Le cauchemar de Hollande

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Le cauchemar de Hollande

Patience, c’est bientôt fini ! Le président ne tient plus en place. On ne l’imaginait pas aussi nerveux.Il ne devait rien dire jusqu’au 23 avril au soir ? Le voilà qui descend dans l’arène médiatique, bien imprudemment pour nous faire part de son opinion, toujours intéressante mais est-ce bien utile ?

Le voilà qui multiplie les prises de parole. « Testament » dans le Point, après un livre bien mal venu, confidences un peu partout. Mais nous ferait-il un cauchemar ? Il semble bien. Il craint pour la succession. C’est ça. Il alerte les Français sur la catastrophe qui hante ses nuits. Pas forcément les nôtres. Son message : « vous vous rendez compte, on risque un duel entre Le Pen et Mélenchon ! »

C’est ce qu’il craint par dessus tout. Mais ça fait longtemps que Marine Le Pen fait la course en tête, que sa qualification est donnée acquise et il ne faisait pas de convulsions, il n’éprouvait pas de crainte particulière, il s’y était fait, il était plus serein ?

Il pensait sans doute qu’il n’y avait aucun danger, qu’elle serait battue, n’ayant personne ou du moins aucun allié politique pour lui assurer une majorité au second tour. C’est même utile un FN à une certaine hauteur qui brouille les pistes, surtout à droite et vient même semer la confusion en reprenant certaines formules de gauche pour laisser croire qu’ils ne sont pas si extrêmistes que ça, même si Trump leur fait beaucoup d’effet.

Mais alors, c’est Mélenchon qui le hante ! Tant qu’il était à 10, 12, 15% ça allait encore. Voilà qu’il arrive à 20%, et encore ce n’est pas le vrai chiffre puisque les sondeurs, nous a-t-on expliqué à la télé,  « corrigent » le résultat brut sorti de leur échantillon et selon la sensibilité de leurs commanditaires -très majoritairement à droite- modifie légèrement le chiffre qui sera rendu public. Un des éléments de la manipulation de l’opinion.

Sondage ou pas, il continue à affoler les compeurs, à rassembler des foules et à faire forte impression au milieu de tous ses concurrents devant des millions de Français (es) parmi lesquels celles et ceux qui désespéraient d’être pris en considération et qui entendent parler de fraternité, de refus des injustices, des discriminations, de richesses à partager, de nature à préserver, de moralité, de paix, d’humanité…

Donc ce n’est pas Marine Le Pen qui empêche de dormir le président. C’est uniquement Jean-Luc Mélenchon, un de ses anciens camarades de plus de trente ans, qui, lui, a largué les amarres depuis dix ans et reste fidèle à des valeurs qu’il a vu trop longtemps piétiner.

La misère, les inégalités, la corruption, le mépris de l’autre, le pouvoir et les abus des puissants…ça ne le laisse pas insensible. Il ne ferme pas les yeux, il ne rêve pas d’être à la place des parvenus, comme les millions de Français qui ont le sentiment de ne pas exister puisqu’ils n’ont pas le minimum pour vivre décemment.

L’orgueil est atteint, Hollande croyait avoir bien préparé la succession : lui « grillé »par l’impopularité de sa politique, de ses renoncements, de son ralliement -déjà ancien mais moins affirmé- au libéralisme. Il avait deux fers au feu, pour poursuivre l’oeuvre du quinquennat. Manuel Valls qui l’avait poussé vers la sortie et Emmanuel Macron, son protégé, au cas où.

Le premier un peu brutal, le second plus « rond », plus florentin, comme son maître, déjà roué aux techniques de l’enfumage et du parler pour ne rien dire mais sachant fort bien d’où il vient et où il veut aller, les affaires, la haute finance, ça le connaît.

Et voilà que JL Mélenchon est en train de lui casser la barraque…sur fond de grande colère sociale. Du coup Hollande se met à douter du scénario qui paraissait écrit : la victoire ne pouvait échapper à un libéral, que ce soit Valls, Fillon ou Macron. Contre Le FN, c’était dans la poche, comme Chirac en 2002, peut-être pas 80% mais sans problème. La bourse et le MEDEF pouvaient dormir tranquilles, le président aussi, il avait sauvé l’essentiel : le pouvoir du fric et de ceux qui le possèdent. Tournez manège.

