Le Requiem de Mozart à l’Opéra de Toulon.

0

Il était très attendu ce Requiem de Mozart ! La direction de l’Opéra de Toulon avait eu une bonne idée en l’inscrivant dans l’offre lyrique de la saison pour les commémorations de l’Armistice. L’opéra de Toulon était donc archi-comble vendredi soir 9 novembre pour la première sous la direction de son nouveau directeur musical Jurjen Hempel. Disons tout de suite qu’il fut le « héros musical » de cette soirée. Le choix de ce chef hollandais est une bonne chose pour la musique dans notre ville et pour la maison lyrique varoise.

Un grand chef.
Cette partition, que l’on devrait plutôt appeler Requiem de Mozart-Süssmayer puisqu’un quart seulement est de la main de Mozart, possède néanmoins un charme et un pathétique quasiment mythique. Il est cependant très difficile à monter comme tout Mozart d’ailleurs.

Il nécessite quatre solistes de premier plan, ce qui fut en partie le cas. La soprano Anna Maria Sarra avait un timbre agréable et un beau phrasé mais elle relevait tout juste d’une laryngite qui lui ôta une grande partie de ses moyens. Plus en voix, la contralto Yael Raanan-Vandor a fait preuve de beaucoup de mordant. Le baryton-basse Edwin Crossley-Mercer a surpris dans le « tuba mirum » par un timbre marmoréen éclatant et un phrasé mozartien impeccable. (vidéo) Nous avons retrouvé avec plaisir le ténor Marco Ciaponi qualité du timbre et legato parfait.

L’orchestre de l’Opéra de Toulon, sans les flûtes (jugées au timbre trop joyeux par Mozart qui les écarta de l’orchestration) est apparu à la hauteur de la situation sous la direction de Jurjen Hempel que nous découvrons ici d’une remarquable précision. Spécialiste néerlandais de musique contemporaine (son splendide enregistrement de l’œuvre de Brian Ferneyhough Shadowtime vidéo) c’est un authentique kapellmeister qui fera progresser encore l’Orchestre de Toulon.

Difficulté de l’amalgame amateurs professionnels.

Yael Raanan-Vandor

Hempel a surtout fait preuve de la poigne nécessaire (avec beaucoup de simplicité et d’humilité) pour maintenir la cohésion de la (trop) grande masse chorale (120 choristes !) mêlant professionnels et amateurs. Il ne s’agit point ici de méconnaître l’enthousiasme, la vaillance, l’élan, la joie légitime de chanter des chœurs amateurs. Ni même de critiquer le travail des divers chefs de chœurs qui ont fait tout ce qu’ils purent. Malheureusement sur ce point nous ne sommes ni en Allemagne, ni en Angleterre, ni en Hollande. Le grand nombre ne peut camoufler les carences de bases. Au contraire. Certains moments manquaient de justesse, l’una voce d’ensemble était fragmenté, la qualité des timbres étaient trop défaillante, l’intonation incertaine. Sans connaissance du solfège, sans la possibilité de lire les notes, trop de choristes amateurs restent livrés à eux-mêmes, chantant « à la feuille ».

Marco Ciaponi

Ce n’est la faute de personne, sinon peut être du manque d’une réelle tradition chorale dans l’éducation nationale française. Rappelons que le solfège ne s’apprend bien que dans le plus jeune âge, comme les langues étrangères. Malgré cette réserve qui ne porte au fond que sur des nuances (mais c’est là toute la vérité de la musique) le paquebot arriva à bon port sous les applaudissements et il faut sans doute ne retenir que le meilleur de cette expérience : la joie du partage musical sur scène et le bonheur de la communiquer à un public d’amis.

Jean-François Principiano

 

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.