moteurs à explosion. Ce n’est pas le bœuf, le porc, la vigne ou le moteur qui sont les coupables, mais les conséquences de leur consommation abusive. Condamner le moteur diesel comme l’ont fait certains politiques ou commentateurs montre la mauvaise digestion de leurs études scientifiques ou de celle de leurs collaborateurs. Il peut y avoir des conséquences désastreuses de l’utilisation des animaux, des plantes ou des techniques, mais elles ne représentent ni les uns ou les autres le mal. En l’occurrence on a considéré que le diesel émettait trop d’oxydes d’azote et de particules fines, il restait aux industriels à mettre au point un matériel permettant de respecter des normes et ceci sans une augmentation des couts condamnant économiquement la filière. Cela semble s’être réalisé désormais, mais c’était inéluctable car il n’y avait aucun problème de principe, c’était uniquement une question de prix !

Je cherche là , non à vous montrer que j’ai eu raison car j’étais loin d’être le seul à défendre la démarche scientifique, mais à expliquer comment fonctionne la science et la technique. Il y a des principes, et non des dogmes, dans la connaissance que nous avons de la nature, par exemple les principes de la thermodynamique. Ceux qui les ignorent se trompent et engagent les politiques publiques dans des voies sans issue, c’est le cas des éoliennes en mer envisagées en France aujourd’hui, c’est le cas de certains investissements de stockage électrique…mais si l’on a bien compris les limites physiques des rendements, aucune technique n’est à condamner, il faut toujours regarder ce qui est perfectible en harmonie avec les lois de la physique, de la chimie et de la biologie. L’avenir de notre industrie doit donc se définir à partir de ce qui peut évoluer grâce aux progrès et aux travaux, et non de ce qui nécessiterait de changer de planète, c’est-à-dire d’avoir un autre nature que la nôtre. Notre humanité doit vivre avec les principes de la thermodynamique, mais l’ensemble des matériels peut évoluer, il y a une limite aux rendements que l’on pourra atteindre, mais tous les rejets pourront un jour être traités et les pires éliminés…si on veut y mettre le prix.

En ce qui concerne l’énergie je ne résiste pas à donner quelques autres exemples.
Le nucléaire est décarboné, c’est un avantage, mais il laisse des déchets, c’est un inconvénient. Lutter contre cet inconvénient n’a rien d’impossible avec les lois qui régissent notre planète. La question est donc l’acceptation ou non de ce temps long qui va nous conduire à des centrales nucléaires « décarbonées » et propres. Il est clair qu’on y arrivera. Par contre ce sur quoi il faudrait réfléchir c’est sur la taille des réacteurs dont nous aurons besoin dans l’avenir 1000 MW , 1500 MW ou 300 à 400 MW ? Si l’on réduit la taille le problème des déchets se pose-t-il de la même façon ?

Le charbon va continuer à être utilisé dans le monde, mais il faut réduire les émissions. Pour cela il faut faire régresser l’utilisation individuelle (95% du problème) et augmenter les températures de combustion, et ainsi améliorer les rendements. La France a été moteur dans cette évolution et nos techniques font avancer le bas carbone (pas nos techniciens puisque le charbon est ostracisé chez nous !)

Le Gaz est bas carbone et représente la chance des pays à développer d’obtenir une électricité rapidement à un prix acceptable. Les cycles combinés ont fait des progrès énormes tandis que le gaz butane et propane soulage les ménagères à la fois de la collecte du bois (lutte contre la déforestation) et des maladies respiratoires qui en condamnent énormément dès la quarantaine.

Les éoliennes actuelles sont de plus en plus nombreuses tandis que leurs envergures augmentent, on veut en mettre partout sur terre et en mer ? Leur rendement est médiocre et leur intermittence un handicap, tandis que les amateurs de vie naturelle les contestent chaque jour un peu plus. On sait que l’on peut faire des éoliennes sans pales, sans bruit, protégeant humains et animaux, que l’on peut construire des éoliennes flottantes qui ne vont pas nécessiter des forages en mer douloureux pour la faune et la flore aquatiques…

Les fermes solaires occupent un territoire énorme que seule l’existence de déserts peut justifier, il faut encore concentrer la réception   pour diminuer les emprises au sol !

Retrouvons donc un peu de raison après ce dément cinglant du diesel, aucune technique n’est à prohiber, il convient simplement de lui fixer des règles pour en permettre le développement. L’urgence du développement conduit à ignorer dans un premier temps les inconvénients, ceux-ci apparaissent lorsque la prospérité arrive, on doit alors orienter le progrès pour la sauvegarde de l’humanité dans son environnement naturel. Pas d’anathèmes, mais des exigences liées aux réalités de la pénurie ou de son abondance !

Loïk Le Floch-Prigent

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