Il paraît que le libéralisme, il n’y a rien au-dessus, rien après, c’est la fin de l’histoire, on n’ y peut rien changer ? C’est la « modernité », l’avenir du pays, de l’Europe et du monde…des affaires ? Pardi, tant que les peuples sont dans la précarité, dans la résignation, ça marche. Mais quand ils prennent conscience que le système prend l’eau de toutes parts, qu’on les as bernés et qu’il est possible d’en sortir…démocratiquement, alors tout devient possible.

Le président « normal » n’aura pas pu défendre son bilan et voilà qu’il entrevoit que le cours de la politique qu’il a menée pourraît s’arrêter et qu’il pourrait bien fermer la porte de la Vè République.

Alors il se jette dans l’arène qu’il n’aurait pas voulu quitter et tente, désespérément, de dramatiser au maximum, ce qu’il redoute : l’alternative progressiste à la dictature de la finance qui ressouderait la société française fracturée et pourrait faire tâche d’huile en Europe, non pas pour la renier mais pour la construire avec les peuples, pas contre eux.

Il s’emploie, avec tout son entourage, à noircir l’intrus qui vient troubler le jeu et la règle du jeu… »il va déstabiliser la bourse, les marchés, en Europe c’est l’inquiétude…le tribun, c’est une chose, son programme, c’est la ruine, c’est le communisme, suprême injure qui renvoie à la caricature de l’homme-au-couteau-entre-les-dents, hirsute, inculte, sanguinaire qui vient vous prendre tout ce que vous avez et même ce que vous n’avez pas ! »J’en passe et des meilleures…

Dérisoire et même pathétique cette immixtion dans la campagne pour prêter à un candidat issu de la même formation et qu’il tutoie depuis des décennies, un tel dessein à un moment où JL Mélenchon se trouve en adéquation avec la France d’en-bas, celle qui ne versera pas une larme sur le président qui l’a « oubliée » après lui avoir menti. « Mon seul ennemi c’est le monde de la finance… » lançait-il au Bourget quelques jours avant le 1er tour, en 2012. C’est resté dans toutes les têtes !

Il n’y a nulle revanche à prendre, juste à faire mentir le président éploré à l’idée que c’est par le vote que les Français se détermineront en toute souveraineté. Et c’est plus encore par leur intervention permanente, sur le terrain social, économique et politique, après le vote, que les objectifs proposés pourront se concrétiser. On le voit bien, la caste des privilégiés tremble déjà.

Ce qui les effraie par exemple, c’est que jusqu’à 4 000 euros par mois et par personne la fiscalité va baisser, de 4 à 6 000 euros…stable. Ce sera largement compensé par les prélèvements sur les plus riches, jusqu’à 30 000 euros par personne et par mois, au-delà 90% de retenue. Il y aura 14 tranches d’impôt sur le revenu, donc beaucoup plus progressif que les 5 actuelles. Sans parler de la récupération de la fraude et de l’évasion fiscales…et de la suppression des 451 « niches fiscales »? En bas de l’échelle des revenus : moins de prélèvements, en haut beaucoup plus. Quelles bonnes nouvelles pourtant, enfin !

Voudraient-ils nous cacher qu’il y a, en France aussi, de plus en plus de riches qui sont de plus en plus riches ? Et inversement. Avec indécence Macron à Las Végas incitait les jeunes à vouloir être milliardaires ! « Il n’y a pas de honte à ça ». Si, quand autant de jeunes galèrent à trouver un emploi stable et bien rémunéré, un logement indépendant, une formation qualifiante.  Ils sont doublement pénalisés dans les quartiers populaires où le chômage atteint 25 % chez les jeunes ! C’est ça l’idéal qu’on leur propose ?

Rassurons le président « normal » : il ne restera pas dans les annales. Il mérite bien cette dédicace : »S’il a humilié le monde du travail, il aura jusqu’au bout servi le capital ».

René Fredon

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