Le Bourrage d’urnes, ça ressemble à quoi? par Bruno Jouassain

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L’exemple de TOULON en 2017
Un article de deux pages rédigé par deux journalistes, Simon Fontvieille et Jean-Baptiste Malet (prix Albert-Londres 2018) est paru dans « Le Monde Diplomatique » du mois de Mars 2020.

Son titre : « À Toulon, le maire organise son plébiscite ».
Cet article a fait réagir tous les candidats aux élections municipales de Toulon, dans une quasi-unanimité, pour solliciter le préfet du Var afin que ce dernier garantisse la bonne organisation des prochaines élections.

Le « bourrage d’urnes » pendant les dernières élections législatives 2017 a en effet été démontré par ces journalistes qui sont allés à la rencontre de personnes qui assurent ne pas être allées voter, alors même que des paraphes sur une ligne correspondant à leur nom indiquent le contraire sur des listes d’émargement.

On cite notamment le bureau 117 (1ère circonscription du Var).
On rappelle le contexte : la première adjointe de la mairie, candidate pour son nième mandat, arrive en ballotage très défavorable (25,5 %) derrière la candidate d’En Marche (32%), et talonnée par le candidat du Front National (23%). La campagne a été conduite par monsieur le Maire en personne, qui figure sur toutes les photos entre la candidate et son suppléant.

À l’annonce des résultats de ce premier tour, celui-ci entre dans une colère noire (qui sera rapportée le lendemain dans le journal local Var Matin) et réunit le soir même ses équipes.

Le lendemain, des journalistes témoignent que des équipes de la mairie, incluant des élus, photographient méthodiquement toutes les feuilles d’émargement qui viennent d’être remises en préfecture, quatre personnes le matin, et trois l’après-midi.

Le surlendemain, le candidat du FN contacte la candidate d’En Marche pour lui faire part de son étonnement, la mairie ayant refusé les assesseurs que son parti, bien implanté à Toulon, fournit habituellement. Il indique que c’est tout à fait inhabituel.

Parallèlement, le candidat de la France Insoumise passe par un intermédiaire pour indiquer à la candidate d’En Marche que des fuites venues du personnel de la mairie indiquent que des fausses procurations sont probables dans tel et tel bureau et qu’il se passe des « choses » pas claires.

Il est vrai que la petite équipe d’En Marche n’a pas pensé à armer les bureaux de vote pour le second tour, tout juste une vingtaine sur la centaine que comporte la circonscription !

Évidemment, à part la photographie des feuilles d’émargement, tout cela en reste au niveau du « soupçon ». Juste du folklore local.

Au second tour, la candidate de la mairie bat la candidate En Marche avec un score de 55%.

Résultat sans appel, bien que le niveau du score de la gagnante ait pu paraître très élevé alors même que la participation avait chuté.

Mais bon ! Aucune fraude avérée à ce stade. Et puis, rappelons-nous : on en était au débat des idées, la CSG, etc.

Pour autant, l’idée de la photographie des listes d’émargement avait rapidement germé dans l’entourage de la candidate et une petite équipe, incluant un amiral à cinq étoiles en retraite, s’en est allée photographier les dites listes en préfecture au lendemain du deuxième tour.

Ces photographies n’ont toutefois pas été analysées car c’est un travail que la candidate En Marche n’avait pas souhaité faire, ne serait-ce que par souci de ne pas apparaître comme mauvaise perdante. Et puis, on ne souhaite pas s’appesantir sur des allégations.

Mais les étonnants résultats du bureau 117 obligeaient tout de même à y regarder de plus près. Et là, à l’évidence, les photos se sont montrées éloquentes !

Le lecteur de cet article va maintenant pouvoir voir exactement à quoi ressemble un « bourrage d’urne ».

Sur ces 4 photos, on voit des signatures dans deux colonnes correspondant à chacun des deux tours. Au bas de ces colonnes, on voit écrit au crayon un chiffre qui recense, page par page, le nombre de signatures de façon à vérifier que ces chiffres lorsqu’ils sont additionnés correspondent bien au nombre de votants comptabilisés par ailleurs.

Sur la première photo, on voit un « cas normal » : au premier tour 7 votants, et au second 4 votants, le nombre de signatures correspond au chiffre inscrit en bas de chaque colonne.

Sur la seconde photo, on voit au premier tour 3 votants, et au second 2 votants (indiqués au crayon), plus 2 signatures ajoutées !

Sur la troisième photo, on voit au premier tour 2 votants, et au second 1 votant (indiqué au crayon), plus 5 signatures ajoutées !

Sur la quatrième photo, on voit au premier tour 4 votants, et au second 3 votants (indiqués au crayon), plus 7 signatures ajoutées !

Le lecteur pourra s’amuser, si toutefois il trouve cela amusant, à identifier les fausses signatures.

On ne sait évidemment pas à quel moment ces signatures ont été rajoutées, mais selon toute probabilité, elles l’ont été en toute fin de processus, dans la mesure où déjà une première comptabilisation avait été effectuée comme le montrent les chiffres portés au bas des colonnes. Est-ce au bureau de vote, en mairie, entre les deux ?

L’enquête, si elle était déclenchée, pourrait le dire. Mais est-ce que cela intéresse encore un préfet ou un procureur de la république ?

C’est le Sud.

Bruno Jouassain, membre de l’équipe de campagne de la candidate En Marche aux législatives de 2017.

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