Le charme indiscret des maisons de retraites

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Vader (le père) en liberté
En tournée au Japon et dans toute l’Europe depuis sa création en 2014, le spectacle Vader (le père) de Franck Chartier sera présenté pour la première fois à Toulon les mercredi 18 et jeudi 19 décembre. Durant ces deux soirées, les quelque vingt interprètes, danseurs, comédiens professionnels et amateurs investiront la scène du Théâtre Liberté. Vader met en scène un père au moment délicat où celui-ci arrive accompagné par son fils dans une maison de retraite. Dans la salle de bal, la salle des pas perdus, un concert se prépare. Infirmiers, agents d’entretien, chanteurs, visiteurs et aides-soignants se succèdent dans des scènes tout aussi délirantes que surprenantes.

Un humour désinfectant
Vader est un spectacle très original aux confins du surréalisme et de la dérision selon le principe que l’humour déjanté est une forme de désinfectant social. Un moment nécessaire de pause dans la rationalité malgré une certaine cruauté de situation

Sur un thème a priori douloureux, le collectif Peeping Tom excelle dans ce portrait merveilleusement enjoué d’une humanité doucement fêlée, dont l’humour tendre produit une irrésistible griserie. Compagnie de danse et de théâtre belge, ce collectif théâtral est fondé en 2000 par Gabriela Carrizo et

Franck Chartier

Franck Chartier. Leurs créations se démarquent par une esthétique hyperréaliste, soutenue par une scénographie concrète. Dans chacune d’entre elles, le spectateur devient témoin de ce qui, habituellement, demeure caché ou passé sous silence.

La gloire de son père (Vader)
On ne s’ennuie pas une seconde dans cet hospice pour personnes âgées dont le décor reproduit une salle de bal où un concert se prépare.

Le père, installé au piano, se lance dans un récital endiablé tandis qu’autour de lui les corps se déforment et les objets prennent leur indépendance. Mélangeant subtilement théâtre, danse, contorsions et musique, ce spectacle décrit un monde parallèle à la fois étrange et charmant, mais surtout profondément humain A travers cette création, premier volet d’une trilogie familiale (Vader 2014, Moeder 2016 et Kinderen 2019), Peeping Tom interroge la vieillesse, l’abandon mais aussi la figure du père.

Une métaphore de l’existence
Cette salle de bal est une métaphore de la vie, de ses espérances, de ses tourments. Le spectacle contient un élément physique et objectif, sensible à tous. La vieillesse est un naufrage. Cris, plaintes, apparitions, surprises, coups de théâtre de toutes sortes, beauté magique des costumes pris à certains modèles rituels, resplendissements de la lumière, beauté incantatoire des voix, charme de l’harmonie, notes rares de la musique, couleurs des objets, rythme physique des mouvements dont le crescendo et le decrescendo épouse la pulsation de mouvements familiers à tous, apparitions concrètes d’objets neufs et surprenants, voilà les mille qualités de ce spectacle atypique . A voir d’urgence, la valise à la main et le cœur en bandoulière.

Jean-François Principiano

 

 

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