L’agriculture Varoise en trompe l’oeil

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A l’heure où les portes du Salon de l’agriculture s’ouvrent, où les agriculteurs français sont en colère et le font savoir, on pourrait croire que l’agriculture varoise se porte bien. On le pourrait d’autant plus facilement que l’ineffable Rosé connait un authentique succès. A y regarder de plus prêt la situation n’est peut être pas aussi angélique.

Le Rosé est aujourd’hui une belle locomotive, c’est vrai, mais la concurrence gagne des parts de marché. Que ce soit dans le Bordelais, dans le Languedoc ou dans des pays lointains tout le monde a bien compris que l’avantage du Rosé c’est surtout son cycle économique d’un an environ, contre la production des vins de garde qui impose aux agriculteurs une trésorerie de 4 ou 5 ans.
Le Rosé représente plus de 85% de la production varoise, en oubliant le Rouge et le Blanc alors que nous savons en faire de très bonne qualité. Il reste à souhaiter que le Rosé ne soit pas … un phénomène de mode.

Du côté de l’horticulture, la situation est beaucoup plus préoccupante. La venue du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll pour annoncer la création du label « Fleur de France » n’aura eu aucun effet sur le quotidien des horticulteurs varois. La mondialisation du marché, les coûts de production autant de facteurs qui font peser de lourdes menaces sur les exploitations.

Les céréaliers du haut Var sont peu nombreux c’est vrai, mais ils n’échappent pas aux nouvelles règles d’un marché mondialisé. Considérés autrefois comme les «nantis» de ce secteur, pour eux aussi la crise est grave. Malgré des productions globalement en hausse, selon les prévisions du service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste), les exploitants ont subi une perte de revenus de 60% en 2014. En moyenne, le revenu devrait être de 11 500 euros, soit un salaire de 958 euros par mois. Stéphane Le Foll, a reconnu depuis Bruxelles que l’agriculture traversait «une difficulté avec des niveaux de prix qui impactent les revenus» même s’«il y a une stabilisation mais à un niveau bas.» Plusieurs facteurs expliquent cet effondrement: les récoltes de céréales ont été abondantes mais de mauvaise qualité. Mais surtout, les récoltes de blé et de maïs dans le monde ont aussi affiché des records. Conséquence: les cours ont chuté. Les céréaliers comme d’autres connaissent l’arrivée de spéculateurs, qui n’hésitent pas à stocker des graines pour faire monter les cours, sans pour autant payer plus les agriculteurs. On marche sur la tête !

Chez les éleveurs la situation n’est pas plus stable. Quand ce n’est pas l’Europe, c’est le loup qui complique le quotidien des éleveurs varois. Sans abattoirs dans le département les producteurs doivent aller dans les départements limitrophes, ce qui ne simplifie pas le quotidien des éleveurs qui font pourtant des produits de très bonne qualité. Essayez une fois la production du GIE du Brouis à La Roque Esclapon et vous verrez. Dans le Var, nous produisons du boeuf, du cochon, de l’agneau, du mouton mais … qui le sait ?

Si à tout ça vous ajoutez la pression immobilière, une Chambre de Commerce qui rêve de zones Industrielles partout et toujours plus grandes, et la grande distribution dont les marges sont effarantes vous comprendrez facilement que les jeunes agriculteurs mériteraient le label « En voie de disparition ».

Malgré tout il reste un espoir. Ce n’est pas lui faire offense que de dire que le Président du Conseil Départemental Marc Giraud est un bon vivant. Dans le Var, tout le monde le sait, il se tient mieux à table qu’à cheval. Alors c’est sur ses épaules que repose l’avenir d’une agriculture de proximité et de qualité. Il faut souhaiter que la synergie qui existe entre le Conseil Département et la Chambre d’agriculture soit demain encore plus forte et plus performante. Il faut militer pour que les cantines scolaires du département fassent, encore plus, appel à nos agriculteurs pour nourrir nos bambins. Il faut que chacun d’entre nous préfère acheter fruits, légumes et viandes sur des marchés paysans.

Laurent di Gennaro

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