Le covid 19 au cœur de nos émotions

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Depuis le début de l’épidémie notre façon de vivre a changé. Ce qui a le plus étonné les sociologues c’est le nouvel horizon émotionnel. Nos émotions se sont adaptées à l’évènement qui les a en quelque sorte exacerbées. Cette prise de pouvoir de l’émotionnel sur le rationnel est un phénomène bien connu en période de crises ou de guerres. Mais puisqu’il parait que nous sommes en guerre, nous avons là l’occasion de le vivre collectivement. Petit rappel sur cette nouvelle donne de la vie en société à l’époque du Covid 19.

Qu’est-ce que l’émotion ?
Le mot « émotion » signifie « bouger » en latin. Vivre une émotion implique donc une action, un mouvement ! Dans le cas de l’épidémie de coronavirus l’émotion est provoquée par la mise en commun du problème qui entraîne une réponse dans notre corps, bouleverse notre pensée et nous conduit à adopter un certain comportement nouveau vis-à-vis des autres.

Les émotions de base
L’épidémie a ravivé ces sept émotions de base, la joie de ne pas être testé positif, la surprise de l’évènement  que personne n’a vu venir, le dégoût devant les situations d’impréparations, la peur d’être contaminé, la colère devant  la mort des anciens, la tristesse des deuils et la sensation d’être traité avec  mépris par les politiques.

Les autres émotions comme l’admiration, l’amour ou la jalousie sont des associations entre les premières. La honte est par exemple un mélange de peur et de colère.

Le cerveau et le covid 19.
Éprouver une émotion pendant un événement comme l’épidémie fait intervenir plusieurs régions de notre cerveau. Que se passe-t-il lorsqu’on a peur d’attraper le virus ? On perçoit  tout d’abord un changement dans notre environnement par l’un des cinq sens. On voit son avenir hospitalier, les soins intensifs, la réanimation etc… Ces informations sont transmises à une région du cerveau appelé « thalamus », sous forme de messages nerveux. Des images défilent, les lumières des salles d’opération, l’odeur des produits, le bruit des ventilateurs respiratoires, l’isolement, la rupture avec sa maison … une sorte de déracinement avec  peut être la mort au bout. La mort sans la présence des êtres chers …

Toutes ces informations sont ensuite dirigées vers le « cortex cérébral ». Elles y sont analysées en fonction de ce que l’on a déjà vécu et des connaissances que l’on en a ou que l’on imagine. Plus un homme a de la culture et des connaissances et  plus il est sensible à l’angoisse.*

Si le cortex juge qu’il y a danger face à ces images psychiques il dirige le signal vers l’amygdale. Cette région du cerveau provoque une réponse instantanée : le comportement s’adapte à cette situation en prenant la fuite. Malheureusement la fuite tant espérée est impossible puisque le Covid est partout et que l’on se retrouve confiné. C’est la crise d’angoisse.

La covid ’angoisse
Parfois une partie du chemin est court-circuité, l’information passe directement du thalamus vers l’amygdale. Celle-ci suscite alors un  comportement réflexe : on commence à réagir à la situation avant même de l’avoir analysée. L’angoisse de la contagion se transforme en violence irrationnelle de la peur. On s’en prend aux soignants que l’on soupçonne de contaminer tout un quartier lorsque le soir ils reviennent chez eux. Ainsi qu’au pasteur du rassemblement évangéliste  de Mulhouse qui a subi un harcèlement et des menaces de mort sur les réseaux sociaux  même après  avoir demandé pardon pour l’organisation de ce rassemblement.

En somme cette épidémie contre laquelle, jusqu’à maintenant, on n’a pu dresser que des barrières datant du XIX° siècle, aura eu comme conséquences collatérales de replacer le système  émotionnel au centre  de notre vécu collectif.

*Source Traité  de psychologie des émotions par David Sander Dunod Editeur

Jean François Principiano

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