Le collectif « Quartiers libres » fait son cinéma

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Vendredi 16 décembre, au Comédia, la coordination nationale « Pas sans nous » et les collectifs citoyens qui constituent à Toulon « Quartiers libres » ont eu l’heureuse idée de présenter le film « Ils l’ont fait », réalisé par les jeunes de Mantes-la-Jolie.

En présence de Majid Eddaikhane, l’un des quatre réalisateurs du film, du fondateur de la coordination nationale Mohamed Mechmache, de Daniel Bikini, président du collectif toulonnais, d’André Neyton directeur du Comédia qui a félicité les auteurs et les organisateurs. Un très nombreux public, enthousiaste, remplissait le théâtre.

Ce film, une fiction jubilatoire en forme de satire politique, raconte l’histoire d’un jeune adulte en galère (issu de la diversité comme on dit pour bien marquer leur différence !), radié de pôle-emploi décide, à force d’humiliations, dans cette ville dirigée par un maire très conservateur cynique et corrompu, de faire une liste pour l’affronter aux prochaines élections municipales.

Nous n’en dirons pas plus, vous laissant le plaisir de découvrir la suite quand l’occasion vous en sera donnée. Le film n’est pas dans le circuit commercial ni programmé à la télé. Mais cela peut arriver. Car il est très bien fait et la réalité, hélas, dépasse la fiction. Et pas qu’à Mantes-la-Jolie…ce serait trop beau.

A Toulon il est beaucoup question de corruption en ce moment…On avait déjà eu droit à l’assassinat d’une députée, à la déchéance d’un maire de droite corrompu, président du conseil général, ce qui nous a valu la gestion calamiteuse du FN, de 95 à 2001 marquée par la mort violente d’un adjoint et l’emprisonnement d’un autre pour viols, harcèlement sexuel et diverses condamnations du maire et de son épouse … Aujourd’hui c’est un adjoint LR, président du Sittomat qui est mis en examen pour soupçons de favoritisme et prise illégale d’intérêts. Il a remis ses délégations…selon la version de la mairie.

A côté, le film sur Mantes-la-Jolie est un  beau conte de Noël qui finit bien et qui donne la pêche, comme « Merci Patron » de François Ruffin qui, lui, racontait une histoire vécue et filmée en direct, sur le vif, de manière savoureuse. Les acteurs étant les véritables personnages… avec d’autres qui ne se savaient pas filmés !

Les deux films ont en commun d’apporter une bouffée d’oxygène à celles et ceux qui perdent peu à peu l’espoir qu’on peut changer le cours de la politique. Et qui vont jusqu’à déserter les urnes puisque « ça sert à rien », plus encore dans les cités populaires où la mixité sociale est un leurre et où les problèmes s’accumulent face au chômage, à la précarité, aux inégalités qui s’ajoutent aux questions du logement et de son environnement, des services publics qui se réduisent.

Et pourtant, dans ces cités il y a, autant qu’ailleurs, des potentialités, de la créativité, des associations qui s’efforcent de pallier aux manques, des bonnes volontés qui ne demandent qu’à s’exprimer. Mais dont les édiles, ici, se méfient, ne leur déléguant pas de moyens et de pouvoirs, préférant décider pour tous et ensuite déplorer les marques d’incivilités. Les réticences des maires comme à Toulon à installer les conseils citoyens en sont l’illustration. Des fois que les habitants se mêleraient de ce qui les regarde entre deux élections ? Et s’organiseraient pour cela. La démocratie participative est bien malade.

Pendant plus d’une heure le débat qui a suivi a permis de mesurer l’intérêt porté à ce film réalisé sans moyens, les rares acteurs -excellents- l’ayant fait bénévolement comme les figurants mais le résultat est tout à fait étonnant et ne fait que confirmer les ressources qui existent parmi ces Français (es) dont, à droite et à l’extrême-droite on ne parle le plus souvent que comme des Français entièrement à part, plutôt qu’à part entière, de par leurs origines quand ce n’est pas leur religion. Et des cités comme des nids de délinquants, de trafiquants si ce n’est de terroristes. C’est précisément cette stigmatisation qui accroit les tensions et nourrit les haines de part et d’autre. D’autant que le communautarisme si néfaste n’existe pas que dans les cités populaires.

L’échange n’a permis que d’effleurer l’une des causes essentielles de ce sentiment d’abandon et d’impuissance : l’aggravation des inégalités, de la question sociale, les politiques d’austérité imposées aussi bien par la droite que par la gauche de gouvernement. Au point que le président sortant a préféré renoncer à défendre son bilan ! Lui qui promettait de pourfendre la finance et son ex-premier ministre qui veut maintenant abroger le 49-3 !!

Reste aux citoyens la possibilité de ne pas renoncer, eux, à se rassembler pour qu’une alternative progressiste puisse succéder aux déceptions légitimes et déjouer le piège tendu qui nous est déjà « vendu » comme probable, histoire de nous décourager : un second tour droite-extrême-droite ?! Rien n’est joué. Ne les laissons pas nous enfumer. Mobilisons-nous sinon nous risquons de subir des régressions encore plus douloureuses. Ce sentiment était largement partagé.

Il est grand temps, pour les dominés que nous sommes, de ne pas nous laisser diviser, de nous unir dans le respect de nos différences pour construire un avenir de progrès humain, dans un environnement préservé, de justice sociale, de fraternité, de tolérance et de paix.

Le film et le débat du Comédia y auront contribué. Souhaitons-leur des prolongements.

René Fredon

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