Le gel hydroalcoolique une invention  aux mains propres

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Une infirmière au grand cœur
En 1966 une  jeune infirmière californienne Guadalupe Hernandez découvrant les ravages des contagions par les mains sales lors d’un stage dans une ONG cherche une solution qui puisse remplacer l’eau et le savon dans des régions de stress hydrique. Après la fin de ses études à Bakersfield à 160 km au nord de Los Angeles, « Lupe » Hernandez met au point son mélange. (Éthanol, glycérine, eau oxygénée). Devant le succès de sa formule elle est courtisée par l’industrie chimique.  Mais elle refuse de breveter son gel et envoie une copie de sa composition à une ONG qui transmet à l’ONU.

Un suisse idéaliste
Quelques années plus tard Didier Pittet un médecin suisse développe la formule d’Hernandez pour en faire le gel que nous connaissons. Cette solution pour l’hygiène des mains, indispensable en ces temps d’épidémie de coronavirus aurait pu lui rapporter gros. Mais plutôt que de s’assurer de confortables revenus avec son invention, il a préféré faire don de la formule à l’OMS et ainsi sauver des vies.

Âgé de nos jours  de  63 ans Didier Pittet avait de quoi se frotter les mains. Médecin infectiologue et épidémiologiste, ce professeur travaillait à l’hôpital universitaire de Genève, en Suisse. S’il avait reçu 0,1 centime par flacon vendu chaque année, le médecin suisse aurait pu encaisser 1,7 milliard d’euros…

Lutter contre les affections nosocomiales
Au début des années 90, Pittet s’intéresse comme beaucoup d’autres  aux maladies nosocomiales et souhaite trouver des solutions pour éviter leur propagation. Il cherche une alternative plus rapide et plus simple que le lavage des mains auquel s’astreint le personnel soignant jusqu’à vingt fois par heure.

« Grâce à ce gel, nous avons pu entreprendre une révolution dans les soins aux patients, en remplaçant l’eau et le savon dans l’hygiène des mains, matériellement impossible pendant les soins. J’ai été aidé par une équipe, et par le relais de l’OMS« .

Cette solution contient, en plus de l’alcool, du glycérol (émollient protecteur) et du peroxyde d’hydrogène (H2O2, un auto-stérilisant).

Les mains propres le geste qui sauve
En Suisse le personnel soignant l’adopte et les infections nosocomiales chutent de 8%. Ses résultats sont publiés dans une revue internationale, et suscitent l’intérêt d’hôpitaux du monde entier. La consécration vient en 2005, quand  l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) décide de soutenir le déploiement de cette solution. Didier Pittet prend alors en charge un programme mondial baptisé « Clean hands save your life” (lavez-vous les mains et sauvez votre vie) qui est à ce jour adopté par plus de 191 Etats membres des Nations unies.

Par la générosité de ces deux chercheurs le gel devient universel. Grâce à leur invention  ce sont 8 millions de vies qui sont sauvées chaque année et bien davantage  avec la crise sanitaire actuelle.

Coup de chapeau pour « Lupe et Didier »  qui sont passés à côté d’une petite fortune pour le bien de l’humanité.

Jean-François Principiano

À lire le Geste qui sauve de Thierry Crouzet éditions L’Âge d’homme

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